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L’abîme humain et l’eugénisme politique - Jack London : Le peuple d’en bas

par
Professeur, Faculté de droit, Université Laval, Québec, membre de Tolerance.ca®

Jack London (1876-1916) figure parmi nos auteurs préférés. Depuis notre tendre enfance, la lecture et la relecture de ses livres peuplent nos temps de loisirs. Le Talon de fer (1905) ou Martin Eden (1909), ou les plus aventureux Le Loup des mers (1904), L'appel de la forêt (1903) et Croc-Blanc (1906), impossible de choisir lequel nous a plu davantage. Le livre Le peuple d’en bas / Le peuple de l’abîme publié en 1903 (1), que nous examinerons par la suite, se situe à part. À part, parce qu’elle se structurait sur l’idéologie combinée du darwinisme social et de l’eugénisme politique, une constellation idéologique du jadis (aujourd’hui de retour et plus forte que jamais dans sa version individualiste) que nous rejetons fermement.

Si cette constellation n’a pas empêché Jack London d’afficher, modestement, de la sympathie, de l’empathie et de la solidarité avec le peuple de l’abîme, cette constellation idéologique nullifiera, videra, comme notre analyse le démontrera, tout sens à de tels sentiments. Expliquons ce jugement critique.

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L’autobiographie ou journalisme engagé idéologiquement

Situons au préalable le livre de Jack London intellectuellement. De quelle sorte d’enquête s’agit-il ? Son livre se voit en effet fréquemment étiqueté comme semi-autobiographique, ce qui est partiellement vrai, car le livre raconte l'expérience personnelle, de Jack London face à la pauvreté, la misère, l’indigence, qu’il observe au début du 20e siècle, en 1902, dans l’East End (Londres), dans le district de Whitechapel (le terrain de chasse rendu célèbre par le tueur en série Jack l’Éventreur). Facile, en conséquence, d’agréer qu’il y a incontestablement des éléments autobiographiques dans le livre, là où, de façon plus pertinente, il s’agit plutôt d’un livre d’investigation journalistique, d’un livre d’enquête, d’un livre où un écrivain plonge physiquement dans une situation, un lieu, une problématique, en mettant des mots sur les choses (2).

Comparons, avec l’anachronisme assumé, le livre de Jack London aux fameux reportages du journaliste allemand d’investigation Günter Wallraff (3). Jack London agissait et opérait comme Wallraff, il adoptait comme lui le principe d'investigation basé sur l'expérience personnelle, sur l’infiltration physique dans l'environnement proche de la cible du reportage. Pareil également à Wallraff, il se déguisait et il inventait une narrative qui siérait, en apparence, avec le personnage (un paumé) qu’il cherchait à incarner. Et il découvrait aussi, pareil au Günter Wallraff, que le déguisement ne sied pas automatiquement avec le personnage joué et que « les vrais » le démasquaient avec aise.

Il y a, de ce fait, quelque chose d’artificiel dans le sens littéraire, qui échoit au récit de Jack London. Si Jack London, pour ne pas se faire remarquer, pour disparaître dans la foule, se déguise, s’habillant en gueux, se chaussant en nécessiteux, il se distingue par sa santé, ses dents, par sa masse corporelle, par le fait d’être une tête plus élevée. Et il ne parlait pas la langue de l’East End (Whitechapel), il ne parlait pas le cockney, ce dialecte-langue, qui s'est développé dans les classes populaires les plus pauvres et qui ne s’imite pas. Jack London parlait anglais américain de l’est (Californie) et il était 100 % certain qu’aucun des interlocuteurs ne lui accordait d’autres statuts que celui d’être un Américain.  

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Son séjour parmi les pauvres, quatre-vingt-six jours, était d’ailleurs un séjour planifié et organisé, un séjour sécurisé où il avait tout ce que les pauvres n’avaient pas : deux logements, un logement sécuritaire pour écrire et lire, et diverses « habitations » pour faire de l’investigation. Les quatre-vingt-six jours d’investigation journalistique, furent entre autres entrecoupés par des pauses pour dormir convenablement, pour se nettoyer et se baigner, pour souper à sa faim, pour lire les journaux et des livres qu’il avait emportés avec lui. Sur les quatre-vingt-six jours, nous estimons qu’uniquement la moitié de ces journées était vraiment sur le terrain et que l’autre moitié se faisait dans l’appartement d’apparat sûr permettant d’écrire et d’éplucher la documentation servant à appuyer son livre. Une portion appréciable du livre de Jack London reprend en effet des articles des journaux, des rapports de police (et des coroners), des déclarations politiques de l’époque.

La notion « du peuple de l’abîme » nécessite un éclaircissement. Jack London n’écrit pas sur la classe ouvrière, le prolétariat, mais plutôt sur la misère des chômeurs, des journaliers, des malades, des handicapés, des vieux et des vieilles inaptes au travail, ceux qui étaient exclus. Selon le vocabulaire de Karl Marx, Jack London étudie principalement « l’armée industrielle de réserve » (4) et le lumpen, le lumpenprolétariat, le « prolétariat en haillons » (5). Deux catégories qui fusionnent, littérairement, chez Jack London.

