Le multiculturalisme canadien : facteur d'unité ou d'isolement ?
Plusieurs Canadiens se targuent d’appartenir à un pays qui joue un rôle de premier plan en matière de multiculturalisme. Ils oublient en cela que le vent a tourné depuis les événements du 11 septembre 2001. La lutte contre le terrorisme ainsi que le durcissement des revendications de certains groupes religieux ont provoqué un sentiment d’inquiétude, voire d’hostilité à l’égard du multiculturalisme en général et de certaines communautés en particulier. Tolerance.ca s’est entretenu avec des spécialistes, des professionnels récemment diplômés ainsi que des étudiants sur les questions touchant cette nouvelle réalité. Le multiculturalisme renforce-t-il le sentiment d’appartenance à la société canadienne ou, au contraire, exacerbe-t-il les différences?
En octobre 2006, les manchettes des médias québécois ont largement traité de l’incident du YMCA de l’avenue du Parc, à Montréal, qui avait givré les vitres des fenêtres de la salle de gymnastique donnant sur une synagogue hassidique. Le but de l’opération? Soustraire la vue de femmes en tenue d’exercice jugée indécente par les hommes venus prier à la synagogue. La décision de teinter les vitres du gymnase afin d’accommoder la communauté hassidique avait provoqué un tollé auprès de la population. La nouvelle s’est rapidement répandue, transformant ce qui, au départ, avait été une entente de bon voisinage entre les deux institutions en un débat houleux sur la place de la religion dans la sphère publique.
René Milot, professeur au département de sciences religieuses à l’Université du Québec à Montréal (UQÀM), rappelle que des craintes et des perceptions négatives ont cours au Québec envers les religions. Bien que l’Église catholique ait considérablement perdu les privilèges qu’elle détenait autrefois, la transition vers la laïcité ne s’est pas faite sans heurts, précise-t-il. Aujourd’hui, plusieurs craignent que les revendications religieuses d’« étrangers » ne ramènent la société québécoise à la case départ, la forçant à débattre à nouveau de la place de la religion dans la société.
L’identité multiculturelle du Canada
En 1971, le Canada a été le premier pays à officiellement adopter une politique de multiculturalisme. Instaurée à la suite de pressions de la part des peuples autochtones qui exigeaient la reconnaissance de leurs droits, la politique du multiculturalisme fut aussi instituée pour faire face à la montée du nationalisme québécois et pour satisfaire les revendications du nombre grandissant de minorités ethnoculturelles qui demandaient elles aussi qu’on reconnaisse leur rôle dans la construction du Canada. Les années 1970 ont ainsi marqué un tournant nouveau au Canada. En 1988, le Parlement fédéral adoptait la Loi sur le multiculturalisme qui reconnaissait cette réalité comme « une caractéristique fondamentale de la société canadienne et ayant un rôle déterminant dans la prise de décision du gouvernement. » Selon le site Internet de Patrimoine canadien, le ministère qui a pour responsabilité d’appliquer la Loi, tous les citoyens sont égaux et devraient s’enorgueillir de leurs origines. On y explique que l’acceptation (des autres) confère aux Canadiens un « un sentiment de sécurité et de confiance en soi qui les rend plus ouverts aux diverses cultures et plus tolérants envers celles-ci. »
Quoique les médias parlent peu de cette tendance, l’attitude des Canadiens demeure constante à l’égard du multiculturalisme, affirme Jeffrey Reitz, professeur de sociologie et directeur du département sur l’Immigration, le pluralisme et les études ethniques, à l’Université de Toronto. Ce sont les médias qui se montrent parfois critiques à l’égard du multiculturalisme, surtout quand il s’agit des questions touchant le terrorisme et les musulmans, accusant cette politique de défavoriser l’intégration des immigrants. « Je crois que cette controverse est une création des médias, explique Reitz. En juin 2006, lorsqu’on a arrêté de jeunes musulmans parce qu’on les soupçonnait d’être impliqués dans un complot terroriste, les médias ont tout de suite remis en question le multiculturalisme. Mais les sondages ont rapidement démontré que l’opinion publique n’endossait pas leurs dires. »
