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Pierre Nora : « Foucault tel que je l’ai connu »

par
Professeur, Faculté de droit, Université Laval, Québec, membre de Tolerance.ca®

Examinons, de façon critique, ce que l’éditeur et l’historien Pierre Nora nous raconte sur Michel Foucault (1926-1984) dans son ouvrage d’ego-histoire « Une étrange obstination » (1). Dans le chapitre intitulé « Foucault tel que je l’ai connu » (2), Pierre Nora nous offre, au sujet de Michel Foucault, un profil intellectuel, un portrait distancié et critique. Jamais Pierre Nora n’a-t-il adopté la pensée foucaldienne et, surtout, jamais n’a-t-il succombé à la séduction intellectuelle que Foucault exerçait sur son entourage et ses rencontres. Il en découle une image très nuancée et mesurée de Michel Foucault, de son sacerdoce parisien, de son rôle intellectuel, de ses écrits et de ses échecs, mais également une présentation clairement en opposition aux images hagiographiques (et idéographiques) présentement en vogue.

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Toutes ces raisons qui nous incitent à soumettre les mémoires de Pierre Nora sur Michel Foucault à notre réflexion. Cela nous permet autant d’utiliser ses propos comme tremplin pour nos propres réflexions philosophiques sur le cas Foucault.

De l’autoportrait à l’ego-histoire

Mais qui est donc Pierre Nora ? Pierre Nora, né en 1931 et aujourd’hui à la retraite, a été l’éditeur de Michel Foucault chez Gallimard à partir de 1965. Il a fréquenté Michel Foucault comme ami (et plus tard comme collaborateur), étant son interlocuteur intellectuel et un acteur dans les mêmes milieux intellectuels parisiens que lui.

« Une étrange obstination » est le deuxième ouvrage d’ego-histoire (car il récuse la dénomination « mémoires ») de Pierre Nora, après « Jeunesse » (2021) (3). Un livre entièrement consacré à ses années dans la maison d’édition Gallimard (1965-2022). Pierre Nora a été un acteur majeur dans la vie intellectuelle parisienne par sa position d’ « éditeur », responsable de l’édition de deux collections de livres en sciences humaines et en histoire, et comme rédacteur de la revue Le Débat (1980-2020). En plus de ses responsabilités chez Gallimard, il a également été directeur de recherche à l’École des hautes études en sciences sociales, rédacteur de plusieurs collections de livres qui ont fortement marqué et influencé la vie intellectuelle en France (et ailleurs), ainsi qu’un membre éminent (et influent) de l’Académie française où il a été en élu 2001.

Une carrière amplement réussie pour un homme qui avait débuté sa vie en accumulant les échecs les uns après les autres. Un cheminement qu’il résume lui-même ainsi : « cinquante-sept ans de Gallimard et trente-cinq ans d’enseignement supérieur et de recherche, plus de mille livres édités, sept volumes des Lieux de mémoire (4), quarante ans à la tête du Débat » (5). « J’ai passé quarante ans dans l’enseignement, à Oran [Algérie], à Science Po, aux Hautes Études. (…) Encore n’était-ce pas la voie normale de l’université, mais la voie parallèle, Science Po et l’École des hautes études, spécialisée dans la recherche. Dans ces deux institutions, je me suis senti le mouton à cinq pattes, l’embrigadé du hasard, celui qui « n’en était pas vraiment »; et après « l’homme sans opinion », « l’homme d’à côté ». (6)

Le lieu intellectuel (et stratégique) de Pierre Nora n’était clairement ni la recherche en histoire ni l’enseignement de l’histoire ; c’était l’édition, c’était sa position d’éditeur, de directeur de collection, qui lui permettait de se hisser au premier rang. Pour les intellectuels « publier ou périr », c’est du sérieux, c’est une question d’obscurité ou de célébrité, de non-signifiance ou de notoriété. Et s’il faut « publier pour exister », le mieux, le top, c’est de le faire dans une maison d’édition de qualité et de renommée comme Gallimard. Cela signifiait qu’il fallait, pendant 57 ans, passer devant Pierre Nora, pour être publié, pour recevoir son « oui » ou son « non », et se voir assigner des demandes de réécritures, des remaniements, des coupures et des ajouts.

C'est ainsi qu'on parvient à Michel Foucault, qui souhaitait être publié par Gallimard et qui était accueilli avec enthousiasme par Pierre Nora, un enthousiasme d’abord mêlé de fascination, puis de réserve critique.

