Il est clair ici que l'intention du Grand Rabbin Bernheim est noble. Elle se veut pacifiante.
Elle reproduit cependant, une fois de plus, l'ambiguité des responsables de toutes les religions monothéistes, notamment de ceux qui veulent sincèrement un dialogue pacifiant entre les religions : il y aurait un devoir de donner à toutes les religions les mêmes droits et les mêmes moyens de pratiquer, QUOI QUE FASSE la religion concernée.
Ce pseudo-principe de bon sens et d'équité est partagé par bon nombre de non-croyants également bien intentionnés. Il est et reste aussi, hélas, celui des États, notamment celui de la France et des autres pays européens. Il conduit pourtant à une impasse.
Il me semble que le vrai problème, dans les pays de droit, de démocratie, d'égalité et de laïcité est devenu maintenant celui des PRÉALABLES à exiger de TOUTES les religions, par l'État laïque, pour que leur soient accordés les droits et autorisés les moyens de pratiquer.
Si cette nécessité n'est pas examinée c'est que les institutions de toutes les religions monothéistes refusent obstinément d'affronter le véritable problème qui leur est posé, et qui est posé au monde, actuellement comme depuis 3000 ans, par TOUTES les religions : des maltraitances et des violences épouvantables étant commises au nom de Dieu, quelles sont les causes réelles qui conduisent des croyants à les commettre ?
Il est selon moi devenu clair que ces causes sont dans l'existence et le maintien, au sein de TOUTES les religions monothéistes, de la conception violente de Dieu. Plus exactement, de la conception DUALE de Dieu : il "veut" (ou "a voulu") à la fois le meilleur ET LE PIRE (jusqu'à des massacres de populations entières "puisque c'est écrit dans les textes sacrés"). Il est devenu manifeste que cette conception est criminogène, que c'est elle qui engendre les croyants schizophrènes, dont ceux qui passent à l'acte violent prétendument "voulu par Dieu".
Le vrai devoir de TOUTES les religions monothéistes est de réfléchir enfin, chacune d'abord en son sein, sur les enseignements par lesquels elles maintiennent la conception criminogène de Dieu. Elles doivent évidemment DÉTRUIRE cette conception, cesser de la transmettre aux générations futures.
Il me semble qu'il n'y aura pas de possibilité de paix durable tant que les religions n'auront pas procédé, chacune séparément puis toutes ensemble, à cette radicale réforme.
Pierre Régnier
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