Reitz précise qu’il existe une différence entre, d’une part, le multiculturalisme et les problèmes qui sont soulevés au sein de certaines communautés et, d’autre part, ceux qui existent entre les communautés. « Le multiculturalisme ne crée pas de communautés ethniques », affirme-t-il. Il en tient pour preuve cette histoire des hassidim et du YMCA dont on a tellement parlé en 2006. « La communauté juive du Canada ne résulte pas de l’immigration récente. Personne ne peut non plus affirmer que la culture juive a été renforcée grâce à cette politique d’Ottawa. » À son avis, les politiques du gouvernement fédéral ne sont pas un facteur significatif dans le maintien de certaines cultures, dont celle des juifs. « Il est vrai que la politique du multiculturalisme encourage la préservation des cultures des différents groupes, mais le dynamisme de chacun d’entre eux dépend avant tout de l’engagement des membres de la communauté elle-même. »
Reitz poursuit en rappelant que l’on ne peut s’attendre du multiculturalisme qu’il résolve les problèmes entre les différents groupes du Canada. Son but consiste à promouvoir la compréhension. « La politique du multiculturalisme existe parce qu’il existe des difficultés. Peut-être s’agit-il d’améliorer cette politique, de l’affiner ou d’envisager d’autres politiques. »
Trina, détentrice d’une Maîtrise en anthropologie sociale de l’Université Concordia, estime que le multiculturalisme canadien relève plus du mythe que de la réalité. Elle ajoute cependant que, règle générale, la situation qui prévaut au Canada favorise davantage qu’ailleurs la bonne entente entre les différents groupes. « Nous devons maintenant nous demander ce qu’il faudrait faire pour améliorer les choses. Quelles autres mesures devrions-nous appliquer? Plus qu’un étendard, le multiculturalisme doit s’appliquer de manière significative, permettre de passer de l’intention aux actes, d’exercer un effet tangible dans notre société. » Le Canada présente son multiculturalisme comme une carte de visite, ajoute Trina. « Mais j’ai déjà lu que nous étions plus volontiers “polyculturels” que multiculturels. En d’autres termes, nous sommes fiers de vivre là où les minorités s’affichent librement, depuis les groupes ethniques jusqu’aux homosexuels… dans la mesure cependant où ils ne dépassent pas les limites de leurs territoires. » Elle rappelle en cela l’image stéréotypée que l’on projette souvent des Canadiens d’origine cambodgienne, coincés entre les deux images figées de leur groupe, qui évoquent soit les temples soit le génocide qu’ils ont subi. « J’ai aussi entendu des gens se plaindre des immigrants qui viennent bouleverser leurs mœurs, du fait que les Blancs deviennent moins nombreux et que les femmes voilées constituent une menace pour la société. Il y a une éducation à faire en ce sens. »
Pour sa part, Ikka, diplômée de l’Université de Toronto, est moins pessimiste : «L’harmonie et la compréhension entre les différentes cultures me semblent préservés à Toronto, signale-t-elle. Je vois souvent des couples mixtes dans la rue, des gens d’origines diverses se promenant dans les quartiers peuplés par des gens de culture différente, fréquentant leurs restaurants, leurs commerces librement, sans crainte. »
Alan Wong, un étudiant d’origine chinoise inscrit au doctorat, diffère cependant d’avis. Selon lui, la discrimination existe bel et bien, même si elle ne se manifeste pas toujours de manière désobligeante. Il se rappelle des inconnus rencontrés à Montréal lui vantant les qualités supposées des Chinois, leur intelligence, leur calme, leur réserve et leur puissance de travail. Alan ne voit pas cette attitude d’un bon oeil. « J’ai l’impression que c’est une façon de jouer les groupes culturels les uns contre les autres. “Du type : tel groupe est supérieur à l’autre. Il mérite plus qu’un autre d’être ici. ” Un peu comme si on érigeait certaines règles qui permettraient de déterminer qui est “bon immigrant”. D’après mon expérience, ces gens aiment les immigrants qui se taisent, travaillent fort et ne font pas trop de bruit. Ironiquement, la vision stéréotypée que l’on a des Chinois en Colombie-Britannique est beaucoup moins favorable qu’elle ne l’est à Montréal. »
Le multiculturalisme, un moyen pour combattre le racisme ?