« Je suis entré en Foucaldie »

En 1965, le nom de Michel Foucault était déjà, intellectuellement, un royaume ! Qui n’avait qu’un roi ! Le pays se nomma Foucaldie, et le monarque régnant était l’individu Michel Foucault le premier. Comme Pierre Nora s’en souvient :

« Je suis entré en Foucaldie par l’Histoire de la folie à l’âge classique, que j’ai lu à sa parution en 1961 chez Plon, dans la collection « Civilisations d’hier et d’aujourd’hui » que dirigeait Philippe Ariès (…). » (7)

« Foucault avait été déjà révélé au grand public, trois ans plus tôt, par la publication de sa thèse « Folie et déraison » [titre originaire de « l’Histoire de la folie à l’âge classique], parue chez Plon dans une collection sur les « mentalités » dirigée par Philippe Ariès, titre que je réussirai plus tard à récupérer. C’est cependant avec Les Mots et les Choses qu’il a « explosé ». Le début de son magistère intellectuel date de là. Il a remplacé Sartre au firmament philosophico-littéraire. » (8)

Michel Foucault, c’était clairement un auteur à récupérer au profit de Gallimard. Le premier livre de Michel Foucault qu’a édité Pierre Nora fut « Les Mots et les Choses. Une archéologie des sciences humaines » (9) en 1966. Ont suivi « L'Archéologie du savoir » en 1969 (10), et la réédition, dite de la deuxième édition, de « l’Histoire de la folie à l’âge classique » (11), qu’évoque Pierre Nora, en 1971. Des best-sellers qui ont rapporté beaucoup d’argent à Gallimard, mais qui, surtout, ont propulsé le nom de Michel Foucault au firmament de l’intelligentsia parisienne. Des livres qui ont servi à le faire élire, avec un ferme et large soutien du milieu intellectuel parisien, à une chaire d’enseignement au Collège de France en décembre 1970. Avec la leçon inaugurale au Collège de France intitulée L'Ordre du discours (12), le quatuor des livres mentionnés témoignait de l’adhésion de Michel Foucault au courant structuraliste, de même que de la façon dont il reconstruisait, étape par étape, sa propre version idéologique poststructuraliste. Pierre Nora était, ad verso, loin d’adhérer à cette idéologie, qui à cette époque s’imposait, à la fois omniprésente et omnipuissante, comme le nec plus ultra (i.e. la quintessence) de parisianisme intellectualiste.

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Les livres de Michel Foucault donnaient énormément de prestige au catalogue de livres de Gallimard, où s’exprimait, comme l’explique Pierre Nora, l’objectif de ne pas être uniquement le premier en littérature, mais de l’être également en sciences sociales, en sciences humaines (vu le marché commercial immense qui s’ouvrait pour de tels livres avec l’avènement de l’université de masse dès les années 1970). Devenir l’éditeur de Michel Foucault signifiait pour Pierre Nora le fréquenter, travailler avec lui, faire sa promotion et collaborer avec lui pendant tous les stades de la production de ses livres. Et ils sont devenus des amis ! Des amis qui se fréquentaient en privé et en public, qui s’invitaient réciproquement à des événements, des réunions, des rencontres. Une amitié toujours sur le fil de la rupture, comme en témoignera la création de la revue Le Débat en 1980, que Foucault interprétait, de façon erronée, comme un coup fourré contre lui, ses idées, et ses livres.

Nonobstant le fait que leurs mentalités (mot rattaché à l’œuvre de Pierre Nora) étaient bien différentes, à peu près antagoniques (discordantes), Pierre Nora et Michel Foucault finissaient toujours par trouver un moment pour se réconcilier. Ils étaient encore en bons termes au moment de la mort de Foucault en 1984. En bons termes, mais critiques l’un à l’égard de l’autre.

Une critique de l’antipsychiatrie de Michel Foucault

Un des lieux de discorde entre Pierre Nora et Michel Foucault était l’antipsychiatrie et les justifications idéohistoriques que Foucault fabriquait en faveur de cette idéologie. Pierre Nora n’adhérait pas à cette idéologie, qui a vu son apogée dans les années de 1945 à 1985, et à laquelle Foucault était devenu le plus ardent exposant en France, sinon en Europe.

L’idéologie antipsychiatrique est un pur produit de l’alliance entre la contre-culture américaine et le progressisme réactionnaire cultivé dans les universités d’élite aux États-Unis à partir de 1945. On oublie souvent que la secte de la « scientologie » (1953) est un pur produit de l'antipsychiatrie. La liste des auteurs antipsychiatriques va de David Graham Cooper, Ronald D. Laing, Thomas Szasz, etc., et ils ont tous martelé le message (faux) que ce n’est pas le malade qui est malade, mais la société qui est (supposément) malade, et, en conséquence, que la maladie mentale n’est qu’uniquement un symptôme, une conséquence de celle-ci. Une fausseté de l’époque qui perdure également aujourd’hui. En parlant du livre Histoire de la folie à l’âge classique (1972), Pierre Nora associe l’idéologie antipsychiatrique de Foucault à la tradition spéculative :

« Ce qui m’avait séduit dans ce livre, au-delà du style qui vous emportait, au-delà du sujet qui vous emportait aussi par son pathétique, au milieu des lépreux, des furieux, des criminels, des insensés, c’était la manière de traiter historiquement un problème qui relevait de la philosophie. Ce mélange renouvelait d’un coup l’histoire traditionnelle des idées, une histoire intellectuelle historiquement incarnée.