Le chemin vers East End en Londres

Mais comment se fait-il que Jack London, l’auteur des aventures du Grand Nord, de l’Alaska et du Yukon, des îles pacifiques, de sa Californie natale, écrive un livre sur la vie des pauvres dans une ville anglaise? Pour répondre, il faut examiner la situation où se trouvait Jack London en 1902.

Et, en 1902, Jack London avait 26 ans, il avait déjà publié plusieurs livres et de nombreux articles, il n’est pourtant pas uniquement fauché, il est lourdement endetté. Quand il sera sollicité pour aller écrire des reportages journalistiques sur la Guerre des Boers (la guerre d'Afrique du Sud, 1899-1902), s’éloigner des États-Unis et disparaître pour un temps lui semble une très bonne idée. Hélas, pour Jack London, la guerre des Boers s’achève avant qu’il ait pu quitter les États-Unis, ce qui l’incite, à défaut, de partir pour Londres (Angleterre). Au lieu de faire du journalisme de guerre, le projet qu’il adoptait fut de faire une enquête personnelle sur la façon dont vivaient les pauvres dans la ville considérée (en 1902) la plus riche au monde.

Les pauvres à Londres! Aller s’installer dans l’Est End (Whitechapel) de Londres pour observer la misère humaine in visu, c’est un projet qui provoquait une réaction négative chez ses amis : « Ce que vous désirez est impossible » – telle fut la réponse péremptoire qui me fut donnée par des amis auxquels je demandais conseil, avant de m’en aller plonger, corps et âme, dans l’East End de Londres. Ils ajoutèrent que je ferais mieux de m’adresser à la police, qui me procurerait un guide. Il était visible que je n’étais pour eux qu’un simple fou, venu les trouver avec plus de lettres de recommandation que de bon sens, et dont ils flattaient poliment la manie.

Je protestai : « Mais je n’ai rien à faire avec la police ! Ce que je veux, c’est pénétrer tout seul dans l’East End, et constater par moi-même ce qui s’y passe. Je veux savoir comment les gens vivent là-bas, pourquoi ils y vivent et ce qu’ils y font. Je veux, en un mot, partager leur existence. » (6)

Mais attention, les mots ici cités, « partager leur existence », sont faux. Jack London n’était pas vraiment à Londres avec un tel objectif, il était là, nous l’avons indiqué, pour récolter les histoires des bannis, des exclus, des lumpen. Il était là pour écrire un livre et pour renflouer ses finances. Avec un détail de près qu’il ne soufflait pas mot, à savoir qu’il portait une idéologie avec lui, une idéologie progressiste (pour l’époque) qui colorait ce qu’il pouvait voir et de ce qu’il allait écrire.

Le darwinisme social et l’eugénisme

Une idéologie ! Oui, Jack London arrive à East End (Whitechapel) avec une idéologie en tête. Il revendique être socialiste et il a en effet adhéré au Parti travailliste socialiste (des États-Unis) en 1896, pour ensuite adhérer au Parti socialiste d’Amérique en 1901 (et démissionner en 1916). Il est d’ailleurs l’auteur de plusieurs livres de propagande socialiste (7). Remarquons toutefois, en ce qui concerne cette adhérence socialiste, le jugement que George Orwell apporte rétrospectivement sur Jack London : « … par tempérament, il se distinguait très nettement de la majorité des marxistes. Avec son goût et la force physique, sa croyance en une “aristocratie naturelle”, son culte de l’animalité, son exaltation de la sauvagerie primitive, il avait en lui ce qu’on pourrait appeler une tendance au fascisme. » (8). Et c’est vrai, Orwell pointe un problème de base pour la gauche qui n’affecte pas uniquement Jack London, mais constitue un problème général persistant (toujours d'actualité aujourd’hui) pour la pensée et l’action dites de « gauche » (9).

Selon nous, George Orwell a vu juste, le culte de la violence, l’avant-gardisme, l’élitisme, la vue par en haut, teinte toutes les œuvres de Jack London en général et Le peuple d’en bas en particulier.  

Accentuons, que l’idéologie qui anime Jack London, qui formate son livre durant son immersion dans l’abîme, c’est le darwinisme social combiné avec l’eugénisme politique. C’était le progressisme de l’époque (également en vogue aujourd’hui). Pour comprendre son livre, Le peuple d’en bas, il faut en conséquence comprendre le darwinisme social et l’eugénisme politique. Comme il l’affirme :

« Les expériences que je relate dans ce volume me sont arrivées personnellement durant l’été 1902. Je suis descendu dans les bas-fonds londoniens avec le même état d’esprit que l’explorateur, bien décidé à ne croire que ce que je verrais par moi-même, plutôt que de m’en remettre aux récits de ceux qui n’avaient pas été témoins des faits qu’ils rapportaient, et de ceux qui m’avaient précédé dans mes recherches. J’étais parti avec quelques idées très simples, qui m’ont permis de me faire une opinion : tout ce qui améliore la vie, en renforçant sa santé morale et physique, est bon pour l’individu ; tout ce qui, au contraire, tend à la détruire est mauvais. » (10)

