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Accommodements raisonnables : le débat a-t-il été mal mené?

par , collaboratrice, engagée dans le cadre de nombreux projets d'étudiants de Tolerance.ca
C’est ce que pense Jack Jedwab, qui a commandé une enquête de Léger Marketing sur l’état des relations interculturelles au Canada, qui démontre que les Québécois entretiennent davantage de préjugés que les habitants des autres provinces à l’égard de la communauté juive.

Les résultats de l’enquête, qui a été réalisée pour le compte de l’Association des études canadiennes, s’appuient sur un sondage téléphonique effectué entre le 6 et le 11 février 2008 auprès de 1501 Canadiens, et plus précisément de 513 Québécois.

On apprend entre autres que seulement 28% des habitants de la province ont été en contact avec des membres de la communauté juive au cours du mois de janvier, comparativement à un répondant sur deux dans les autres provinces du pays. De plus, alors que 74% de leurs citoyens s’accordent pour dire que « les Juifs ont fait une contribution importante à la société », ce ne sont que 41% des Québécois qui sont en accord avec cette affirmation. Les réponses divergent tout autant lorsqu’on demande à la population si elle pense que les membres de la communauté juive désirent participer à la société. Au Québec, seulement 34% des questionnés croient que oui, alors qu’ils sont 72% au Canada à penser de la même façon.

C’est toutefois la question concernant la volonté des « Juifs d’imposer leurs coutumes et leurs traditions aux autres » qui attire le plus l’attention. 41% des Québécois pensent que c’est effectivement le cas, alors que seulement 11% des autres Canadiens qui le croient. « En termes d’actes antisémites commis, ce n’est ni mieux ni pire au Québec qu’ailleurs; mais dans l’attitude, c’est pire, et je l’attribue au débat sur les accommodements raisonnables et à la commission Bouchard-Taylor qui ont permis aux gens d’exprimer des sentiments négatifs à l’égard de certaines minorités sans subir de conséquences », avance M. Jedwab en regard des résultats de l’enquête. En précisant que les communautés musulmanes et sikhes n’ont pas été épargnées dans le processus, il se dit persuadé que « le débat a été mal mené ».

Rachad Antonius, professeur de sociologie à l’Université du Québec à Montréal, croit aussi que le débat sur les accommodements raisonnables et la commission qui en a découlé ont accentué les préjugés des Québécois. « Le racisme naît toujours de la généralisation », a affirmé ce dernier.

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Toutefois, cet avis n’est pas partagé. Coordonnateur des études juives canadiennes à l’Université d’Ottawa, Pierre Anctil pense plutôt que c’est le manque de contacts entre les Québécois et la communauté juive qui explique les résultats de l’enquête. « Il y a un manque de contact et quand il y a contact, c’est avec une communauté très visible. Sinon, les Québécois francophones n’ont pas les clés pour faire la distinction entre les Juifs et les anglophones », a affirmé ce dernier. À cet égard, il a souligné que les habitants de la province ont tendance à ignorer que 20% de la population juive québécoise est francophone, et que les ultra-orthodoxes ne forment que 12% de la grande communauté juive.

Soulignons que l’Association des études canadiennes publiera aussi sous peu quatre autres volets de son étude à propos des relations interculturelles au Canada.


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