La thèse elle-même du « grand renfermement » ne me paraissait pas trop convaincante, je n’y avais pas vu le geste inaugural de l’exclusion qui devait marquer toute l’œuvre de Foucault, mais je sentais bien dans ce livre la projection d’un enfermement existentiel, la sublimation d’un sentiment personnel, une intensité tragique. Cet engagement vital de l’auteur dans son sujet était pour moi ce qui faisait le grand historien ; et dans son cas, une nouvelle manière de faire de l’histoire. » (13)

Si donc Pierre Nora rend hommage au livre (ce qui est normal pour son éditeur), de même qu’il atteste que tout ce que Michel Foucault raconte n’est pas faux, il affirme néanmoins que la thèse centrale est fausse, la thèse idéologique (l’hyperbole) du « grand renfermement ». Il n’adosse en rien l’idée du « grand renfermement » et le message idéologique suggérant que l’avènement du traitement scientifique des maladies mentales n’était qu’un moment historique où s’installait, de façon « anonyme », le contrôle sur le corps humain, sur le malade autant que sur le non-malade. Un tel événement, le « grand renfermement », n’a jamais eu lieu, et, comme le formule ironiquement (malicieusement) Pierre Nora, dans la citation donnée, c’est une idée qui se sert de l’histoire pour appuyer une idée philosophique, c’est une idée philosophique qui est traitée historiquement. Dit autrement, c’est une idée qui introduit une hyperbole philosophique qui n’a pas de fondement empirique dans l’histoire.

La conclusion logique, selon Pierre Nora, sera en conséquence que Foucault s’égare, s’égare parce qu’il ne respecte pas l’histoire, le côté factuel de la chose, à savoir qu’il, en bon poststructuraliste, prend les mots (à lui) pour les choses, prend les discours pour une copie de la réalité, une réalité historique qui n’existait pas !

La critique de Marcel Gauchet et Gladys Swain contre Foucault

Pierre Nora ne cache pas sa grande amitié avec Marcel Gauchet (également collaborateur chez Gallimard) et le fait qu’il partage largement les mêmes idées que lui. Il y a de la sorte des raisons de considérer que Pierre Nora souscrit à la contre-enquête minutieuse, factuelle, méthodique, historique, que Marcel Gauchet a effectuée en collaboration avec Gladys Swain (psychiatre), sur (et contre) l’idée du « grand renfermement ».

Dans une série de livres contre l’hyperbole du « grand renfermement (14), Marcel Gauchet et Gladys Swain critiquent avec fermeté Foucault pour avoir négligé le sens du discours psychiatrique de l’époque. Ils le critiquent pour n’avoir fait d’autre chose qu’une surinterprétation idéologique pour introduire l’idée du « grand enfermement », et ceci pour mieux déployer, avec la maestria littéraire qui lui caractérise, l’idée que cette idée s’était « faite chair », comme fait historique (par l’interprétation généalogique). Conséquence ? Établissement de l’idée, fausse, dans laquelle le « grand enfermement » des aliénés représentait la psychiatrisation des déviants politiques et sociaux, et que le traitement hospitalier (asilaire) visait sournoisement à inculquer des valeurs bourgeoises. Ce qui suppose logiquement l’existence d’une instance, un dispositif, de « volonté idéologique » surplombant et imposant une idéologie (une hyperbole) sur la pratique psychiatrique (et sur la « société »), impossible à vérifier. Une idée surtout facile, que l’avènement de la science psychiatrique moderne ne prouve pas.

À l’opposé donc de Foucault, Gauchet et Swain soulignent que la psychiatrie française de la fin du XVIIIe, et du début du XIXe siècle, était bâtie sur des intentions libérales et humanitaires chez les « aliénistes », et que l’exercice psychiatrique – assurément un pouvoir – se faisait pour le bienfait des patients. Loin donc des idées complotistes de Foucault, Gauchet et Swain ne voient apparaître, à cette époque, qu’un optimisme thérapeutique, un optimisme, encore présent aujourd’hui, qui se structure sur l’image de la guérison, inculquant l’enseignement qu’une maladie mentale n’est pas une fatalité, que nous ne devons nullement exclure les malades mentaux ni de notre système de santé ni de la société. La naissance de l’exercice psychiatrique, c'est en ce sens le début d’un humanisme renouvelé, c’est la pratique psychiatrique d’aujourd’hui, toujours objet de l’amélioration selon des préceptes scientifiques. Les analyses de Marcel Gauchet et Gladys Swain ont complètement détruit les constructions idéologiques (hyperboliques) de Michel Foucault.

L’écriture comme un moment de séduction

Pierre Nora souligne que Michel Foucault était un séducteur. Pas uniquement dans sa vie privée, ou dans sa façon de fréquenter des gens, mais notamment dans sa façon d’enseigner, de s’exprimer, d’écrire. Foucault séduit par un discours qui capte l’esprit, qui emballe le lecteur, par un discours qui produisait des followers (des acolytes).

