Bonsoir mesdames et messieurs,
Je me présente, Georges Dussault, ancien collaborateur et ami de Victor Teboul, qui est honoré aujourd’hui par la remise du Prix Charles-Hindenlang que lui confère le Rassemblement pour un Pays Souverain.
Victor Teboul est né en Égypte, à Alexandrie, en 1945.
En 1956, Victor et sa famille ont dû quitter leur pays natal. Ils auront été parmi les premières familles juives expulsées d’Égypte, à la suite de la guerre de Suez. Ils ont été accueillis par la France où ils vécurent 6 ans jusqu’à leur départ pour le Canada.
En Egypte, bien que francophone, Victor fréquentait l’école de langue anglaise. Arrivé en France et ne pouvant s’habituer au système scolaire français, Victor réussira l’exploit de poursuivre ses études dans une école privée anglaise, et cela grâce à une bourse du gouvernement français !
C’est donc en 1963 que les Teboul sont arrivés au Québec, en pleine Révolution tranquille. À Montréal, Victor poursuivra ses études universitaires auprès de plusieurs établissements de langue anglaise, et ce jusqu’à un doctorat en études françaises et québécoises, qu’il recevra de l’Université de Montréal.
Victor se destinait donc à devenir un spécialiste de la langue de Shakespeare ! Il faudrait que tu nous expliques un jour, cher Victor, ce qui t’a mené au mouvement indépendantiste !
Essayiste et romancier, Victor a eu une carrière d’enseignant. Il a été professeur de littérature au Collège Lionel Groulx et a enseigné l’histoire des communautés culturelles à l’université du Québec à Montréal.
Pour ma part, j’ai connu Victor lorsqu’il dirigeait la revue Jonathan au début des années 1980. La revue était une publication de la Communauté juive, plus précisément du Comité Canada-Israël. Elle jouissait d’une belle couverture dans les médias et d’un excellent rayonnement auprès du public francophone québécois. Elle suscitait de nombreux débats, ce qui la rendait encore plus intéressante. Ayant fait des études en science politique et ayant séjourné en Israël, j’avais proposé ma collaboration à la revue.
La revue Jonathan a su mettre en lumière la diversité de la société québécoise au sein de laquelle s’inscrivait la place de la communauté juive du Québec, et elle posait un nouveau regard sur Israël. Elle attira la collaboration de nombreux auteurs et journalistes du Québec et d’Israël. D’ailleurs messieurs Gérald Godin et Bernard Landry étaient des fans de la revue et appuyèrent plusieurs de ses projets. Une entrevue de M. René Lévesque, réalisé par Victor fit la première page de la revue. Le même entretien fut diffusé sur les ondes de radio Canada en mai 1982. Le texte intégral de cet entretien est publié dans son essai René Lévesque et la communauté juive.
Je me permets d’ailleurs de signaler que Victor a publié récemment une Rétrospective sur Jonathan, intitulée « Pleins feux sur Jonathan », disponible en format numérique.
Pour ma part, à travers différents articles dans la revue, j’ai aussi contribué à sensibiliser le public à de nombreux sujets, notamment à l’émergence de mouvements islamistes et au danger qu’ils représentaient.
Si Victor est indépendantiste, il n’est pas moins critique, autant de ses coreligionnaires que du mouvement souverainiste. Mais, comme on le sait, il dénonce dans ses écrits et ses interventions publiques ceux qui accusent le Québec d’intolérance et d’exclusion.
C’est ce qui explique la fondation du webzine Tolerance.ca qui marque cette année 20 ans d’existence. Si le magazine publie des articles sur la diversité québécoise, il se montre également très critique des mouvements qui accusent la société québécoise de racisme, tout en défendant avec force la liberté d’expression.
Sur ce, je cède la parole à Victor - Lire le discours de remerciement de Victor Teboul
3 juin 2022