Tolerance.ca
Directeur / Éditeur: Victor Teboul, Ph.D.
Regard sur nous et ouverture sur le monde
Indépendant et neutre par rapport à toute orientation politique ou religieuse, Tolerance.ca® vise à promouvoir les grands principes démocratiques sur lesquels repose la tolérance.

Canada. L'accessibilité au crédit assurée par la stabilité du système financier

Au cours des derniers mois, le Canada a subi les conséquences des baisses importantes enregistrées dans le commerce international et affichées par les prix des matières premières. Toutefois, le fait d'avoir évité un recours excessif à l'endettement a permis à ses institutions financières ainsi qu'à l'ensemble de son économie de demeurer en bonne posture.

Abonnez-vous à Tolerance.ca


Aux États-Unis, le recours croissant à l'endettement à bon marché depuis 2001 a entraîné des changements dans les modes d'investissement et d'épargne qui se sont avérés, en définitive, hasardeux à la fois pour leurs systèmes financiers et économiques. En revanche, le Canada a évité plusieurs des changements de comportement observés aux États-Unis.

L'aspect le plus visible de la crise mondiale du crédit survenue à l'automne de 2008 a été le tarissement de marchés cruciaux liés à la dette aux États-Unis, notamment celui des prêts interbancaires et celui du papier commercial. Le marché du papier commercial aux États-Unis a rétréci de 10 % (ou de 15 milliards de dollars) au quatrième trimestre de 2008. Le crédit aux ménages a également diminué au quatrième trimestre en raison, en partie, de la baisse subite des prêts octroyés par les banques commerciales basées aux États-Unis.

Au Canada, la stabilité du système financier a fait en sorte que la plupart des emprunteurs ont pu continuer d'obtenir du crédit, bien qu'à des prix souvent nettement supérieurs. Malgré le resserrement mondial du crédit, l'emprunt total des ménages s'est accru de 12,1 % entre le troisième trimestre de 2007 et le quatrième trimestre de 2008. Parallèlement, les emprunts des ménages aux États-Unis ont cessé de croître.

Le contexte

Les événements dont les marchés financiers ont été le théâtre ces deux dernières années se sont déroulés dans le contexte de l'évolution des comportements financiers depuis au moins une décennie. Au Canada, les tendances sectorielles des prêts et des emprunts nets ont changé; plus particulièrement, les sociétés et les gouvernements ont enregistré d'importants excédents financiers, tandis que les ménages ont emprunté davantage.

Certaines de ces tendances témoignaient d'un changement de comportement de la part des ménages, ceux-ci choisissant d'investir davantage dans les logements et les actifs financiers (souvent financés par emprunt). Les ménages et les investisseurs ont également augmenté leurs investissements étrangers par l'entremise de leurs avoirs en fonds mutuels et de leurs avoirs de retraite.

Les comptes du bilan national de Statistique Canada révèlent que le bilan des ménages a changé profondément au cours de la dernière décennie. La dette du secteur des particuliers s'est accrue, sa proportion du produit intérieur brut étant passée de 68 % en 2000 à plus de 84 % à la fin de 2008.

Cette hausse a surtout été attribuable à l'augmentation des dépenses au chapitre du logement occasionnées par de faibles taux hypothécaires, la réduction du montant des versements initiaux, l'allongement de la durée des hypothèques et à l'offre accrue de fonds aux emprunteurs par l'entremise de la titrisation. Au Canada, la part des hypothèques titrisées est passée de 5,0 % de toutes les hypothèques en 1997 à 20,0 % au début de 2007, puis à 28,6 % à la fin de 2008.

Alors qu'au Canada les ménages augmentaient leurs emprunts, les administrations publiques et les sociétés réduisaient leur dette. Le passif de la dette publique en proportion du produit intérieur brut est passé d'un sommet de 94,6 % au milieu des années 1990 à 52,4 % au milieu de 2008, surtout grâce au gouvernement fédéral.

Les prêts et les emprunts sectoriels différaient au Canada et aux États-Unis

Les tendances sectorielles à prêter et à emprunter différaient grandement selon que l'on était aux États-Unis ou au Canada. Les non-résidents ont été la seule source constante de prêt net aux États-Unis de 2003 à 2007. Aux États-Unis, les gouvernements ont été des emprunteurs nets tout au long de cette période, tandis qu'au Canada, ils étaient des prêteurs nets.

Les sociétés américaines ont tour à tour prêté et emprunté de petits montants, tandis qu'au Canada, les sociétés ont affiché des excédents record jusqu'à la fin de 2008. De plus, les ménages américains ont emprunté beaucoup plus que les ménages canadiens. Le recours moins important à la dette dans tous les secteurs au Canada s'est révélé important lorsque les conditions de crédit se sont resserrées sur certains marchés après août 2007.

Le taux d'épargne national met en relief les différences de comportement financier général entre le Canada et les États-Unis observées après l'an 2000. Au Canada, le taux d'épargne national a crû pour s'établir à une proportion de plus de 12 % du revenu national, l'augmentation de l'épargne des sociétés et des administrations publiques ayant neutralisé un léger repli de l'épargne personnelle.

Aux États-Unis, le taux d'épargne national a oscillé entre 1 % et 2 % à compter de 2002, avant de diminuer en 2008. Les faibles taux d'épargne personnelle (de moins de 1 % ces dernières années) n'ont pas été contrebalancés par un accroissement de l'épargne par les administrations publiques ou les sociétés. Les emprunts à l'étranger sont ainsi devenus la principale source de fonds aux États-Unis, ce qui correspond aux déficits record du compte courant.

Les dépenses des ménages ont diminué

On se demande pourquoi, lorsque l'on s'interroge sur la dégringolade économique de la fin de 2008, les dépenses des ménages ont diminué plus abruptement au Canada qu'aux États-Unis. En particulier, les ventes d'automobiles ont diminué de 18,8 % de septembre à décembre au Canada, tandis que les ventes de maisons existantes ont chuté de 30,0 %. Aux États-Unis, les baisses correspondantes ont été de 17,5 % et de 13,0 % respectivement à la fin de 2008.

Il était surprenant de voir les ventes diminuer plus rapidement au Canada qu'aux États-Unis compte tenu des plus grandes pertes d'emplois et de richesse survenues aux États-Unis et de la perturbation plus grave qu'on y a observée sur les marchés du crédit.

Au début de 2009, les ventes de voitures et de maisons se sont redressées plus rapidement au Canada qu'aux États-Unis. Au Canada, les ventes unitaires de véhicules automobiles se sont accrues de 8,8 % en mars par rapport à décembre, tandis que les ventes de maisons existantes ont augmenté de 32 % en avril par rapport à leurs creux de janvier. Aux États-Unis, les ventes de véhicules automobiles tout comme celles de logements en avril n'ont dépassé que de 2 % leurs creux.

Cela donne à penser que la confiance fragile des consommateurs a joué un grand rôle dans la diminution des dépenses des ménages au Canada qui s'est produite à la fin de 2008, tout comme les difficultés d'accès au crédit. On s'affairait à corriger rapidement la situation dans l'un et l'autre cas au printemps de 2009.

Source : Statistique Canada, 11 juin 2009


Suivez-nous sur ...
Facebook Twitter