Concernant l’hyperbole du « grand renfermement », c’est Michel Foucault qui a gagné idéologiquement (à l’exception des historiens experts dans la matière) contre Gauchet et Swain, c’est lui qui a obtenu la sympathie des intellectuels (et ceux qui veulent l'être), c’est encore lui qui a gagné de façon conjecturale et qui a réussi à faire croire (contre la raison) que ce « grand renfermement » c’était un (soi-disant) fait historique. Pourquoi ? Parce que Foucault écrit, répétons-le, d’une façon merveilleuse, éblouissante, magique. Et parce que nous voulons croire ! Parce que nous voulons que cela soit « vrai ». Ce que Michel Foucault exploite comme si c’était vrai (sic !) :

« Il n'y a de folie que comme instant dernier de l'œuvre - celle-ci la repousse indéfiniment à ses confins ; là où il y a œuvre, il n'y a pas folie; et pourtant la folie est contemporaine de l'œuvre, puisqu'elle inaugure le temps de sa vérité. L'instant où, ensemble, naissent et s'accomplissent l'œuvre et la folie, c'est le début du temps où le monde se trouve assigné par cette œuvre, et responsable de ce qu'il est devant elle.

Ruse et nouveau triomphe de la folie : ce monde qui croit la mesurer, la justifier par la psychologie, c'est devant elle qu'il doit se justifier, puisque dans son effort et ses débats, il se mesure à la démesure d'œuvres comme celle de Nietzsche, de Van Gogh, d'Artaud. Et rien en lui, surtout pas ce qu'il peut connaître de la folie, ne l'assure que ces œuvres de folie le justifient. » (15)

Foucault, c’est poétique (avec une tonalité assurément nietzschéenne), c’est écrit avec style, avec des propos qui séduisent (mais déconnectés de la pensée). Le problème, pourtant, c’est que l’antipsychiatrie n’a, hélas, jamais guéri aucun malade mental sur la terre. Pire, le succès idéologique que provoquerait l’assaut antipsychiatrique a provoqué la fermeture des hôpitaux psychiatriques, des asiles, dès les années 1970, 1980, jetant massivement les malades mentaux sur le pavé. Ils les ont jetés dehors comme des bons à rien, les ont réduits en « sans domicile fixe » (SDF), en itinérants prêts à crever dans l’indifférence.

Le succès de l’idée de Foucault du « grand renfermement » (et de l’idéologie antipsychiatrique en général), se révèle pourtant surtout dans le succès de l’idée de l’existence d’un dispositif idéologique que Foucault nomme « biopouvoir ». Le biopouvoir, c’est selon Foucault un dispositif idéologique, une idée hyperbolique, qui suggère (sans jamais le prouver) que nous sommes aujourd’hui tous embrigadés dans un « grand renfermement » de biopouvoir qui nous endoctrine, nous manipule et nous opprime (16). Pire, ce dispositif idéologique est aujourd’hui plus sournois, intrusif, omnipuissant que jamais. L’hyperbole permet en fait de croire et de faire croire discursivement, et tant pis pour la raison. Ce qui laisse à Foucault sûrement la gloire d’avoir gagné (poétiquement) contre Gauchet et Swain, mais qui laisse à Pierre Nora le regret.

L’indifférence à l’égard de la vérité

Pierre Nora critique en conséquence l’absurdité, l’irresponsabilité que témoigne Michel Foucault à l’égard du critère de « vérité ». Être indifférent à la vérité, c’est un fléau aujourd’hui, surtout chez les intellectuels. C’est le ressort, le terreau fertile, pour des fake news (infox), de la nescience, de la manipulation, de l’alternativisme, et d’autres préceptes pour acquérir pouvoir, influence, privilèges (« droits »), et pour mettre en échec toute pensée rationnelle et logique. Cela même si plus que jamais, nous avons besoin de la conception de vérité comme boussole pour les affaires humaines. Comme Pierre Nora l’atteste contre Michel Foucault :

« En dépit de ma fascination pour lui et de sa part, d’une amitié – que je crois vraie -, quelque chose me séparait de lui, plus que ses opinions politiques ou sa vie personnelle. Quelque chose que je n’arrive pas à appeler autrement que son indifférence à la vérité. […] Chez ce grand philosophe, ce n’est pas la vérité qui compte, c’est l’effet. Foucault est un homme à effet, mais quel effet ? En quelque sorte, d’une manière hautement intellectualisée, il annonçait et préparait le régime de la post-vérité. » (17)

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Il a raison. Pierre Nora met le doigt sur la plaie. Michel Foucault n’avait pas une conception saine du critère de vérité, il ne croyait pas que l’exigence de la vérité pouvait jouer un rôle clé dans les interactions humaines. Foucault, en s’engageant sur la voie nietzschéenne du soupçon, concevait uniquement l’exigence de vérité comme étant en position hors société (à savoir en vertu individuelle), en position idéologique et morale (contre-morale). Le résultat se révèle catastrophique. Que Pierre Nora ait donc raison de sa critique et de sa prise de distance se vérifie si nous nous penchons sur l’une des assertions clés de Foucault :

« L'analyse historique de ce grand vouloir-savoir qui parcourt l'humanité faite donc apparaître à la fois qu'il n'y a pas de connaissance qui ne repose sur l'injustice (qu'il n'y a donc pas, dans la connaissance même, un droit à la vérité ou un fondement du vrai) et que l'instinct de connaissance est mauvais (qu'il y a en lui quelque chose de meurtrier, et qu’il ne veut rien pour le bonheur des hommes). » (18)

Non, Foucault se leurre ! C’est de nietzschéisme pareil aux bulles de savon, des affirmations poétiques et lyriques, des hyperboles qui flottent dans l’air. Affirmer « qu'il n'y a pas de connaissance qui ne repose que sur l'injustice » vide l’exigence de connaissance de tout sens, et de même émascule l’exigence de la vérité de ses supports, ancrages, rationnels, surtout scientifiques et logiques. Affirmer « que l'instinct de connaissance est mauvais » n’a pas de sens non plus. Affirmer que l’exigence de vérité relève de « quelque chose de meurtrier » est carrément stupide. C’est de la poésie quasi philosophique, de la littérature, et surtout ce sont des hyperboles idéologiques, des figures de style qui cherchent à produire une forte impression, une émotion, chez un lecteur.