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Des mots trompeurs, des mots attrape-nigaud! Les mots ici sur « quelques idées très simples » jettent un voile sur le fait que les idées en question ne sont pas simples. En s’engageant en faveur de darwinisme social et de l’eugénisme politique, Jack London ancre de façon ingénue son livre dans une constellation idéologique douteuse et non scientifique. Il n’était pas seul, pour l’époque c’était le politiquement et moralement correct (sic!) à la mode, c’était une constellation d’idéologies en vogue à laquelle adhéraient tant de femmes et d’hommes progressistes voulant changer la société, améliorer la condition humaine, faire du progrès social, faire avancer les choses et réaliser la justice sociétale (11). S’exprimait l’idée (fausse) que pour changer la société, il faut commencer par changer l’individu et sa mentalité, qu’il faut créer « l’individu nouveau » (12). Les mouvements socialistes, communistes, anarchistes et sociaux-démocrates étaient ici à l’avant-garde (talonnés et adjoints par l’extrême droite) dans la promotion des idées du darwinisme social et de l’eugénique politique.

Notons que Friedrich Engels a même eu l’imprudence, dans l’éloge funéraire qu’il prononçait sur le tombeau de Karl Marx, d’affirmer que : « De même que Darwin a découvert la loi du développement de la nature organique, de même Marx a découvert la loi du développement de l'histoire humaine » (13). Ce qui est faux, mais qui créerait une légitimation (faux pareils) dans la « gauche » (ou s’étiquetant ainsi) en faveur du darwinisme social et de l’eugénisme politique. Avec la conséquence désastreuse que quand la fiction des lois de l’Histoire rejoint la fiction des lois de la Nature biologique (et génétique), tout sens de la réalité s’évacue au profit de l’idéologie, s’évapore dans un étalage de clichés langagiers, comme affirmation d’un socialisme identique à une abstraction idéalisée (idéologique), comme miroitement du nouveau Jérusalem dans un horizon imaginaire.

Le darwinisme social

En ce qui concerne, d’abord, le darwinisme social, distinguons-le du darwinisme, de la théorie de l’évolution de Charles Darwin (1809-1882). Darwin n’était pas partisan du darwinisme social. Et pourtant, ce que devient le darwinisme social s’exprime dans le sous-titre de son œuvre « De l'Origine des espèces : La Préservation des races favorisées dans la lutte pour la vie » (14). Les mots ici, « la lutte pour la vie », sonnent déjà comme une thèse sociologique (et anthropologique, politicologue, etc.) et c’est ainsi que le darwinisme social se construit en tant que théorie, se développe comme paradigme insistant que la vie humaine se comprend comme une lutte, un combat, ayant comme arène la société. Le darwinisme social déplace la théorie de l’évolution (adaptation de l’espèce à son milieu) vers une théorie sociologique (et philosophique) qui insiste sur « la lutte pour la vie » (un thème récurrent chez Jack London) et plus précisément « la survie des plus aptes » (15). La société est de ce fait comprise et théorisée comme un organisme vivant où se déroule un combat de survie qui privilégie l’un au détriment de l’autre, qui élira le plus fort au détriment du faible.

Le théoricien clef pour comprendre le darwinisme social serait Herbert Spencer (1820-1903). Il développe, théoriquement, différentes lois (supposées) de l’évolution de l’humain, d’abord sur le niveau biologique (amélioration v. dégénérescence), ensuite sur le niveau psychologie (volonté de vivre v. l’impuissance) et enfin sur le niveau existentiel et sociobiologique (sélection sociale des éléments vivables v. l’abîme social des éléments superflus, faibles et voués à disparaître). Le dernier élément, la sélection sociale versus l’abîme social, c’est le thème structurant du livre de Jack London.

Le meilleur critique du darwinisme social demeure le livre de Piotr Alekseïevitch Kropotkine (1842-1921), L'Entraide, un facteur de l'évolution (1902) (16).

L’idéologie eugéniste

Quant à l’eugénisme politique, au mouvement eugénique / eugéniste, il se veut « hygiénique », progressiste, et une politique de bien-être pour assurer l’avenir de l’espèce humaine (17).

L’idée de base de l’idéologie eugénique, c’était (et l’est) que de la même façon qu’un individu doit se soumettre à des règles hygiéniques pour rester en bonne santé, une population humaine, pour rester en bonne santé, doit se soumettre (politiquement) à des règles hygiéniques au niveau de la reproduction et de l’amélioration biologique. L’analogie est fautive, mais (comme pour le transhumanisme d’aujourd’hui) s’impose (fautivement) la thèse qu’il faut protéger le patrimoine génétique (au profit des générations futures) et supprimer des défauts génétiques malsains. Politiquement, cela pouvait se faire positivement (sic!) en favorisant la reproduction des plus vigoureux, les plus aptes pour la vie, et négativement (sic!) en empêchant la reproduction des dégénérés, des imbéciles et des malades. Le dernier pouvait se faire par la stérilisation ou le célibat imposé.  

