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Laure Waridel, pionnière du commerce équitable

Laure Waridel.*

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Dans le cadre de la série d'articles sur les grandes personnalités qui ont fait avancer la cause de la tolérance au Canada, Tolerance.ca® présente Laure Waridel, militante passionnée d'un commerce équitable et respectueux de l'écologie.« Donnez-moi un point d'appui et je soulèverai le monde » disait Archimède. Plus de deux mille ans plus tard, on imagine aisément Laure Waridel, pionnière du commerce équitable au Québec, reprendre à son compte le célèbre adage du physicien et mathématicien grec.

Engagée depuis plus de dix ans dans les causes écologiques et humanitaires, Waridel croit fermement à la philosophie des petits pas. Car s'il est illusoire de changer le monde du jour au lendemain, nous possédons, de son propre aveu, en tant que citoyens et aussi en tant que consommateurs, une influence certaine sur le cours des choses : « Il faut au départ réaliser qu'on a beaucoup plus de pouvoir qu'on est porté à le croire. Nos actions ont un impact sur les autres. Alors que l'on a tendance à voir nos choix de consommation comme individuels, ceux-ci ont au contraire une portée collective très importante », lance celle que le magazine Maclean's reconnaît comme une des 25 personnalités canadiennes qui changent déjà le monde.

 

 

 

 

 

Acheter, c'est voter


Les sources profondes de la pauvreté qui affligent toujours des populations entières de nombreux pays d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine sont sans doute multiples et complexes. Il n'en demeure pas moins que les règles régissant le commerce international désavantagent très fortement les citoyens des États du Sud, de l'avis de Waridel. Les accords de libre-échange ratifiés avec les pays riches et les politiques qui leur sont dictées par les grandes institutions comme le Fonds monétaire international (FMI) ou la Banque mondiale (BM), loin de contribuer au développement des pays du Sud, les maintiennent dans un état de sujétion.

Les pays pauvres ne peuvent pas rivaliser avec les pays riches qui, grâce à leur avantage technologique et grâce au soutien de leurs gouvernements, produisent des biens à un coût beaucoup plus faible, analyse Waridel. Par ailleurs, la Banque mondiale exerce de fortes pressions pour que les pays pauvres remboursent leur dette, ce qui les prive de ressources considérables pour soulager la misère de leurs habitants.

 

 

 

 

 

 

Le pouvoir du consommateur


Sans se proclamer révolutionnaire, Waridel fait partie de celles et de ceux qui refusent obstinément de baisser les bras devant le fossé Nord-Sud. Si les grandes instances économiques et politiques sont rébarbatives à modifier leur approche, il en revient aux simples citoyens de provoquer un changement. Bien sûr, il est essentiel de continuer de faire pression sur les gouvernements pour qu'ils prennent davantage en considération les besoins réels des pays pauvres, mais chacun de nous devrait tout d'abord faire sa part, croit-elle.

 

 

 

 

 

 
La tolérance ?
 
« Je dirais qu'elle relève de l'ouverture et de la souplesse d'esprit. Ces deux caractéristiques sont généralement liées à l'éducation que l'on a reçue et aux occasions qui nous ont été données de mieux connaître ''l'autre''. Cet ''autre'' qui, dans la société, devient le prolongement de nous-mêmes. »

Laure Waridel.

Et cela commence par porter une attention particulière aux produits que l'on achète à l'épicerie du coin ou au supermarché. En achetant des produits « certifiés équitables » identifiés par le sceau de Transfair Canada, on assure aux producteurs des pays du Sud un juste prix pour leurs produits. On contribue du coup à mettre un frein à l'exploitation dont ils sont victimes de la part des grandes entreprises agro-alimentaires.

C'est ainsi qu'acheter devient un geste politique dans l'esprit de Waridel. L'équivalent d'un vote. Acte hautement symbolique, il témoigne de notre refus de perpétuer un système injuste. En consommant des produits issus du commerce équitable, on contribue aussi à renforcer les communautés locales des pays défavorisés en les incitant à se prendre en charge de manière autonome. Car les producteurs certifiés équitables s'engageant à réinvestir une partie de leurs bénéfices dans des projets communautaires.

« Il faut acheter les denrées qu'on ne produit pas localement et provenant de gens qui ne font pas que cultiver pour l'exportation en pratiquant la monoculture. Beaucoup de pays exportent de la nourriture tout en ayant une population des plus pauvres souffrant de malnutrition. C'est un gros problème », poursuit Waridel.

