Aux côtés de représentantes de la société civile, la porte-parole de Québec solidaire et députée de Sherbrooke, Christine Labrie, lance un cri du cœur à la ministre Rouleau et lui demande de revoir sa réforme de l’aide sociale qui est présentement à l’étude.
« La CAQ s’est vantée de faire une réforme à coût nul, mais c’est impossible de lutter contre la pauvreté à coût nul. Les avis qu’on a reçus sont unanimes : l’extrême précarité dans laquelle vivent les prestataires d’aide sociale est un obstacle pour retourner au travail. Les prestataires sont pris dans un cercle vicieux qui les rend de plus en plus vulnérables au lieu de les aider à s’en sortir. Pour que la ministre Rouleau puisse briser ce cercle vicieux, il faut que le ministre des Finances lui en donne les moyens » lance Mme Labrie.
« Je demande à la ministre de poser deux gestes concrets dans son projet de loi : protéger les personnes à qui on reconnaît une contrainte temporaire à l’emploi, comme les femmes victimes de violences conjugales, les parents d’enfants en bas âge et les proches aidants, et élargir l’accès au programme de revenu de base. Ce programme a fait ses preuves pour sortir les gens de la précarité et les traiter plus dignement, il favorise le retour en emploi en permettant à ceux et celles qui peuvent faire un retour au travail à temps partiel de conserver leur revenu. La CAQ doit se rendre à l’évidence qu’élargir l’accès au programme de revenu de base, c’est la solution qui fait consensus pour sortir les gens de la pauvreté de manière durable », ajoute-t-elle.
L’ancienne porte-parole de Québec solidaire, Françoise David, était présente pour demander à la ministre d’humaniser la réforme de l’aide sociale. « Disposer de 937 $ par mois est déjà indigne. Mais le pire, me disent des femmes assistées sociales, ce sont les préjugés et même l’agressivité à l’égard des plus pauvres. Comme si elles l’avaient fait exprès. Il est plus que temps de redonner un véritable espoir à celles et ceux dont la détresse est trop souvent invisible ».
Monique Toutant, qui représentait l’Association pour la défense des droits sociaux du Québec métropolitain (ADDSQM), a témoigné au nom d’une prestataire de l’aide sociale : « Avec la nouvelle réforme, la contrainte reliée à l’âge va disparaître, la ministre va financer ses nouvelles mesures avec cet argent, je trouve ça très choquant. Il est difficile de se trouver un emploi rendu à 58 ans, ce n’est pas plus facile que si tu as un problème de santé. En plus, il faut de plus en plus de diplôme scolaire et d’éducation pour être embauché, ce qui est très difficile lorsque tu es prestataire et vieillissant. »
Réactions des groupes présents
« Couper l’allocation pour contraintes temporaires à l’emploi pour les parents d’enfants d’âge préscolaire, alors que des dizaines de milliers de familles n’ont pas accès à une place en garderie, est un choix difficile à justifier. En pleine pénurie de places en services de garde, ces familles se retrouvent sans aucun autre soutien financier, ce qui accentue leur précarité. Cette mesure met en péril des familles déjà vulnérables et ne tient pas compte des réalités du terrain. » – Marylin Dion, directrice générale de Ma place au travail
« C’est déjà très difficile de survivre à l’aide sociale. La décision du gouvernement de couper des allocations va avoir de graves conséquences pour des milliers de gens. Avec la réforme, aucune mesure n’est proposée pour aider les gens à sortir de la pauvreté. Comment retourner vers le marché de l’emploi, alors qu’il n’est pas possible de couvrir ses besoins de base ? » – Steve Baird, organisateur communautaire pour le Front commun des personnes assistées sociales du Québec
« Nous avons exprimé en commission parlementaire notre inquiétude de la déshumanisation des services à l’aide financière, notamment à travers le projet de décloisonnement des dossiers à l’aide sociale. Nous craignons que cette transformation de l’aide sociale en chaîne de montage force les personnes agentes à traiter plus rapidement les dossiers, limitant leur capacité à prendre connaissance de problématiques plus complexes des bénéficiaires. En matière d’aide à l’emploi, le projet de loi échoue à prendre en compte la réalité complexe de l’insertion et de la réinsertion dans le marché du travail. En somme, le PL-71 est une coquille vide » – Patrick Audy, premier vice-président SFPQ.