Eugénisme politique (aujourd’hui transhumanisme) était une idéologie « biologiste » qui concevait l’évolution de l’espèce humaine comme engagée dans une lutte avec elle-même, engagée « existentiellement » dans une lutte entre régénération et décadence (dégénérescence). Un thème littéraire (et philosophique) important pour l’époque et, nous viendrons, pour Jack London.

Notons, pour la bonne compréhension, que la constellation « darwinisme social et eugénisme » a aujourd’hui changé de caractère, l’État a été expulsé (presque entièrement) au profit de l’individu. C’est à l’individu aujourd’hui de réaliser l’amélioration de soi et indirectement de l’espèce humaine. Eugénisme politique aujourd’hui, c’est l’idéologie du transhumanisme, le génie génétique, la sélection génétique, l’eugénisme « positif », l’avortement sélectif et hygiénique, le clonage, etc. (18)

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Les gens de l’abîme

La constellation idéologique susmentionnée se résume furtivement dans une assertion de Jack London :

« (La) constante sélection parmi les meilleurs des ouvriers a été fatale aux “restants” : dans le Ghetto, un “laissé pour compte” n’a d’autre issue qu’un plongeon plus avant dans les profondeurs les plus noires. On lui a ôté toute sève pour la répandre sur le reste du monde. Les “restants” sont des épaves, on les parque, on les fait mariner dans leur médiocrité, ils deviennent stupides et se conduisent comme des bêtes. » (19)

Une affirmation qui nous renvoie vers le début du livre Jack London quand il présente un premier profil psychologique et sociologique d’un jeune homme de l’abîme. Un jeune homme de 22 ans – et rappelant que Jack London avait 26 ans quand cela s’écrivait –, classé comme un être no futur, sans avenir, sans aucune utilité sociale, un damné à périr :

« Sans m’étendre sur la conversation que j’ai eue avec ce jeune homme de vingt-deux ans, je pense en avoir suffisamment dit sur sa philosophie personnelle, et sur les raisons économiques qu’elle sous-entendait. Il n’avait jamais eu de vie de famille, et le mot “maison” n’évoquait en lui que des souvenirs déprimants. À cause du salaire de misère que son père touchait comme tous les hommes de sa classe, il se trouvait des raisons valables de considérer la femme et les enfants comme des objets encombrants, causes de la misère de l’homme. Hédoniste sans le savoir, très immoral et très matérialiste, il ne voulait rechercher que son propre plaisir, et le trouvait dans la boisson. C’était un jeune alcoolique, une future épave, incapable de faire correctement un travail de soutier ; c’était une proie rêvée pour le ruisseau, puis pour l’asile, et la déchéance... Il voyait tout cela aussi bien que moi, mais n’avait pas l’air de s’en soucier. Depuis le moment de sa naissance, la force de tout ce qui l’entourait avait réussi à l’endurcir, et il voyait son avenir impitoyable, misérable et inéluctable avec un détachement et une indifférence que j’étais impuissant à secouer. » (20)

Jack London n’exprime pas trop de sympathie, il observe froidement que le jeune homme sera avalé par l’abîme, qu’une épave flotte un temps et que tôt ou tard l’abîme prend son dû. La description de Jack London nous révèle surtout sa façon de voir la vie de l’abîme, de juger la misère des individus du bas fond, ils sont perdus, ils sont au fond, et le fond, l’abîme, les engloutira, chair et âme, dans l’indifférence absolue. S’ils vivent pour le moment, ils manquent l’élan de lutte, manquent le feu vital, ils sont dépourvus de l’énergie nécessaire pour s’imposer, n’ayant pas la force de lutter pour le progrès (sic!). Ce que Jack London confirme, en visitant les petites rues, les impasses, les ombres de la ville.

« Nous montâmes l’étroite allée de graviers. Sur les bancs qui la bordaient, on pouvait voir des corps humains misérables et tout tordus, qui auraient permis à Gustave Doré de dessiner des visions plus diaboliques que celles qu’il a réussies à nous camper. Ce n’était qu’une confusion de haillons, de saleté, de maladies repoussantes, de plaies suppurantes, de chairs meurtries, de monstruosités ricanantes et de figures bestiales. Un vent aigre et glacé soufflait, et toutes ces créatures se pelotonnaient dans leurs haillons, dormant pour la plupart ou bien s’y essayant. Ici, une douzaine de femmes de vingt à soixante-dix ans s’étaient affalées sur les bancs. Près d’elles, un petit enfant, qui pouvait bien avoir neuf mois, était étendu, endormi à plat sur le bois dur du banc, sans oreiller sous la tête ni couverture sur le corps, et sans que personne ne songe à le surveiller. Un peu plus loin, une demi-douzaine d’hommes dormait tout debout, appuyée les uns sur les autres pour ne pas tomber. Plus loin encore, une petite famille, un enfant endormi sur les bras de sa mère, tandis que le mari (ou l’ami) réparait maladroitement un soulier hors d’usage. Sur un autre banc, une femme égalisait avec un couteau les lambeaux effilochés de ses hardes tandis qu’une autre, armée de fil et d’une aiguille, raccommodait les déchirures de sa robe. Un homme tenait une femme endormie dans ses bras. Puis, plus loin, un autre homme, les vêtements maculés de la boue des ruisseaux, dormait, la tête posée sur les genoux d’une femme à peine âgée de vingt-cinq ans, et qui somnolait elle aussi. (…) « Pour l’amour du Ciel, partons de cet enfer ! ».» (21)