 

 

 

 

 

Une enfance à la ferme familiale


Ce n'est pas d'hier que Laure Waridel se passionne pour la terre et ses fruits. Toute Québécoise qu'elle soit maintenant, c'est en Suisse qu'elle voit le jour en 1973, à Chezalles-sur-Oron, un petit village situé au nord du lac Léman, dans le canton de Vaud. Alors qu'elle est âgée de deux ans, en 1975, toute la petite famille (4 filles et un garçon) déménage ses pénates au Québec, sur une ferme laitière, à Mont-Saint-Grégoire, en Montérégie. Ce lien étroit avec la terre depuis son enfance lui permettra de prendre rapidement conscience du virage industriel de l'agriculture.

À la source, ses préoccupations sont-elles davantage écologiques ou sociales ? « J'ai du mal à placer l'une devant l'autre. Je pense que ce sont deux éléments essentiels qui doivent se complémenter. J'ai vu ce qui se passait dans les campagnes et comment les producteurs d'ici étaient vulnérables. Je voyais que mes parents travaillaient toujours. Ils subissaient le stress lié à la température, aux récoltes pas toujours bonnes, à la chute des prix et à l'endettement. »

Jeune, elle travaille aussi dans une ferme biologique locale, la ferme Cadet Roussel à Mont-Saint-Grégoire. Ferme qui deviendra, en 1996, la première avec laquelle un projet d'agriculture soutenu par la communauté sera mis en place. Des consommateurs vivant en ville sont alors jumelés avec la ferme pour se procurer des paniers de légumes biologiques. « Aujourd'hui, il y a plus de 70 fermes sur le réseau au Québec », précise Waridel.

 

 

 

 

 

 

Équiterre ou le passage à l'action


De 1990 à 1992, Waridel poursuit ses études en sciences humaines au cégep Lionel-Groulx dans le programme Ouverture à la vie internationale. Par la suite, elle obtient un baccalauréat en sociologie et en développement international à l'Université McGill. Elle complète ses études universitaires en décrochant un certificat en communication à l'Université du Québec à Montréal avant de décrocher une maîtrise en droit et environnement à l'Université de Victoria, en Colombie-Britannique (UVIC).

Dans la foulée du Sommet de la terre à Rio de Janeiro au Brésil en 1992, Waridel participe à la fondation d'Équiterre, l'organisme pour lequel elle est aujourd'hui consultante. Cet événement sera pour elle déterminant. « Ce qui m'a le plus marquée pendant mes études, c'est ce que j'ai fait en parallèle, notamment la création d'Équiterre avec des amis d'autres universités, comme Sidney Ribaux, François Meloche et Steven Guilbault, entre autres. Il s'est vraiment créé un mouvement. »

Pour l'essentiel, Équiterre fait la promotion de choix écologiques et socialement responsables. Sa plus récente campagne Changer le monde un geste à la fois témoigne bien de la philosophie de l'organisme qui est de promouvoir la révolution…au quotidien. Le but est d'inciter chaque citoyen à modifier sensiblement ses habitudes de vie pour obtenir un impact global significatif.

Quatre grands chantiers : commerce équitable, agriculture écologique, efficacité énergétique et transport écologique synthétisent la mission de l'organisme qui se préoccupe tout autant des changements climatiques, d'insécurité alimentaire, des inégalités du commerce international ou de la destruction de la biodiversité.

« Ce qu'Équiterre essaie de faire, c'est de sensibiliser les gens à l'importance de ces problématiques en les encourageant à agir car très souvent l'action populaire est une amorce aux changements politiques. Il est facile de revendiquer des choses, mais si, dans nos vies, on n'est pas prêt à faire certains efforts pour que les choses changent, l'impact est moins grand. », observe Waridel

 

 

 

 

 

 

Le café, symbole des inégalités


« Chez Équiterre, on avait chacun nos petits dadas. Moi, c'était les inégalités Nord-Sud et les questions d'alimentation », renchérit celle qui lança, au cours des années 90, la campagne Un juste café appuyée par les groupes de recherche d'intérêt public des différentes universités. Aux yeux de cette femme engagée, le café symbolise de manière frappante les inégalités engendrées par le commerce Nord-Sud. « Le café témoigne d'interrelations très étroites entre les écosystèmes. Des humains avant nous l'ont cultivé, récolté, transformé, séché, torréfié et emballé. Toutes nos actions sont en lien avec des gens d'ailleurs et des éléments de la nature. »

Ainsi, c'est bien au fait de cette interdépendance que Waridel se rend, à l'été 1996, dans les montages d'Oaxaca, au Sud du Mexique, dans une coopérative de café mise sur pied par les autochtones de l'Union de Comunidades Indigenas de la Region del Istmo ou UCIRI (l'Union des communautés autochtones de la région de l'Isthme).