Yvenson St-Fleur, diplômé de l’Université du Québec à Montréal (UQÀM) est d’origine haïtienne. Il se souvient avoir été victime de discrimination à l’école secondaire, à Granby, vers la fin des années 1980 et le début des années 1990. « J’étais le premier Noir à fréquenter cette école. Au début, ce n’était pas de tout repos. Pour certains, j’étais un extra-terrestre. Pour d’autres, un petit ange noir. Alors que certains me traitaient de “nègre”, me harcelaient et me battaient, d’autres volaient à mon secours et voulaient réellement que je devienne leur premier copain noir. » Yvenson ignore si cela était le résultat de racisme ou d’ignorance mais préfère opter pour la deuxième hypothèse. « J’ai passé quatre ans dans cette école. La première année a été la pire. Après nous sommes arrivés à nous connaître et nous nous sommes bien entendus. » Il ajoute que certains de ses amis noirs souffrent toujours aujourd’hui de racisme dans leur travail.
La Torontoise Ikka est à demi Japonaise. Que ce soit en matière d’emploi, de services publics, de contrôle de sécurité, elle ne sent pas de racisme de la part de ses interlocuteurs. « J’attribue cela au fait d’être une femme. Par conséquent on ne me perçoit pas comme quelqu’un de menaçant. D’autre part, j’appartiens à un groupe ethnique qui n’effraie personne. Je sais que cela peut sembler méchant à dire, mais, règle générale, les gens n’ont pas l’impression que les Asiatiques soient du type à vous agresser ou à faire sauter un avion. Peut-être n’ont-ils pas confiance en moi, peut-être me trouveront-ils froide et réservée, habile en informatique et en affaires, mais ils ne me verront jamais comme une menace sur le plan physique. »
Ikka, qui a vécu en Colombie-Britannique dans les années 1970, se souvient toutefois que les autres enfants la traitaient de «Chinetoque ». « Je tentais vainement de leur expliquer que je n’étais pas chinoise, que s’ils voulaient rectifier leurs insultes racistes, ils n’avaient qu’à me traiter de “Jap”. J’ai subi toutes sortes de mauvais traitements. On m’a jetée dans une poubelle, on m’a lancé des pierres, on m’a abreuvée de blagues racistes de mauvais goût, les enfants prenaient plaisir à se tirer la peau des tempes pour se brider les yeux et parlaient de “liz flit”. »
Sur un mode plus subtil, Ikka sent que les gens ne la perçoivent pas comme une “véritable Canadienne”. « Ils me demandent toujours d’où je viens, quelle est l’origine de mon nom, où mes parents sont nés, etc. On ne me poserait pas ces questions si j’étais Blanche et si je me nommais Jennifer, par exemple. Alors qu’ils prétendent qu’il s’agit d’une curiosité bienveillante, j’ai plutôt l’impression qu’ils me considèrent foncièrement comme une étrangère, non comme une Canadienne. J’aimerais, ne serait-ce qu’une semaine dans ma vie, n’avoir pas à expliquer à ces personnes “curieuses” d’où viennent mes ancêtres et simplement être traitée comme toute personne de race blanche. »
Le professeur Reitz a déjà observé ce type de malaise. Si les immigrants de deuxième génération reçoivent une meilleure éducation et occupent de meilleurs emplois que leurs parents, sur le plan de leur acceptation sociale en tant que Canadiens par la majorité blanche, il y aurait encore beaucoup à faire, les attitudes de cette dernière n’ayant pas évolué aussi vite que les réussites des immigrants d’une origine autre qu’européenne. « Ce qui ne signifie pas que le multiculturalisme ait échoué, précise Reitz, cette politique ne peut simplement pas tout régler et certains problèmes raciaux, tels la discrimination en emploi, mériteraient qu’on s’y attarde de façon particulière. Il faudrait élaborer d’autres politiques pour régler des problèmes spécifiques. Le multiculturalisme est avant tout une affaire d’image publique. Il ne prétend pas régler les problèmes de racisme. »
Se sensibiliser à la diversité
Le professeur Warren Linds de l’Université Concordia jette un regard critique sur la perception qu’ont les gens du multiculturalisme. « Le seul fait de prendre l’autobus avec des gens d’origines différentes ne fait pas de nous une société multiculturelle », explique-t-il. Linds estime que l’on camoufle souvent certains problèmes dont on devrait traiter au grand jour. Observant le comportement de ses classes d’élèves qu’il considère comme un microcosme de notre société, il relève une tendance à éviter de discuter des sujets qui sont matière à conflits, ce qui a pour résultat de ne pas tenter de les résoudre. « Ils pensent qu’ils pratiquent ce qu’on appelle être politiquement corrects, mais je ne crois pas qu’ils savent ce que cela signifie. Les mots sont importants. Ils le sont d’autant plus pour ceux qui n’ont pas accès à la parole. »