Mais où se trouve la sortie pour les miséreux? Où aller? Dans la logique de Jack London, il n’y a pas de sortie! La mort, c’est la porte de sortie! Qui arrive comme une délivrance, une libération. Ce que renferme une certaine vérité, car, comme chacun le sait, il n’y a pas de porte de sortie une fois en Enfer!

Une civilisation dégénérée versus la sociobiologique salvatrice

La ville, la vie urbaine, nous révèle en toute cruauté la vérité sur une civilisation déréglée, dégénérée. Pourquoi? Pour des raisons sociobiologiques selon Jack London, parce que la jungle urbaine, la ville surpeuplée, la société des foules tuent chez le faible la volonté de vivre, tuent la volonté de puissance, tuent l’énergie nécessaire pour survivre dans la lutte de la vie. Quand déréglée, la civilisation se venge, elle tue la nature humaine. Ce qui se confirme, selon Jack London, par le fait que la famille de paysans vigoureux qui émigre dans la ville se retrouve après une, deux, trois générations, dénaturées, détruites, dévidées de la vitalité humaine, dévidée de tout élan vital :

« La vie dans une grande ville ne peut être qu’artificielle, pour l’homme, même dans les meilleures conditions. Mais à Londres on est tellement loin de la normale que l’ouvrier et l’ouvrière ne peuvent y résister, leurs corps et leurs âmes sont sapés par d’implacables et incessants courants, qui les détruisent jusqu’au bout. Leurs forces, tant physiques que morales, sont anéanties ; et le bon ouvrier, celui qui vient de débarquer de sa terre natale, se transforme, dans la première génération citadine, en un mauvais ouvrier. Puis, dans un second stade, il perd toute énergie, tout esprit d’initiative, et se trouve alors incapable de s’atteler aux besognes que son père faisait normalement, il est alors mûr pour prendre le chemin de l’abattoir, tout au fond de l’Abîme. (…) Il est bien évident que, dans ces conditions, l’enfant ne peut que se transformer en un adulte dégénéré, sans aucune virilité et sans force. C’est une race perdue aux genoux cagneux et à la poitrine étriquée, qui s’affaiblit et s’écrase dans la lutte brutale pour sa survie, tandis qu’elle est opposée aux légions envahissantes qui déferlent de la campagne. » (22)

Dans la lutte entre une civilisation déréglée, dégénérée, à l’un côté et une nature (socio)biologique individuelle vigoureuse à l’autre, il n’y a donc pas de place pour la lutte de classe (ou action collective), il n’y a que la lutte pour la vie, une lutte que le peuple en bas a déjà perdue, qu’ils ont toute perdue à commencer par eux-mêmes. Jack London le martelé :

« La suprématie d’une certaine classe ne peut exister que grâce à la dégradation des autres classes sociales. Quand on parque les travailleurs dans le Ghetto, ils n’échappent pas à la déchéance. Une nouvelle race, maladive et mal lotie, prend la place de l’autre : c’est le peuple du pavé qui est abruti et sans force. Les hommes ne sont plus que des caricatures d’eux-mêmes, leurs femmes et leurs enfants sont pâles et anémiés, leurs yeux sont cerclés de noir, ils ont le dos voûté et traînent la savate, et deviennent très vite rachitiques, sans grâce et sans beauté. Et pour corser le tout, les hommes du Ghetto sont ceux dont personne ne veut – c’est une souche déracinée qu’on abandonne jusqu’à la plus complète pourriture. Pendant plus de cent cinquante ans, on a tiré d’eux le meilleur d’eux-mêmes. (..) Ceux qui n’avaient plus rien dans la tête, ni dans le cœur, ni dans les mains, tous les bons-à-rien et les désespérés, sont restés là (.). Au fil des années, on leur a retiré le meilleur de ce qu’ils avaient. » (23)

Résultat! Une civilisation déréglée, dégénérée, une civilisation qui ne produit que de la pourriture sociale, qui ne produit qu’une déchéance eugénique, ne peut survivre, ne mérite pas de survivre! En bon eugéniste, Jack London, prophétise que la solution, c’est l’immigration des races vigoureuses et fortes, la venue de sangs neufs venant des colonies.

La déchéance eugénique

Approfondissons la description de Jack London concernant la déchéance eugénique. Il nous fournit une phénoménologie qui insiste sur trois éléments clefs : l’habitation, la nourriture et le désespoir.