Le but des autochtones de cette communauté est alors de se regrouper pour se défendre de l'exploitation dont ils sont victimes de la part des intermédiaires locaux qui monopolisent le commerce. Non seulement dépendent-ils d'eux pour la vente de leur café mais ils sont aussi à leur merci pour les emprunts d'argent et le transport des marchandises.

« Ce fut vraiment intéressant de voir les effets du commerce équitable. J'étudiais en développement international et j'étais très sceptique à l'égard des programmes de coopération en général, à propos de leur prétention à aider les pays du Sud. J'avais envie de travailler sur les causes des inégalités et je me demandais si le commerce équitable ne servait pas qu'à donner bonne conscience au consommateur. Or j'ai réalisé que, oui, ce type de commerce permettait de faire une différence. Cela m'a donné envie de mener une campagne au Québec sur le commerce équitable qui, à cette époque, n'était pas du tout connu. »

 

 

 

 

 

 

Le commerce équitable, outil d'action communautaire


« J'ai vu comment les petits producteurs s'organisaient entre eux en coopératives, comment ils pratiquaient une agriculture durable et biologique. De plus, ils ne faisaient pas que cultiver pour l'exportation, ils le faisaient aussi pour améliorer leur condition de santé en cultivant du maïs et des fèves noires. Au-delà du fait qu'ils recevaient plus d'argent pour leur café, on voyait la dignité dans leurs yeux, un lien d'appartenance à la coopérative et le sentiment qu'ils pouvaient améliorer leurs conditions de vie. Ils étaient moins vulnérables », enchaîne Waridel.

Des projets en éducation et en santé avec la redécouverte de plantes médicinales locales ont vu le jour dans la foulée de l'amélioration des conditions d'hygiène des gens de la communauté. L'état de santé de la population s'est amélioré grâce à une meilleure alimentation et un souci de prévention des maladies et infections, entre autres, avec la construction de toilettes sèches. « Ils ont aussi mis sur pied une école d'agriculture biologique qui, à cette époque, était la seule école secondaire de toute la région. »

En comparaison au circuit commercial classique, la coopérative reçoit un peu plus du double pour le café qu'elle vend. « Les producteurs mettent une partie des fonds pour des projets communautaires. L'avantage du commerce équitable va bien au-delà de la rémunération. Il contribue surtout à redonner de la dignité aux gens tout en favorisant la démocratisation de la région. Il n'y pas de vrai développement sans "empowerment", sans solutions autonomes des gens », croit Waridel qui souligne qu'il existe aujourd'hui 360 coopératives semblables dans 22 pays du monde.

Waridel rédigea un mémoire de maîtrise sur le sujet. Il fut publié en 1997, sous le titre Une cause café (une deuxième édition doit paraître à l'hiver 2005). « J'y trace la route conventionnelle du café en identifiant ses impacts négatifs sur les producteurs et l'environnement. Par la suite, je présente la route équitable à travers l'exemple de la coopérative UCIRI. »

 

 

 

 

 

 

Les 3N-J : un concept clé


En 1998 Waridel s'associe à Environnement jeunesse pour produire, avec des collaborateurs, L'enVert de l'assiette. C'est dans cet ouvrage qu'elle développe son concept clé des 3 N-J pour guider le consommateur dans ses choix alimentaires. Les 3 N-J pour nu, non loin, naturel et juste.

Le but ? Encourager les gens à acheter des produits nus, c'est-à-dire, sans emballages, en vrac, et à utiliser des contenants réutilisables; des produits non loin de préférence, donc issus du terroir pour soutenir les petits commerçants et minimiser les impacts environnementaux négatifs du transport des aliments; des produits naturels, bio idéalement, sans pesticides, OGM ou engrais chimiques ; enfin des produits justes, issus du commerce équitable pour contrer le pouvoir des grandes entreprises qui ont la main haute sur le commerce agro-alimentaire mondial. Une version considérablement augmentée de cet ouvrage est parue l'an dernier sous le titre remanié L'envers de l'assiette.

