Premièrement, la réalité politique des Tamils du Sri Lanka est complexe. Il serait peut-être pertinent, ici, de référer à l'article que j'ai signé sur le sujet et que vous avez publié sur votre webzine.
Deuxièmement, les quelques lignes publiées dans votre carnet me laissent perplexe quant à votre compréhension du problème du mouvement des populations dues à des situations politiques qui posent des problèmes aux droits de la personne. Où se trouve le problème le plus grave à votre avis? Quant à la politique canadienne à cet égard, le Canada est un pays qui a des lois sur l'immigration et qui surtout a UNE CHARTE DES DROITS. Cela est suffisant à mon point de vue et les tribunaux devraient pouvoir se charger des questions litigieuse, quand il y en a. La position de la droite canadienne sur la question des réfugiés sri lankais qui viennent d'arriver, qu'à ma grande déception je reconnais dans vos quelques lignes, est prête à se servir du moindre prétexte vous le savez bien pour limiter nos lois et notre charte. Il ne faut pas oublier qu'en essayant de mettre des cadenas (lockers) partout, on en arrivera à un point où on ne pourra plus entrer chez-soi. C'est une illusion de croire qu'en restreignant nos lois nous n'en serons que mieux servis au plan des droits de la personne au Canada, même s'il est vrai qu'il y a un bon bout de chemin à faire avant qu'il ne reste plus rien - ce qui ne veut pas dire qu'on ne puisse pas en venir à bout en les érodant petit à petit. Un problème classique.
Pour en revenir aux réfugiés, tant qu'on ne saura pas ce qui s'est passé au cours de la guerre civile sri lankaise, tant que le Sri Lanka considéré comme une autocratie refusera une commission d'enquête indépendante de l'ONU pour déterminer ce qui s'est passé, nous avons le devoir en tant que Canadiens soucieux des droits et des libertés individuelles de faire preuve de prudence dans notre jugement, d'ouverture et de compassion.
Troisièmement, pourquoi intervenir sur les commentaires en essayant de donner l'heure juste à tout le monde? Il me semble qu'une tribune doit encourager l'opinion et je vous en suis reconnaissant de nous donner cette opportunité. Ceci dit, je reconnais également que celui qui vous répond (qui ne s'identifie pas, c'est son droit pour des raisons qui peut-être sont justifiées car vous n'êtes pas sans savoir qu'il y encore des gens qui sont persécutés pour avoir exprimé leur opinion), que cette personne qui vous donne assez bien la réplique n'y va pas avec le dos de la cueillère mais n'avez-vous pas vous-même suscité ce que méritent vos quelques lignes sur la situation des réfugiés sri lankais? Surtout pour ceux qui sont concernés? Et cela vous étonne-t-il donc à ce point?
Enfin, croyez-vous que votre passé de réfugié représente le modèle du genre? Qu'il n'y a personne qui puisse jamais avoir été aussi éprouvé que l'avez été? Y a-t-il des caractères de réfugiés plus nobles que ceux des Sri lankais ou d'autres? Que voulez-vous dire au juste en vous donnant comme un exemple de bon réfugié?
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Réponse de Victor Teboul -
Cher ami,
1. Je ne me suis jamais qualifié de «bon» réfugié. Relisez attentivement mon texte.
2. Ce que j'ai voulu signaler - et plusieurs journalistes ont fini par le faire également - (vous trouverez les liens à ces articles plus bas), c'est que le pouvoir de l'argent et des réseaux influents permettent à ceux qui les possèdent d'abuser de la sensibilité des «âmes sensibles», ce qu'on appelle en anglais ''les bleeding hearts'', qui sont bien plus nombreux au Canada qu'ailleurs.
3. Pendant que ces «réfugiés» priviligiés réussissent à mobiliser les médias et les politiciens (et à paralyser les services de fonctionnaires des ministères concernés), des milliers d'autres réfugiés - et d'immigrants - comme les Haïtiens, par exemple, attendent patiemment leur tour et seront obligés, eux, de voir leurs demandes retardées par ces réfugiés beaucoup plus priviligés qu'eux. Un responsable a déjà déclaré que les services canadiens examinent 500 demandes par année - on peut imaginer ce que 500 réfugiés, arrivés en un seul jour, représentent, -a déclaré ce même fonctionnaire.
4. Résider dans un pays et sympathiser avec ces habitants ne vous informe pas nécessairement sur les retards que d'autres demandeurs d'asile subissent ni sur les abuseurs qui y résident.
5. Se doter de Chartes et de lois ne nous rend pas à l'abri des abus, bien au contraire, comme certains réfugiés finnisent par le comprendre.
6. Être doté de lois et de chartes, c'est bien; mais être doté de discernement et de sens critique, c'est mieux.
7. Reléguer ceux qui exercent leur sens critique au camp de la droite- voilà une manière de clore un débat !
8. Ajoutons enfin, comme nous l'avons signalé sur Tolerance.ca, que 70 % des réfugiés tamouls retournent chez eux une fois admis au Canada...Voir : http://www.tolerance.ca/Article.aspx?ID=94803&L=fr
9. Voici quelques articles qui osent enfin critiquer les «réfugiés» :
http://martineau.blogue.canoe.ca/2010/08/23/le_droit_de_se_questionner
http://www.torontosun.com/comment/columnists/2010/08/20/15091486.html
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