Découvrir la différence : des étudiants témoignent
Article rédigé avec la collaboration de Victor Teboul
Dans le cadre du cours de niveau collégial, « Race et racisme », j’invite mes élèves à faire un travail de terrain qui a pour but de les mener à la rencontre de gens des différentes communautés culturelles de Montréal. Ils visitent un quartier et font une entrevue avec une personne ressource. Voici quelques-unes des réactions suscitées par mon cours et par ces visites.
Photo : Pierre-Henri Reney
Mme Christiane Carrère, en compagnie des étudiantes dont les commentaires paraissent ci-dessous.
« …Cesser à tout prix de vouloir nier les préjugés … » - Stéfanie Bouchard
…ce que je retiens le plus de ce cours, c’est que parfois il faut sortir de chez soi et ouvrir les yeux sur le monde qui nous entoure (ce qu’a permis le travail de terrain). Il faut cesser à tout prix de vouloir systématiquement nier ou vouloir cacher les préjugés et stéréotypes que nous avons tous à l’égard de l’« autre ». Il faut chercher à les expliquer et connaître leurs fondements. Bref, le cours « Race et racisme » offre l’opportunité d’élargir ses horizons…
« La chose qui m’a le plus marquée dans ce cours est la dernière partie, à savoir qui est québécois. » - Amélie Filiatrault Charron
…grâce à ce cours, j’ai appris et compris certaines choses qui n’auraient probablement jamais été remises en question. Comme mes collègues de classe et moi-même, je crois qu’on est en mesure de mieux saisir ce qu’est l’ethnocentrisme, le racisme et la discrimination. En effet, je n’aurais jamais pensé que j’étais ethnocentrique (à un certain degré bien sûr!) et je crois même que je ne savais même pas ce que ce terme voulait dire!!!
… la chose qui m’a le plus marquée dans ce cours est la dernière partie, à savoir qui est québécois ou non. Je n’avais jamais pensé qu’une personne d’origine brésilienne qui est ici depuis « x » temps et qui n’avait jamais vu son pays d’origine pouvait se sentir plus québécoise que brésilienne!!! De plus, je suis contente d’avoir vu l’envers de la médaille et de voir comment les immigrants qui arrivent ici se sentent, comment ils s’en sortent. Je l’avoue, je n’ai jamais pensé ce qu’ils pouvaient vivre vraiment…
« Un immigrant ne sera jamais à sa place. Pourquoi ? Parce que nous lui disons: Tu ne viens pas d’ici. » - Jonathan Poitras
J’ai adoré mon expérience de terrain…ce n’était pas la première fois que j’allais dans ce coin, mais je n’avais jamais su que c’était le quartier grec…. je ne savais pas que les Grecs étaient si croyants, il y a trois églises dans moins de 1 km2 .
Comme nous le disait notre personne-ressource, les Grecs sont très croyants parce qu’ils ont toujours été élevés comme cela. Il nous a expliqué aussi que le but premier d’un immigrant est de retourner un jour chez lui, mais le problème est qu’il ne sera jamais à sa place. Pourquoi ? Parce que nous lui disons « tu ne viens pas d’ici », et s’il retourne en Grèce, ils vont lui dire la même chose. Il ne voulait pas partir mais la Grèce était en pleine guerre civile à l’époque. Ses parents ont décidé de venir en Amérique, mais pour eux l’Amérique est un seul pays.
Photo : Gunther Gamper.
L'église Saint-Nectare, rue Hutchison, Montréal.
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Voilà pourquoi c’est un gros problème pour le Québec. Les gens parlent très rarement le français, et ceux qui ne le parlent pas en arrivant ne le parleront souvent jamais, parce que nous sommes encerclés par des millions d’Anglais. Comme avec notre personne-ressource, ça fait 40 ans qu’elle vit ici, elle ne peut pas dire deux mots en français de suite. Ils veulent que nous les respections, alors qu’ils fassent la même chose et qu’ils apprennent le français que parlent tous ceux qui habitent ici.
Pour conclure, ce cours m’a appris en particulier à être plus tolérant avec les gens d’autres cultures.
« Les peuples autochtones ? J’étais de ceux qui pensaient que c’était leur faute, car ils restaient dans leurs réserves à boire. » - Catherine Roussy
Ce cours m’a permis de confronter mes idées et mes réactions. Il m’a permis de voir que j’étais (peut-être encore!) raciste, ethnocentrique et que, assez souvent, j’émettais des préjugés face à l’ « autre ». Ainsi, en ayant l'information requise, grâce au cours « Race et racisme », nous pouvons comprendre nos réactions, ce qui amène, dans la plupart des cas, à l’ouverture d’esprit. Le travail de terrain a été pour moi une expérience enrichissante que je garderai dans mon bagage de connaissances…
…(un) cours qui m’a particulièrement touchée est celui sur les peuples autochtones. Je me suis rendu compte que j’étais vraiment ignorante sur le sujet et je crois qu’il y a beaucoup de personnes dans ce cas. C’EST AFFREUX!…j’étais de ceux qui pensaient que c’était leur faute, car ils restaient dans leurs réserves à boire. Je suis très intéressée et j’avais envie de passer plus de temps sur ce sujet (en savoir davantage). En espérant de ne jamais oublier ce cours pour ne plus laisser de place aux préjugés et aussi apporter à d’autres la même ouverture d’esprit que j’ai présentement.
« Il est difficile de s’y retrouver dans cette société multiethnique où chacun se regarde de haut et a peur de l’autre. » - Stéphanie Roy
Ce que j’ai le plus apprécié dans ce cours, c’est l’expérience de terrain et le travail sur une communauté ethnique de Montréal…le phénomène du racisme est quelque chose à quoi nous sommes confrontés chaque jour, de manière parfois équivoque ou subtile…ce cours aide à comprendre ce que c’est le racisme en général et nous aide à approfondir nos réflexions et à nous poser plus de questions sur les fondements mêmes du racisme, dans nos mœurs et dans la structure sociale…Il est difficile de s’y retrouver dans cette société multiethnique où chacun se regarde de haut et a peur de l’autre.
Article rédigé avec la collaboration de Victor Teboul, correction-révision : Jocelyne Archambalut.
*** L'église grecque-orthodoxe de l'Annonciation et de Saint-Nectare, rue Hutchison, à Montréal. Érigée en 1963, l'église appartient aux chretiens orthodoxes fidèles à l'ancien calendrier julien, un groupe membre de la Communauté grecque de Montréal.