Natif de Saskatchewan, le professeur Linds enseigne le respect de la diversité et des relations humaines (Respecting Diversity and Human Relations) à l’Université Concordia. Il pratique une approche pédagogique totalement interactive. Il exige de ses étudiants qu’ils discutent, réfléchissent et agissent sur ce qu’ils ont appris. Il tente d’ouvrir les débats sur des zones auxquelles ils ne pensent pas volontiers. « Lorsqu’ils s’entichent d’objets de culte transformés en colifichets, comme c’est le cas du bracelet de fil rouge utilisé dans la cabale juive et mis à la mode par les stars que sont Madonna et Britney Spears, savent-ils ce que cela signifie? » Linds a recours aux techniques de théâtre dans ses cours. Il amène, par exemple, à faire intervenir des étudiants dans une situation conflictuelle vécue par un passant. Il entend ainsi les amener à réfléchir sur ce qui empêche les gens de se porter à la défense d’autrui. Les découvertes qu’ils font, lors de ces mises en situation, choquent souvent ses étudiants.
Pour les étudiants issus de milieux ethniquement homogènes, c’est l’arrivée au collégial qui représente la première occasion d’être en relation avec des personnes d’autres cultures. Leur première réaction consiste alors à se regrouper, à la cafétéria, par groupes de la même appartenance ethnique. Dans la classe de Linds, on aborde les questions reliées aux différences, qu’elles soient de l’ordre du genre, du statut social ou de l’origine culturelle. « Que signifie le terme “appartenir”? Que représente le fait d’être “différent”? Ce que mes étudiants apprennent en classe les amène souvent à se confronter à leurs valeurs familiales traditionnelles », explique-t-il.
À partir de ce qu’il constate dans sa classe, Linds arrive à projeter une vision plus globale de la société. Certains groupes se considèrent comme des victimes tandis que d’autres s’arrogent des privilèges. Il raconte l’exemple de cette élève d’origine indienne qui se sentait ignorée à Montréal parce que « ici, on ne parle que des Noirs et des Arabes. » Une étudiante amérindienne avait la même impression. Ses étudiants canadiens d’origine africaine affirment, quant à eux, se sentir victimes de profilage racial. Une autre étudiante, qui a grandi à Brossard, en banlieue de Montréal, déclare ne se sentir Noire que lorsqu’elle traverse le pont pour se rendre à Montréal. « Mes étudiants sont souvent bouleversés par ce qu’ils découvrent, spécialement les Blancs qui ne sont pas confrontés aux mêmes réalités que les autres. »
Linds poursuit comme objectif pédagogique de rendre ses étudiants, qui se dirigent vers le service social et l’action communautaire, plus conscients de ces réalités. « Et cela signifie être aux aguets, être présent. On ne peut résoudre tous les problèmes dans la classe. Il y a trop de facteurs en jeu. Mais on peut développer sa vigilance. »
Au Québec, on favorise les échanges interculturels
Murielle Swift est diplômée de l’Université de Montréal. Elle travaille présentement à développer le dialogue interculturel au niveau municipal. Swift estime que l’approche québécoise en la matière est différente de celle du reste du Canada. « L’empreinte de Trudeau a profondément marqué la politique multiculturelle du reste du Canada qui repose essentiellement sur la mise en valeur et le respect des différences basées sur des valeurs folkloriques. C’est bien joli, gentil et cela valorise plusieurs personnes mais tout cela n’en reste pas moins une forme de ghettoïsation. Au Québec, nous mettons plutôt l’accent sur l’expérience interculturelle qui repose sur des valeurs d’échange, c’est-à-dire, apprendre de l’autre tout en donnant de notre part. » Elle réfléchit, puis ajoute « Québec vit présentement une fichue évolution ! »
Murielle Swift impute aux médias une grande part du malaise de la population envers les « accommodements raisonnables », ce concept légal qui permet des ajustements à certaines habitudes pour protéger les droits des personnes handicapées ou désirant se soumettre aux exigences de leur religion. « Pendant des années, cela n’a causé aucun problème. Nous avons construit des débarcadères et des rampes pour permettre aux enfants handicapés de fréquenter l’école, par exemple. Mais, lorsque tout récemment, il s’est agi de groupes religieux, la couverture médiatique a changé de ton. Et c’est ce qui a suscité l’irritation de la population, surtout chez les plus âgés. »