Il nous fournit des descriptions d’épouvantes sur les conditions d’habitation, sur les taudis dans l’East End (Whitechapel). Il observe des taudis où s’entassent plusieurs familles, des chambres sans chauffage, sans eau, sans toilettes, sans lieu pour chauffer des repas. Des chambres où les humains partagent le même lit dans des séquences de huit heures de sommeil à tour de rôle. De chambres de promiscuité et d’absence de vie privée. De chambres non hygiéniques où pullulent des bestiaux variés. Et des maladies (typhus, tuberculose, etc., ) qui capricieusement prennent sa part léonine de vies, ou qui ruinent la santé pour toujours.

La nourriture! Jack London le constate, quand tu manques d’argent, tu ne manges pas à ta faim, tu ne manges pas de nourriture saine et nutritive. Le peuple de l’abîme mange ce qui leur tombe dans leurs mains, ce qui est le moins cher ou encore le plus volumineux. Le résultat : des individus affamés, des individus mal nourris, faibles et squelettiques, des gens qui n’ont plus d’énergie ni de vitalité. Et des individus qu’aucun employeur n’engagera.

Et partout le désespoir! Jack London est un excellent reporter, car pendant les quatre-vingt-six jours que dure son séjour dans « l’abîme », il nous fait découvrir toutes les facettes du désespoir humain. Le peuple de l’abîme sait qu’il n’y a pas de lendemain de chant, sait que la survie est sans lendemain.

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Vivre dans des lieux insalubres, non hygiéniques, sous des conditions hypothétiques, qui détruisent, leurs santés, alimentent et renforcent le désespoir, crée également des sauvages, de vrais sauvages, de dangereux sauvages. Une nouvelle race que Jack London décrit ainsi :

« Ils tuent pour un demi-souverain, ils tuent même pour moins, le cas échéant. Ils font partie d’une nouvelle race, celle des sauvages de la ville. Les rues, les maisons, les avenues et les cours constituent leur terrain de chasse, et ce que représente pour le sauvage la brousse, les montagnes et les vallées, pour eux, ce sont les rues et les maisons. Les bas-quartiers sont leur jungle, c’est là où ils se terrent et où ils chassent. » (24)

Il y a un thème que Jack London ne touche pas : la prostitution et l’exploitation des femmes. Pourquoi? Parce que l’éditeur a exigé, avant publication, que rien de cela ne se trouvât dans le livre publié. Et c’est peut-être mieux, car la description que Jack London fait des femmes de l’abîme est loin d’être élogieuse :

« Mais les femmes aux entrailles pourries dont ils [les sauvages de la ville] étaient sortis étaient véritablement partout. La façon insolente dont elles geignaient était horrible à voir – elles venaient me mendier un penny, et d’autres choses pires encore, sur un ton pleurnichard qui était révoltant. Mal peignées, sales, crasseuses, l’œil trouble et le regard mauvais, elles faisaient la fête dans chaque café. Leurs paroles inintelligibles laissaient par instants percevoir des pointes d’obscénité nauséabonde. Rejetées dans le bourbier de la corruption et de la débauche, elles roulaient de bancs en bancs, de cafés en cafés, et leur aspect repoussant les rendait effrayantes à voir. » (25)

Imageons donc ce qu’il pouvait avoir à dire sur les milieux de la prostitution dans l’East End (Whitechapel) et sur les conséquences sociales, mentales, médicales, hygiéniques, de ceux-ci. L’éditeur, en exigeant la suppression, n’a de toute évidence voulu qu'épargner les lecteurs d’un discours trop cru et sans fard, et c’était peut-être mieux; sauf que tout lecteur de Jack London restera toujours intriqué et curieux quant à savoir ce qu’il a pu écrire.

Une civilisation régénérée et vitale

Existe-t-il de l’espoir? Pour celui qui fait confiance au darwinisme social et à l’eugénisme politique, il n’y a pas pour les individus déjà dans l’abîme, il y a uniquement pour la civilisation à condition que la société soit remaniée, améliorer, changer de fond au comble. À la fin de son livre, Le peuple d’en bas, Jack London propose deux voies, plutôt modestes, pour sortir du pétrin. D’une solution qui consiste à remettre l’histoire à sa place, une autre pour recommander que la société soit mise dans les mains des gestionnaires mieux avisés, des gestionnaires responsables.

En ce qui concerne, la nécessité de remettre l’histoire à sa place, Jack London prône qu’il faut, le plus vite possible, abolir l’Empire britannique. L’empire, les colonies, le colonialisme, c’est simple : « tout se résume en une simple question de gestion des affaires. Il faut conserver ce qui est bien, et éliminer ce qui est mal. Voir si l’Empire est un bénéfice pour l’Angleterre, ou si, au contraire, c’est un gouffre. Si c’est une source de profits, eh bien il faut s’arranger pour que l’Anglais moyen en ait sa part, et si c’est une perte, il faut s’en séparer. » (26) En clair : « Un vaste empire est en train de s’écrouler, entre les mains de ces gestionnaires au petit pied. », et l’empire est de toute façon condamné, car : « La machine politique connue sous le nom d’Empire britannique perd pied. Entre les mains de ses gestionnaires, il dépérit chaque jour. » (27) En clair, l’impérialisme britannique, coûte trop cher, apporte plus de dépenses que de gains, et surtout exsangue le pays, détruit l’industrie et la vigueur entrepreneuriale. L’Empire britannique vampirise l’économie anglaise par l’accès à des produits de consommation à bas prix qui handicaperait le développement industriel de la Grande-Bretagne. La Grande-Bretagne doit donc au plus vite se libérer de ses colonies et recommencer à se développer adéquatement.