Surtout ! De telles assertions séduisent. Un foucaldien adhère parce que cela sonne radical, progressiste, pluraliste, rebelle, etc., même si cela incite à arrêter, à refuser de penser (Comme ce que Hannah Arendt observe dans le cas d’Adolf Eichmann) (19). Il adhère parce qu’il croit chevaucher le « mouvement de l’Histoire » dont Foucault est supposé incarné. Les vannes s’ouvrent fatalement pour l’antiscience, pour les théories du complot et pour la tendance malheureuse qui postule que les faits ne valent rien comparée avec la séduction, l’emballement, l’émotivité, qui se produisent quand, supposément, le mouvement de l’Histoire se révèle être (sic !) le mouvement du temps.

Le « perspectivisme » (à la façon de Nietzsche)

Prends un pas de recul ! Si Pierre Nora, en 1964, rappelons-le, accueillait Michel Foucault avec enthousiasme, il déchante ensuite quand il découvre la non-scientificité viscérale de ses livres d’histoire. L’indifférence et le désintéressement, à l’égard de la vérité chez Michel Foucault, ont simplement tout pour éloigner Pierre Nora, car le critère de vérité est clairement primordial pour un historien. Si ce qui est présenté comme histoire est faux, ce n’est simplement pas de l’histoire, et surtout pas une histoire dont un historien intègre souhaite défendre.

Pour Michel Foucault, par contre, le critère de vérité est obsolète. Dans son article archicélèbre, « Nietzsche, la généalogie, l’histoire » (1971), Michel Foucault, plaident pour une nouvelle « historiologie », qu’il dénomme « la généalogie » et qu’il présente ainsi :

« De toute façon, il s’agit de faire de l’histoire un usage qui l’affranchisse à jamais du modèle, à la fois métaphysique et anthropologique, de la mémoire. Il s’agit de faire de l’histoire une contre-mémoire – et d’y déployer, par conséquent, une tout autre forme du temps. / Usage parodique et bouffon, d’abord. (…) La généalogie, c’est l’histoire comme carnaval concerté. (…) Autre usage de l’histoire : la dissociation systématique de notre identité. » (20)

Facile à comprendre que Pierre Nora ne sera pas d’accord. Une histoire écrite pour faire de la bouffonnerie, du carnaval ou du charivari idéosophique n’a pas de valeur, elle ne sert qu’à faire plus de bouffonnerie, plus de cirque. On observe la référence explicite que Michel Foucault donne ici en rigolant concernant une histoire construite sur le paradigme « de la mémoire ». Le chef-d’œuvre mentionné de Pierre Nora, c’était pourtant le projet Les lieux de mémoire (21), un projet magnifique qui utilise les artefacts culturels pour situer le discours sur l’histoire.

Prenons maintenant un pas en avant. Car si Pierre Nora a amplement raison de se dissocier des élucubrations douteuses de Michel Foucault concernant la façon d’écrire l’histoire, les propos de Foucault s’expliquent si nous les comprenons comme célébrant un « perspectivisme » (à la façon de Nietzsche). Pour Friedrich Nietzsche, l’histoire (de même que la philosophie, la sociologie, l’anthropologie, etc.) se comprend par le « perspectivisme », par les besoins vitaux de l'être (biologique) qui connaît déjà (sic !) ce qu’il souhaite connaître. Et Nietzsche nous avertit que :

« (…), gardons-nous des tentacules de concepts contradictoires tels que « raison pure », « spiritualité absolue », « connaissance en soi » : on y exige toujours de penser un œil qui ne peut pas être pensé du tout, un œil qui ne doit avoir absolument aucune direction, dans lequel les forces actives et interprétatives grâce auxquelles seules le voir devient un voir quelque chose doivent être entravé, faire défaut, on y exige donc toujours un contresens et un monstre conceptuel d’œil. Il n’y a qu’un voir en perspective, qu’un « connaitre » en perspective : plus nous laissons d’affects prendre la parole au sujet d’une chose, plus nous savons nous donner d’yeux, d’yeux différents pour cette même chose, et plus notre « concept » de cette chose, notre « objectivité » seront complets.» (22)

Connaître se réduit ici à avoir un point de vue! Ce qu’est faux, car s’efface la différence entre avoir une opinion, croire, etc., et l’exigence de rationalité par la mobilisation de science et de la logique. Pire, l’emploi du mot « notre objectivité » vise la perspective à partir de la « vie », à savoir de l’existence biologique de chaque être humain. Tous les observateurs sont simplement (supposé être) limités aux perspectives mises à leur disposition par le fait d’être, par « vie », celui qu’il est. Si donc une forme de perspectivisme (présenté donc en faux comme « objectivité ») est acceptable, une autre doit l’être également. Il s’agit d’un rejet fatal de toute exigence de vérité et d'objectivité, car tout perspectivisme de la « vie » dépend de l’a priori (nécessairement plombé) qu’accepte et opérationnalise le perspectivisme adopté.