Les produits certifiés équitables sont de plus en plus présents autour de nous, poursuit Waridel. Au Québec le thé, le sucre, le cacao et le café sont les 4 denrées disponibles en ce moment. « Au début, il n'y avait que 2 points de vente de café équitable au Québec. Aujourd'hui, il y en a plus de 1 500 dans les épiceries, les supermarchés et les restaurants. »

 

 

 

 

 

 

De l'information à l'action


La croissance constante des ventes de café équitable est signe que la population épouse de façon grandissante la cause de ce type de commerce, selon Waridel. « Mais il y a encore beaucoup de gens qui se disent en faveur du commerce équitable sans acheter les produits. Le grand défi est de passer de l'information à l'action. »

Des campagnes de sensibilisation sont ainsi régulièrement lancées dans les écoles et ailleurs afin d'informer la population des enjeux et défis du commerce équitable. La plus récente « Un geste à la fois » suggère aux gens de modifier lentement leurs habitudes de consommation. « On essaie de former des gens d'un peu partout. On a aussi fait une trousse à l'intention des commerçants pour les sensibiliser et leur faciliter la tâche afin qu'ils adoptent les produits de commerce équitable. On a aussi produit une vidéocassette et on a fait des actions médiatiques pour que l'on parle du commerce équitable dans les médias de masse. »

Des organismes comme OXFAM, qui a collaboré dès le départ, Carrefour tiers-monde et plusieurs autres soutiennent la cause du commerce équitable au Québec. « Les syndicats aussi ont embarqué et des gens dans les écoles se sont approprié la cause », ajoute fièrement Waridel.

À en croire Luc Parlavechio d'Environnement jeunesse, l'optimisme de Waridel est contagieux. Consciente des défis et des iniquités du monde d'aujourd'hui, celle-ci les dénonce à en perdre la voix et refuse d'abdiquer. Mais son grand mérite est de le faire de façon humaine et pacifique. « Laure croit en l'humanité malgré ses égarements (…). Ce qui est impressionnant avec elle, c'est que derrière une fille très douce se cache quelqu'un de très déterminé. Laure dénonce calmement les injustices et je crois que cela désamorce les gens; ça les force à écouter. »

 

 

 

 

 

 

L'utopie d'aujourd'hui, la réalité de demain ?


En dépit d'une somme considérable d'efforts déployée depuis une décennie, Waridel reconnaît qu'on est encore bien loin d'un mouvement de masse. Certes, de plus en plus de gens sont conscients du bien-fondé du commerce équitable mais ce dernier représente moins de 1 % du marché dans le cas du café. Pour l'ensemble des produits, le pourcentage est encore plus faible.

Une rêveuse, Laure Waridel ? « Au départ, je rêvais que le café équitable se retrouve dans les supermarchés. C'est fait. Maintenant il faudrait que les gens en achètent davantage. Je souhaite que le commerce équitable ne soit plus une alternative mais devienne la norme et que les grandes compagnies se plient aux critères du commerce équitable. Est-ce rêver en couleurs ? J'estime qu'on doit avoir des objectifs élevés et qu'il faut y croire. »

Et si la majorité de la population ne se sent pas encore très interpellée par ces grands problèmes, il faut se souvenir que les changements de fond sont précédés de changements de mentalités. « On a un devoir "d'empowerment" entre nous, citoyens. C'est possible, quand on pense que l'abolition de l'esclavage et la redistribution des richesses ont été des utopies à un certain moment. J'aime bien la phrase de Victor Hugo qui dit : "L'utopie d'aujourd'hui est la réalité de demain" », conclut Waridel.

 

 

 



* Photo : Shootfilms.

Pour en savoir plus :

Livres de Laure Waridel

Waridel, Laure, Une cause café, Montréal, Les Intouchables, 1997.

Waridel, Laure et Sara Teitelbaum, Fair Trade: Contributing to Equitable Commerce in Holland, Belgium, Switzerland and France, Montréal, Équiterre, 1999.

Waridel, Laure, Coffee with Pleasure: Just Java and World Trade, Montréal, Black Rose Books, 2002.

Waridel, Laure, L'envers de l'assiette et quelques idées pour la remettre à l'endroit, Montréal, Écosociété, 2003.

Site Internet : www.equiterre.org


Cet article fait partie d'une série de dix articles réalisée grâce à la contribution financière de






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Appui total à vos idées
par Ernst Weche le 22 avril 2008

Madame Waridel,

J'ai une grande admiration pour vous.

Voici ma contribution aux défis environnementaux

Ernst

S.V.P
par cassandre le 2 avril 2008

Chère Laure,

Je voudrai savoir qui vous à inspiré.

Une consomatrice des produits Certifiés Équitables
par Joee'e le 23 février 2008

Bonjour! Je suis en secondaire 2, et je fais un exposé oral sur Laure Waridel. Depuis quelques mois, mes parents achètent les produits Certifiés Équitable. Ça faisait longtemps que je voulais qu'ils consomment ces produits, et maintenant, je suis vraiment contente. Laure Waridel est une personne que j'admire profondément. Cet article me l'a fait connaître davantage et m'a donné plus d'informations encore pour mon exposé! Merci Beacoup!
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