Une analyse presque prophétique! Écrivant en 1902, Jack London avait raison! Par l’orgueil, l’insolence, la stupidité, la Grande-Bretagne n’avait pas encore compris qu’il fallait se libérer, se débarrasser des colonies. Pendant encore 60, 70 ans, cette stupidité politique leur a coûté très cher, avant qu’elle, la Grande-Bretagne se rendît à la raison.

La deuxième voie de changement que préconise Jack London, c’est un changement en haut, un changement consistant à se débarrasser de la classe de gestionnaires anciens. Ce qui signifie d’abord : « Il est indispensable qu’on chasse des postes de commandement tous ces gestionnaires qui ont stupidement et criminellement mené l’empire au bord de la faillite. Ils ont fait un travail de sape et se sont montrés particulièrement inefficaces, et ils ont, de plus, détourné les fonds publics. (…) // Aucun des responsables de cette classe de gestionnaires ne peut plaider non coupable à la barre du tribunal de l’Humanité. » (28)

Il préconise vigoureusement que « la société doit être remaniée complètement, et avoir à sa tête une gestion responsable. » (29) « Aucune erreur n’est possible. La civilisation a centuplé le pouvoir de production de l’humanité, et par suite d’une mauvaise gestion, les civilisés vivent plus mal que des bêtes, a moins à manger et sont moins bien protégés de la rigueur des éléments que le sauvage Inuit, dans un climat bien plus rigoureux. Il vit, aujourd’hui, comme il vivait à l’âge de pierre, il y a plus de dix mille ans. » (30)

Que des euphémismes ! Promouvoir l’idée d’une nouvelle classe de dirigeants, des managers, recommander l’idée d’une révolution en haut pour changer et renouveler l’élite au pouvoir n’est que de l’euphémisme facile, trompeur et de bas étage. Comme si le fait de changer une classe dirigeante ancienne en faveur d’une nouvelle classe dirigeante changerait vraiment les choses. Or la pensée de Jack London est entièrement en phase avec ce que pense la gauche-bourgeoise (la gauche de la droite) d’aujourd’hui. Tout sera mieux, pense-t-elle, si une gestion responsable pouvait être faite par une élite politiquement et moralement correcte. Le problème est qu’il faut être élitaire, politiquement et culturellement, pour le croire.

Ut dicit litterae

Ainsi parle la littérature! Ce serait toutefois futile, injuste même, d’évaluer un auteur uniquement à partir d’une norme, d’une mesure unique. Là où la lutte pour la vie dans les romans du Grand Nord de Jack London, évoquant L’appel de la forêt et Croc-Blanc, nous fait rêver, met l’imaginaire en ébullition, la description de la lutte pour survivre dans Le peuple d’en bas nous dérange profondément. Il y a une sacrée différence entre narrer l’aventure de l’humain en lutte avec les forces de la nature et écrire un livre qui promouvra deux idéologies, le darwinisme social et l’eugénisme politique, contestables et très critiquables. La constellation du darwinisme social et de l’eugénisme politique sont faux scientifiquement, elle est funeste et dangereuse politiquement et culturellement, elle n’exprime qu’une illusion qu’ont traversée les siècles (se perpétuant également aujourd’hui) et qui fait croire que nous pouvons régler nos affaires humaines à partir des préceptes (supposément) scientifiques (ou sociologiques). C’est un leurre idéologique, un leurre qui aveugle l’esprit et qui atrophie la capacité de jugement. Surtout, c’est un fourvoiement de pseudo-scientisme idéologisé qui refuse de penser la science dans la limite de la raison.  

Le livre, Le peuple d’en bas, de Jack London, a encouragé et inspiré George Orwell pour faire pareil et le résultat fut Dans la dèche à Paris et à Londres (1933). La grande différence entre ce livre et celui de Jack London, c’est que le livre de Georges Orwell se construit sans a priori théorique (ou philosophique), sans darwinisme social, sans eugénisme politique. C’est - un vrai livre d’empathie en faveur des pauvres qui fait appel à une réforme sociale et hygiénique en faveur du peuple de l’abîme. Là où Jack London s’égare dans les vicissitudes du darwinisme social et de l’eugénisme politique, George Orwell n’observe qu’un problème social qu’il convient de régler politiquement et démocratiquement.

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Notes :

1. Jack London. Le peuple d’en bas (1903), Paris, Phébus / Libretto, 1999. Le livre a aussi été publié sous le titre Le peuple de l’abîme, plus proche du titre original en anglais The People of the Abyss. Jack London (1876-1916) est un nom d’usage et de plume, il est né John Griffith Chaney.

2. Jack London s’inspirait du livre photojournalistique de Jacob August Riis (1849-1914), How the Other Half Lives: Studies among the Tenements of New York (« Comment vit l'autre moitié : études au milieu des immeubles de New York »), New York, Scribner's Books, 1890.