Appuyons que tout « perspectivisme » devienne rapidement imbattable, puisqu’il est immunisé contre toute argumentation, contre tout raisonnement contraire; il ne peut servir qu’à écraser l’infâme, à savoir anéantir celui qui ose s’opposer, critiquer ou encore penser par lui-même. Le « perspectivisme » de la « vie » devient un « dispositif idéologique » et l’adhérence à celle-ci devient une assurance (quoique sans contenu) d’œuvrer dans la bonne direction. Idéologique, le perspectivisme devient le dispositif que remplace le réel avec les idées, les imaginaires, les émotivismes, avec tout ce qui confirme que tu es celui que tu es! Perspectivisme de la « vie », c’est une forme d’aveuglement volontaire.

Excursus bouveressienne sur Foucault

Ouvrant une parenthèse bouveressienne. Faisant intervenir Jacques Bouveresse (1940-2021) (23) pour appuyer le jugement de Pierre Nora. Bouveresse demeure incontestablement le meilleur antidote contre le lyrisme foucaldien, contre le perspectivisme nietzschéen rebaptisé, chez Foucault, la volonté de dire la vérité. Car avec les mots de Jacques Bouveresse :

« Foucault dit que nous sommes assujettis à la production de la vérité par le pouvoir et que nous ne pouvons exercer le pouvoir que par l’intermédiaire de la production de la vérité. Cela semble justement un bon exemple du genre d’équivoque (...). Le pouvoir a besoin de croyances qui soient acceptées comme vraies, et il en a même peut-être, comme le pense Foucault, un besoin de plus en plus grand. Mais cela ne signifie nullement qu’il ait besoin de vérités ou de la vérité en général. Et bien entendu, avoir besoin de la distinction entre le vrai et le faux n’est pas du tout la même chose qu’avoir besoin de la vérité. On peut même penser que le pouvoir a un besoin bien plus grand de l’erreur et du mensonge que de la vérité, et que ce sont plutôt, de façon générale, les contre-pouvoirs qui ont besoin de faire connaître des vérités que le pouvoir dissimule ou rejette. Autrement dit, Foucault a sûrement plus besoin de la vérité que les adversaires qu’il combat, et c’est justement ce qui rend finalement assez paradoxale sa volonté de faire apparaître la vérité elle-même comme liée intrinsèquement à l’exercice du pouvoir » (24).

Avec des mots à nous, Foucault (guidé par Nietzsche) situe (faussement) la question de la vérité dans l’énonciation (et viscéralement dans l’individu qui parle : d’où le souci de la "parrêsia", le dire vrai) (25), au lieu de situer cette question dans la réception, c’est-à-dire dans l’accueil qui peut être octroyé ou accorder à une assertion qui prétend, aspire à la vérité. Le problème est que si la question de vérité relève chez Foucault du domaine de la morale (escompté comme contre-morale, comme résistance à la morale dominante, comme chez Nietzsche), c’est inhabituel, étrange et « plombant » d’évoquer « la vérité » de cette manière. D’utiliser le terme ambigu et oxymorique de « dire vrai » devient fatalement une question de bonne morale versus mauvaise morale. La conséquence, le mot « vérité » ne peut plus jouer le rôle de boussole de sens et de vérification scientifique (et argumentative) dans le domaine public et scientifique, ce qui nous laisse dépourvus de résistance face au sophisme et au narcissisme monologique. Jacques Bouveresse nous instruit pourtant qu’il y a pire :

« Si les sens sont supposés nous donner accès uniquement à un monde tel qu’il apparaît à des êtres constitués, du point de vue biologique, comme nous le sommes, la science est supposée, au contraire, être capable de nous rapprocher réellement du monde tel qu’il est réellement. Mais aux yeux de Nietzsche, cependant, les vérités de la science, loin de différer radicalement de celles de la perception, ne sont, elles aussi, que des erreurs utiles pour des êtres de notre espèce. On se tromperait à coup sûr si l’on cherchait à utiliser la façon dont il s’exprime sur ce genre de question comme un argument en faveur . Ce serait, en effet, oublier la passion avec laquelle il est capable, en même temps, comme on l’a vu, de plaider pour la connaissance (authentique) sans utilité, celle qui ne comporte pas d’avantages et peut même être dangereuse, parce qu’elle porte sur des choses que nous devrions en principe ignorer.

Le danger pour lui ne réside sûrement pas dans la vérité en tant que telle et le fait de chercher à la connaître, mais plutôt dans le fait de refuser de l’affronter quand elle nous semble impossible à supporter, et peut-être plus encore dans la tendance à croire prématurément qu’on a réussi à la trouver » (26).

