Tolerance.ca
Directeur / Éditeur: Victor Teboul, Ph.D.
Regard sur nous et ouverture sur le monde
Indépendant et neutre par rapport à toute orientation politique ou religieuse, Tolerance.ca® vise à promouvoir les grands principes démocratiques sur lesquels repose la tolérance.

François Cardinal, éditeur adjoint de La Presse, et du bon usage de l’expression «extrême droite»

par
Ph.D., Université de Montréal, Directeur, Tolerance.ca®

Je viens de lire la chronique de François Cardinal, l’éditeur adjoint de La Presse. S’agit-il d’une chronique ou plutôt d’un éditorial, car son article intitulé « Extrême droite, vous dites ? », daté d’aujourd’hui, le 16 juin 2024, ressemble davantage à un manuel du parler bien qu’une analyse des mouvements d’extrême droite qui ont aujourd’hui la cote en France. J’ai inversé l’adverbe car il ne s’agit pas d’un article sur l’usage grammaticalement correct de la langue, mais bien des mots qui sont susceptibles de heurter les lecteurs (lire les âmes sensibles). Un peu comme dans les films projetés aujourd’hui qui débutent invariablement en vous avertissant qu’ils contiennent des scènes de nudité qui peuvent vous choquer ou même que des personnages fument des cigarettes, ce qui risque de vous perturber (ok, j’exagère, mais à peine).

Abonnez-vous à Tolerance.ca

Voici donc des extraits de notre éditeur adjoint de La Presse : « On se tient loin des « fascisme », « néofascisme » et « post-fascisme », sauf quand ils sont utilisés par les interviewés, les agences de presse ou qu’ils s’appliquent à des groupes qui expriment clairement un penchant totalitaire et xénophobe. On évite aussi des qualificatifs comme « xénophobes » et « racistes », justement, qui servent à juger plutôt qu’à décrire. On les emploiera donc uniquement dans des textes d’opinion, ou pour qualifier des groupes ou personnes qui expriment la supériorité d’une race ou la haine assumée de l’étranger ».

Nous voilà rassurés, notre grand quotidien francophone sera donc prudent et disons-le moralement et politiquement correct dans l’emploi des mots. Que les journalistes de notre quotidien se le tiennent pour dit !

Mais qu’en est-il de l’extrême droite, n’était-ce pas le sujet de son article ? Or, ce qui rend perplexe en ce qui touche la popularité des formations dites d’extrême droite en France, c’est que les formations traditionnelles, y compris les partis qui se définissent de gauche (et que certains qualifient d’extrême gauche), ne sont pas seulement déconnectées de la vie quotidienne de la population, mais n’agissent pas pour contrer les véritables inégalités économiques, mais aussi sociales qui s’instaurent dans nos sociétés sans qu’on ose s’y opposer au risque justement d’être considéré fasciste ou raciste.

J’emploierai un seul exemple, mais qui constitue une réalité qui s’applique au niveau national au Québec et bien évidemment au Canada tout entier, royaume du multiculturalisme. La mairesse de mon arrondissement à Montréal, Mme Gracia Kasoki Katahwa a annoncé le 8 mai dernier que la Ville de Montréal aura à s’approvisionner davantage « chez des fournisseurs issus de la diversité. Un pas important vers une prospérité inclusive », a -t-elle commenté en conclusion sur son compte X (Twitter- image ci-dessous).

Des responsables occupant des postes d’autorité ont-ils questionné les objectifs de ce plan qui, au nom de la diversité, exclut tous ceux et toutes celles qui n’appartiennent pas à cette catégorie nommée « diversité ». Est-ce bien cela l’inclusion ? Et qu’en est-il de ce critère qui s’appelle « compétence » ?

Car, entendons-nous bien, s’il s’agit d’exclusion dans l’embauche ou l’octroi de contrats, n’est-ce pas cela qu’il faut combattre ? Lorsqu’on met de l’avant des politiques qui sont censées favoriser l’inclusion, n’est-ce pas l’effet contraire qui se produit ? Ne promeut-on pas plutôt le racisme et la xénophobie lorsque ces politiques favorisent certains groupes plutôt que les critères de compétence, de formation et de connaissances, qui doivent prévaloir nonobstant la couleur de peau ou les convictions religieuses des postulants ?

Ce sont aussi ces inégalités, qui sont devenus des sujets tabous, que les autorités (et que notre éditeur-adjoint de La Presse) feignent d’ignorer qui sont la cause de la popularité de l’extrême droite et ce non seulement en France, mais dans toute l’Europe. N’est-ce pas une leçon pour le Québec ?

Abonnez-vous à Tolerance.ca

16 juin 2024



Réagissez à cet article !

L'envoi de votre réaction est soumis aux règlements et conditions de Tolerance.ca®.
Votre nom :
Courriel
Titre :
Message :
Analyses et Opinions
Cet article fait partie de

Bloc-Notes de Victor Teboul
par Victor Teboul

Victor Teboul est écrivain et le directeur fondateur de Tolerance.ca ®, le magazine en ligne sur la Tolérance, fondé en 2002 afin de promouvoir un discours critique sur la tolérance et la diversité. 

Contact :  info@tolerance.ca

Pour voir l'émission de...
(Lire la suite)

Lisez les autres articles de Victor Teboul
Suivez-nous sur ...
Facebook Twitter