3. Le récit journalistique de Günter Wallraff (ne 1942) le plus connu est Tête de Turc, Paris, La Découverte, 1986, où il, déguisait en « turc », découvre la situation des immigrés en situation irrégulière dans le land de Ruhr (Allemagne).

4. Karl Marx, Le Capital. Critique de l'économie politique (1867), chapitre XXIII, 3; idem, Œuvres. Tome II, édition Maximilien Rubel, Salaire (1847), p 165 s. Voir aussi, Guy Caire, notice Chômage, dans Georges Labica (dir), Dictionnaire critique du marxisme, Paris, Presses universitaires de France, 1982, p 149-150.

5. Georges Labica, notice Lumpenproletariat, dans Georges Labica (dir), Dictionnaire critique du marxisme, op. cit., p 525 - 526

 6.Jack London, Le peuple d’en bas, op. cit., p 23.

7. Jack London, Révolution (1910) suivie de Guerre des classes (1905), Paris, Phébus, 2008.

8. George Orwell, Le fascisme prophétisé (12 juillet 1941), dans Essais, Articles, Lettres. Volume II (1940-1943), Paris, Éditions Ivrea et Éditions de l’encyclopédie des nuisances, p 44.

9. Sur « fascisme de gauche », cf. S. Müller-Doohm,. Jürgen Habermas. Une biographie (2014), Paris, Gallimard, 2018, p 162 - 167. Luca Leonello Rimbotti, Il fascismo di sinistra, Rome, Settimo Sigillo, 1989. Giuseppe Parlato, La sinistra fascista: storia di un progetto mancato, Bologne, Il Mulino, 2000. Wolin, Richard, The Seduction of Unreason: The Intellectual Romance with Fascism from Nietzsche to Postmodernism, Princeton, Princeton University Press, 2004.

10. Jack London, Le peuple d’en bas, op. cit., p 21

11. Bertrand Russel, Le mariage et la morale (1929), Paris, Édition Les Belles Lettres, 1997.

12. Bertrand Russell, On education especially in early childhood (1926), London, George Allen & Unwin, 1926.

13. Friedrich Engels, « Discours sur la tombe de Karl Marx », 17 mars 1883, dans, idem, Karl Marx : discours prononcé sur sa tombe et article et lettres écrits à l'occasion de sa mort, Paris, Bureau d’Éditions, Paris, 1935.

14. Charles Darwin, L’Origine des espèces (1859), Genève, Slatkine, 2009 (en poche, Paris, Champion Classiques, 2009). Concernant la distanciation et critique du darwinisme social par Charles Darwin, voir idem, La Filiation de l’Homme et la sélection liée au sexe (1871), Paris, Champion Classiques, 2013.

15. Herbert Spencer, Progress, Its Law and Causes, The Westminster Review, 1857, vol. 67  (publier deux ans avant le livre de Charles Darwin (voir note précédente). Idem, Les Bases de la morale évolutionniste, Paris, Baillière, 1881 (2e éd).

16. Pierre Kropotkine, L'Entraide. Un facteur de l'évolution (1902), Montréal. Écosociété, 2001 (2005).

17. Jean-Paul Thomas, Les fondements de l'eugénisme, Paris, Presses universitaires de France, 1995, coll. Que sais-je ? no 2953. Pour une critique de l’eugénisme, voir Jürgen Habermas, L’Avenir de la nature humaine. Vers un eugénisme libéral, Paris, Gallimard, 2002 ( réédition : Paris, Gallimard, coll. « Tel », 2015).

18. Jean-François Braunstein, La philosophie devenue folle. Le genre, l’animal, la mort, Paris, Grasset, 2018.

19. Jack London, Le peuple d’en bas, op. cit., p 192.

20. Jack London, Le peuple d’en bas, op. cit., p 50.

21. Jack London, Le peuple en bas, op. cit., p 68, 69.

22. Jack London, Le peuple d’en bas, op. cit., p 56 et 57.

23. Jack London, Le peuple d’en bas, op. cit., p 192.

24. Jack London, Le peuple d’en bas, op. cit., p 238.

25. Jack London, Le peuple d’en bas, op. cit., p 239.

26. Jack London, Le peuple d’en bas, op. cit., p 263.

27. Jack London, Le peuple d’en bas, op. cit., p 264.

28. Jack London, Le peuple d’en bas, op. cit., p 264 – 265.

29. Jack London, Le peuple d’en bas, op. cit., p 264.

30. Jack London, Le peuple d’en bas, op. cit., p 265.

13 octobre 2024

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* Image Wikipedia - Jack London dans son bureau en 1916.


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La Chronique de Bjarne Melkevik
par Bjarne Melkevik

Bjarne Melkevik, docteur ès droit de Paris II, professeur à la Faculté de droit de l’Université Laval (Québec), est un auteur prolifique dans le domaine de la philosophie du droit, de l’épistémologie et de méthodologie juridique. Ses plus récentes publications incluent... (Lire la suite)

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