Chez Foucault, comme chez Nietzsche, « l’idée de la connaissance sans vérité » ne se tient pas debout. La volonté de dire-vrai (foucaldienne) s’attache à une morale (ou contre-morale) de la parole, ce qui est défendable dans le domaine théologique. Comme le modèle de Foucault est le christianisme primitif, le christianisme des premiers siècles, c’est vrai que les théologiens (et évangélisateurs) chrétiens attestaient de leurs dires vrais, surtout devant leurs persécuteurs. Pourtant cet acte de dire-vrai ne repose nullement sur une connaissance dans le sens moderne (et encore moins dans un sens scientifique), c’était le témoignage de sincérité, de foi. Et cela peut bien évidemment avoir un sens contemporain (très laïque), par exemple dans la formule de « dire-vrai contre le pouvoir », à savoir s’opposer à un supposé pouvoir, pourtant cela ne signifie rien quant à la question de connaissance, de connaître.

La notion de « vérité » chez Foucault, n’a donc rien à voir avec ce que des individus ordinaires associent à cette notion, elle se révèle être une viscéralité, un souci de soi, un gouvernement de soi, un narcissisme de l’opinion et de croyance qui se renferme sur elle-même et qui ne sert qu’à témoigner une croyance. Foucault, dans ce sens, est authentiquement postmoderne (et précurseur du mouvement – réactionnaire – du politiquement et moralement correct) !  

L’ère des prophètes est finie.

Le destin intellectuel de Michel Foucault et son sacerdoce auraient dû ressembler à celui de Jean-Paul Sartre. Est arrivé le fleuve des inédits qui a permis, au nom de Michel Foucault d’être, littéralement notre contemporain jusqu’à aujourd’hui. Pour le mouvement poststructuraliste, postmoderne, French Theory, wokisme, le mouvement du politiquement et moralement correct, il est devenu un prophète, le parrèsiaste qui parle vrai (supposément; sans qu’il existe aucune façon de le confirmer), le prophète moral (ou contre-morale) qui, avec courage, a osé prendre la parole, a osé parler contre « le pouvoir » (en dissimulant son propre pouvoir), qui a osé tout dire (même si cela implique de répandre la pensée poétique, de l’antiscience, des théories de conspiration, etc.)

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Si nous avons raison dans notre lecture critique, elle n’est que partielle et incomplète, il y a un problème « Foucault », car tout cela ne se tient pas debout, son œuvre est trop lyrique, trop « mou », trop factice. Ce qui s’empire par la propension contemporaine à accueillir ses paroles comme des mots et théories prophétiques. Pourtant, le temps des prophètes et les prophéties est fini ! Le roi est nu (27), le temps est mûr pour que la pensée critique, pour que la vieille taupe puisse faire son travail en liberté et soulever « la croûte terrestre qui la séparait de son soleil, de son concept, la faisant s’écrouler » (28).  

En dernier lieu, accordons que l’égo-histoire de Pierre Nora ne se réduit en rien à ses dires sur Michel Foucault. Loin de ça. Il nous renseigne amplement sur les courants, les querelles, les disputes, qu’a animés la vie intellectuelle parisienne de 1960 à 2022. C’est un must, un discours fascinant sur la vie intellectuelle parisienne.

NOTES

1. Pierre Nora, Une étrange obstination, Paris, Gallimard, coll. nrf, 2022. Cf. également l’article de Pierre Nora, « Nos années Foucault», dans, idem, Historien public, Paris, Gallimard, 2011.

2. Pierre Nora, Une étrange obstination, op. cit., 2022, pages 79 – 108. L’intitulé fait allusion à l’essai de Maurice Blanchot, Michel Foucault tel que je l’imagine, Saint-Clément-de-Rivière, Fata Morgana, 1986.

3. Pierre Nora, « Jeunesse », Paris, coll. nrf, Gallimard, 2021.

4. Pierre Nora (dir.), Les Lieux de mémoire, Paris, Gallimard, coll. Bibliothèque illustrée des histoires, 3 sous-titres : t. 1 La République (1 vol., 1984), t. 2 La Nation (3 vol., 1986), t. 3 Les France (3 vol., 1992).

5. Pierre Nora, Une étrange obstination, op. cit., p 11.  

6. Pierre Nora, Jeunesse, op. cit., p 231.

7. Pierre Nora, Une étrange obstination, op. cit., p

8. Pierre Nora, Une étrange obstination, op. cit., p 54

9. Michel Foucault, Les Mots et les Choses. Une archéologie des sciences humaines, Paris, Éditions Gallimard, coll. « Bibliothèque des sciences humaines », 1966.

10.Michel Foucault, L'Archéologie du savoir, Paris, Éditions Gallimard, coll. « Bibliothèque des Sciences humaines », 1969.

11. Michel Foucault, Folie et déraison. Histoire de la folie à l'âge classique, Plon, 1961, XI-672 p. (issue de sa thèse majeure du doctorat d'État (1961); idem, Histoire de la folie à l'âge classique, Paris, UGE (10/18), 309 p, réédités de 1963 à 1972; idem, Histoire de la folie à l'âge classique, Gallimard, 1972, 583 p. (Deuxième édition revue avec une nouvelle préface.)