Selon Swift, plus les gens se sentiront menacés, plus ils auront recours à l’expression « Nous » et « Eux » pour bien se définir par rapport à ceux qui les insécurisent. « Les Québécois “de souche” redoutent globalement les effets de l’immigration, explique-t-elle, mais, d’autre part, le fait d’être une minorité dans le grand ensemble nord-américain amène une tout autre dynamique. Le Québec doit mobiliser tous ses citoyens afin que les personnes de toutes origines se sentent également profondément québécoises. Le Québec doit construire cette base d’appartenance commune. »
« Le multiculturalisme fait partie de notre identité : quelles que soient nos origines, nous participons d’abord à notre société en tant que Canadiens »
Marc-André Gagnon détient une maîtrise en science politique de l’UQÀM et complète sa thèse de doctorat à l’Université York. Il existerait, d’après lui, une grande différence intergénérationnelle dans les attitudes envers le multiculturalisme qu’il attribue à la Loi 101, adoptée en 1977, afin de contraindre les immigrants d’inscrire leurs enfants à l’école de langue française. Gagnon estime que les parents issus de l’immigration se limitent aux milieux de leurs communautés et leur comportement est encouragé, selon lui, par la politique du multiculturalisme. En revanche, ce sont des résultats positifs tout à fait différents que l’on observe pour leurs enfants qui ont eu à fréquenter le système scolaire québécois. «C’est pourquoi, note-t-il, je trouve cela amusant lorsqu’on parle de communautés grecque ou italienne. C’est une réalité qui décrivait bien les générations précédentes, mais j’ai de la difficulté à percevoir un jeune Canadien d’origine italienne ou haïtienne, comme un Italien ou un Haïtien. Ils font partie de la communauté québécoise et ils participent aux débats de société en tant que Canadiens d’abord. »
«C’est bien vrai, ajoute Ikka. Des gens appartenant à des générations différentes, c’est comme des gens de culture différente. Nous avons vécu des expériences différentes, nous avons des prismes différents à travers lesquels on voit le monde. Bien que cela puisse être une généralisation, j’ai toujours trouvé que les personnes appartenant à des groupes plus âgés sont plus susceptibles de considérer qu’il existe des barrières insurmontables entre les personnes de culture différente ou de croire aux stéréotypes sur les différents groupes, et d’associer les gens à des groupes plutôt que de les voir comme des individus. »
«D’après moi, conclut le professeur Reitz, le multiculturalisme a contribué à promouvoir des attitudes positives sur l’immigration au sein de la population. C’est devenu partie intégrante de notre identité canadienne. Lors d’élections, l’immigration n’est pas un sujet à débattre. Tous les partis politiques canadiens ont des attitudes assez favorables à l’égard de l’immigration, ce qui est bien différent d’autres pays, qui accueillent moins d’immigrants mais où la classe politique peut parfois adopter des positions radicales sur cette question. »
Selon Yvenson, les défis du 21e siècle, tels que la globalisation, signifient qu’il y aura autant un accroissement de l’immigration qu’un besoin de se sentir en sécurité, deux facteurs qui suscitent une certaine inquiétude. «Le Canada doit mettre l’accent sur la confiance en soi, autant sur le plan collectif qu’individuel, estime-t-il, et il doit faire valoir la nécessité d’être participatif au sein de la société. »
Quant à Murielle Swift, ce sont les relations interpersonnelles qui permettent de construire des ponts entre les cultures. «Liez-vous d’amitié avec des gens de différentes cultures, recommande-t-elle. C’est la meilleure façon de se sentir solidaires lorsque surviennent des difficultés. »
Traduction et adaptation en langue française : Jocelyne Archambault.
Cet article fait partie d'une série sur la diversité des valeurs et des croyances religieuses dans les milieux collégial et universitaire réalisée grâce à la contribution financière de :
* Photo : Christopher DeWolf.
** Photo : Gunther Gamper. Le professeur Linds.