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Discriminations en milieu universitaire : causes, formes et pistes de solution

Voir aussi Tolerance.ca : Dix ans déjà !

Quelles sont les formes de discrimination que l’on observe sur le campus? Comment se manifestent-elles? Peut-on venir à bout de la discrimination, qu’elle soit raciale, linguistique, religieuse ? Si oui, quelles sont les pistes de solution? Le groupe Tolerance.ca® et le Département de communication publique de l’Université de Sudbury ont organisé un événement qui regroupait autour de la table, sur le campus de l'Université de Sudbury, cinq étudiants des Universités fédérées de la Laurentienne à Sudbury, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale (21 mars). 
La soirée s’est déroulée en présence de M. Andrii Krawchuk, recteur de l’Université de Sudbury, ainsi que de Mme Lucie Beaupré, secrétaire générale. Les étudiants participant à l’événement ont reçu, pour leurs présentations, chacun une bourse de Tolerance.ca®, dans le cadre de la série portant sur La diversité des valeurs et des croyances religieuses dans les milieux collégial et universitaire, réalisée avec la contribution financière de Patrimoine canadien.

Maintenir une juste mesure 


D’entrée, Serge Dupuis, le premier intervenant, étudiant en histoire, intègre dans le débat les questions soulevées en ce qui concerne les accommodements raisonnables qui, depuis quelques mois, défrayent les chroniques au pays. Dupuis avance alors que « le Canada, de par son histoire, est un pays chrétien qui a des origines françaises et anglaises. » Par conséquent, les symboles, les célébrations, les modes de fonctionnement et les habitudes, qui constituent l’héritage de cette tradition, devraient être respectés. « Si l’on permet à tous les groupes culturels de célébrer et de s’afficher sur la place publique, dit-il, on doit faire de même pour les groupes majoritaires. L’expression identitaire des groupes majoritaires ne doit pas être perçue comme une menace pour le multiculturalisme. »

Jean Goabe, qui étudie en sciences infirmières, explique que, quelquefois, ce qui semble relever de la discrimination peut résulter d’un simple malentendu qu’une franche communication permettra de dissiper. C’est grâce à une expérience personnelle qu’il illustre sa réflexion. Il raconte alors qu’il a déjà reçu une note médiocre pour un travail qu’il estimait bien mené. C’est seulement en discutant de son cas avec le professeur qu’il a appris que son travail avait été corrigé par une assistante qui maîtrisait mal les consignes d’évaluation. Ainsi Goabe, qui est d’origine africaine, peut soutenir qu’une discussion avec le prof a permis de dissiper un incident de parcours qu’il aurait pu hâtivement mettre sur le compte de la discrimination.

Timothy Jackson est étudiant en géographie. Prenant la parole, il dit estimer que la discrimination a toujours existé et qu’elle relève de l’incompréhension mutuelle. Il souligne que, spontanément, les gens préfèrent ce qu’ils connaissent. Voilà pourquoi, à son avis, les groupes ayant des caractéristiques semblables se retrouvent entre eux à la cafétéria. Jackson met toutefois l’auditoire en garde contre les stéréotypes alimentés sur le campus par les blagues de mauvais goût.

Discrimination par omission

La vive intervention de Rosine Twagirimana, étudiante en service social, s’apparente presque au plaidoyer. Elle dénonce la discrimination systémique exercée envers les personnes handicapées, relevant le peu de dispositifs adaptés pour faciliter la tâche aux personnes en chaise roulante, aux aveugles ou même aux malentendants. Selon elle, cette forme de discrimination relèverait plus d’un manque de sensibilité que d’une intention malveillante. Pour Twagirimana, cette lacune en infrastructures et dispositifs adaptés expliquerait aussi qu’il y ait une si faible présence d’étudiants handicapés sur le campus de la Laurentienne. Elle invite donc les autorités universitaires à prendre exemple sur d’autres établissements scolaires, notamment le collège Boréal, où les étudiants ayant une déficience physique semblent bien s’épanouir.

L’épineuse question linguistique 

Étudiante en communications, Lucie Groulx, aborde la question linguistique, phénomène particulièrement sensible dans un environnement qui se veut bilingue. Groulx déplore le fait que des postes de services publics à la population universitaire soient occupés par des employés unilingues anglais, que certains cours de programmes supposément bilingues soient dispensés uniquement en anglais, ou encore que l’association des étudiants francophones soit sous-financée. De l’avis de Lucie Groulx, il s’agit là d’un ensemble de circonstances qui, s’ajoutant à bien d’autres, contribuent à dévaloriser le fait français, allant même jusqu’à mettre en péril le bilinguisme de l’institution. Elle conclut en affirmant que seules de mesures administratives vigoureuses permettront de renverser la tendance.
La question linguistique monopolise rapidement le débat. Des propos enflammés se croisent, tantôt pessimistes, tantôt optimistes. D’une part, il y a eu ceux qui pensent qu’il s’agit d’une bataille perdue d’avance puisque même les étudiants francophones utilisent volontiers l’anglais dans leurs conversations quotidiennes. Un professeur de la Laurentienne fait part d’un incident évocateur. Ayant noté que deux étudiants conversaient en anglais après le cours, il a voulu en comprendre la raison. « C’est la langue de la communication », lui a répondu l’un d’eux. 

D’autre part, certains soulignent les progrès faits par le français en Ontario et particulièrement à la Laurentienne. Ils en tiennent pour preuve cette rencontre qui est en soi un progrès pour le fait français, puisqu’elle enfreint la règle selon laquelle, s’il y a un anglophone dans la salle, la discussion doit automatiquement se passer en anglais. Deux unilingues anglophones participent à la rencontre, l’un dans le panel, l’autre dans la salle, et pourtant, la soirée se déroule essentiellement en français, avec de rares échanges en anglais. « Du jamais vu dans cette université! », remarque un invité.

*N.D.L.R. Trois universités fédérées sont affiliées à la Laurentienne : l’Université Huntington, l’Université Thormeloe et l’Université de Sudbury. De plus, La Laurentienne compte deux collèges parmi ses institutions affiliées : le collège universitaire de Hearst et le collège universitaire Algoma, à Sault-Sainte-Marie. 

PHOTOS : Brent Wohlberg.

Réviseure : Jocelyne Archambault. 

Voir aussi les événements organisés au Collège de Saint-Laurent et au Collège Vanier.
 

 



Cet événement a eu lieu le 21 mars 2007. Il a été organisé en collaboration avec Tolerance.ca® dans le cadre de la série sur La diversité des valeurs et des croyances religieuses dans les milieux collégial et universitaire, réalisée avec la contribution financière de :




* Le professeur Osée Kamga (à gauche) en compagnie des étudiants Timothy Jackson, Serge Dupuis, Lucie Groulx, Jean Goabe et Rosine Twagirimana. 



******* Le professeur Kamga animant le débat.

******** Le professeur Kamga remettant une bourse à Mlle Lucie Groulx, une des participantes.


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par Victor Teboul

Victor Teboul est écrivain et le directeur fondateur de Tolerance.ca ®, le magazine en ligne sur la Tolérance, fondé en 2002 afin de promouvoir un discours critique sur la tolérance et la diversité. 

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