12.Michel Foucault, L'Ordre du discours, Paris, Éditions Gallimard, 1971 (Leçon inaugurale au Collège de France).

13. Pierre Nora, Une étrange obstination, op. cit., p 81

14. Marcel Gauchet et Gladys Swain, La Pratique de l’esprit humain. L’institution asilaire et la révolution démocratique, Paris, Gallimard, 1980. Marcel Gauchet et Gladys Swain, Dialogue avec l'insensé: Essais d'histoire de la psychiatrie, Paris, Gallimard, 1994. Gladys Swain, Le sujet de la folie. Naissance de la psychiatrie, Toulouse, Privat, 1977. (Rééd. précédé de "De Pinel à Freud" par Marcel Gauchet, Paris Calmann-Lévy, 1997).

15. Michel Foucault, Histoire de la folie, op. cit. p 577.

16. Michel Foucault, Naissance de la biopolitique. Cours au Collège de France, 1978-1979, Paris, Gallimard, 2004. Cf. Giorgio Agamben, Homo sacer, Le pouvoir souverain et la vie nue, Paris, Seuil, coll. L’ordre philosophique, 1997. Voir la critique d’Agamben, Bjarne Melkevik, « L’abîme et “l’exception”: Schmitt, Agamben et le Schmittisme », Porto, International Studies on Law and Education, no 15, 2013, p 91-108.

17. Pierre Nora, Une étrange obstination, op. cit., p 93. Cf. concernant l’idéologie de post-vérité, Matthew D’Ancona, Post-vérité. Guide de survie à l’ère des fake news, Paris, Éditons Plein Jour, 2018.

18.Michel Foucault, « Nietzsche, la généalogie, l’histoire » (1971), dans, idem, Dits et écrits, 1, 1954-1975, Paris, Gallimard, coll. Quarto, 1994, p 1025. Première parution dans Suzanne Bachelard; Georges Canguilhem; François Dagognet; Michel Foucault; Martial Gueroult; Michel Henry; Jean Laplanche; Jean-Claude Pariente; Michel Serres : Hommage à Jean Hyppolite, Paris, P.U.F., coll. « Épiméthée », 1971, pp. 145-172.

19. Hannah Arendt et Joachim Fest, « Eichmann était d’une bêtise révoltante ». Entretiens et lettres, Paris, Fayard, coll. ouvertures, 2013, p 51, cf. p 54. Le titre est une paraphrase : « Eichmann était tout à fait intelligent, mais il avait cette bêtise en partage. C’est cette bêtise qui était si révoltante ».

20. Michel Foucault, « Nietzsche, la généalogie, l’histoire » (1971), dans, idem, Dits et écrits, 1, 1954-1975, Paris, Gallimard, coll. Quarto, 1994, p 1021, 1022.

21. Voir, note 3.

22. Friedrich (Wilhelm) Nietzsche, Éléments pour la généalogie de la morale (1887), trad. fr. P. Wotling, Paris, Librairie Générale Française, 2000, p 312 (III § 12). 

23. Cf. Bjarne Melkevik, « Réalisme ouvert, rationalité critique : rendons hommage à Jacques Bouveresse ». Chronique sur le site Tolerance.ca – 1er septembre 2023.

24. Jacques Bouveresse, Nietzsche contre Foucault. Sur la vérité, la connaissance et le pouvoir, Marseille, Agone, coll. Banc d’essai, 2016, p 10. Cf. Jacques Bouveresse, Les foudres de Nietzsche et l’aveuglement des disciples, Marseille, Hors d’atteinte, 2021.

25. Michel Foucault, Leçons sur la volonté de savoir (1970-1971), Paris, EHESS, Gallimard, Seuil, coll. « Hautes études », 2011; idem, Dire vrai sur soi-même (1982), Paris, Vrin, coll. « Philosophie du présent », 2017; idem, Discours et vérité ; La parrêsia (1983), Paris, Vrin, 2016.

26. Jacques Bouvresse, Nietzsche contre Foucault. Sur la vérité, la connaissance et le pouvoir, Marseille, Agone, coll. Banc d’essai, 2016, p. 100.

27. Hans Christian Anderson, Les Habits neufs de l'empereur (1837) - aussi connu sous le titre : Le Roi nu.

28. Hegel, G. W. F., Leçons sur l’histoire de la philosophie. Tome 7. La philosophie moderne (1805-1806), Paris, Vrin, 1971, p. 2112. Cf. Mikhaïl Bakounine, « La Réaction en Allemagne » (1842), reproduit dans Jean-Christophe Angaut, Bakounine jeune hégélien. La philosophie et son dehors, Lyon, ENS Éditions, 2007, p. 88.

17 février 2025

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La Chronique de Bjarne Melkevik
par Bjarne Melkevik

Bjarne Melkevik, docteur ès droit de Paris II, professeur à la Faculté de droit de l’Université Laval (Québec), est un auteur prolifique dans le domaine de la philosophie du droit, de l’épistémologie et de méthodologie juridique. Ses plus récentes publications incluent... (Lire la suite)

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