Tolerance.ca
Directeur / Éditeur: Victor Teboul, Ph.D.
Regard sur nous et ouverture sur le monde
Indépendant et neutre par rapport à toute orientation politique ou religieuse, Tolerance.ca® vise à promouvoir les grands principes démocratiques sur lesquels repose la tolérance.

Covid -19 Contrairement à l'avis du directeur de la Santé publique du Québec, des spécialistes recommandent le port du masque pour tous

Nous publions ci-dessous les recommandations des spécialistes québécois qui confirment la nécessité pour tous de porter un masque, contrairement aux hésitations du  directeur de la Santé publique du Québec sur cette question.

----------------------------------

Georges Gao, sommité mondiale en maladies infectieuses et directeur général du Centre pour le contrôle et la prévention des maladies en Chine, dans une entrevue sur la COVID-19 livrée à la revue Science, affirme : « la plus grande erreur aux États-Unis et en Europe, c’est que les gens ne portent pas de masques » !

Les soussignés, infirmières, épidémiologistes, médecins et intervenants en santé, appelons la population à renforcer les mesures de prévention dans la lutte contre la COVID-19. Nous invitons tout le monde à porter un masque non médical dans l’espace public comme mesure de protection supplémentaire pour compléter toutes celles déjà mises en place par les autorités.

Les propos du Dr Gao et de nouvelles données scientifiques ont poussé le CDC américain à modifier ses recommandations le 3 avril, en demandant à tous les citoyens américains de porter un masque dans les lieux publics.

Le Dr de Marchie, intensiviste à l’Hôpital général juif de Montréal, premier centre de traitement de la COVID-19, appuie cette recommandation : « Il faut que tout le monde porte un masque à partir de maintenant. Si vous n’avez pas de masque, mettez un foulard ou un col roulé, mais protégez-vous. »

La République tchèque, la Slovénie et la Slovaquie ont été les pionniers de cette idée en Europe. Ces pays ont, depuis environ deux semaines, exigé le port du masque pour tous dans les lieux publics. L’Autriche a emboîté le pas et impose, depuis quelques jours à peine, le port du masque dans les supermarchés. Les experts français reconnaissent que, malheureusement, à chaque mesure prise par leur gouvernement, ils étaient deux ou trois semaines en retard sur le virus. Tout semble indiquer que l’instauration de mesures précoces donne de meilleurs résultats que la méthode crescendo, exactement comme la Direction de santé publique (DSP) l’a fait pour la fermeture précoce des écoles et la libération des lits dans les hôpitaux.

Nous croyons que la DSP et les autorités gouvernementales doivent maintenant ajuster les recommandations sur le port du masque. Nous nous réjouissons de la position du gouvernement communiquée lundi au sujet des masques non médicaux pour la population générale. Cependant, à notre avis, il n’est pas suffisant de ne pas déconseiller le port du masque. Il est nécessaire d’en recommander fortement le port pour toute personne se trouvant dans un lieu public.

Nous insistons sur le fait que personne ne préconise de remplacer le lavage fréquent des mains ni les autres mesures essentielles pour freiner la progression de l’épidémie. En tant que travailleurs et travailleuses de la santé et devant la pénurie de masques médicaux, nous comprenons les impératifs qui motivent la Direction de la santé publique à éviter d’aggraver la pénurie des masques médicaux. Nous adhérons aux consignes des autorités provinciales et fédérales affirmant que les masques médicaux doivent être réservés au personnel qui soigne notre monde.

Confection

Conscients de ce contexte de pénurie de masques, nous préconisons donc le port d’un masque en tissu ou d’une couverture faciale dans tous les espaces publics.

Peu importe la confection, une protection faciale limite le contact entre les mains possiblement contaminées et les orifices du visage, tels le nez et la bouche. Outre cette protection, le port d’une couverture faciale par tout le monde dans l’espace public rappelle en tout temps que nous sommes en situation épidémique, que l’infection est présente et qu’il faut continuer à protéger et à prévenir.

Et pour que le port d’un masque non médical soit efficace, il faut qu’il soit appliqué par tous ceux qui se trouvent dans les lieux publics où il pourrait être difficile, voire parfois impossible, de garder une distance de deux mètres. Il est donc essentiel que cette mesure fasse l’objet d’une recommandation forte de la part des intervenants de santé et des autorités de santé publique.

Alors, compte tenu des preuves scientifiques qui s’accumulent et du faible impact financier et humain du port généralisé de masques non médicaux en public, nous demandons aux autorités de santé d’ajouter cette mesure supplémentaire à toutes les autres en matière de distanciation sociale, de distanciation physique, d’hygiène et de protection individuelles. Le port généralisé de masques non médicaux doit servir à renforcer et à resserrer les autres mesures de prévention et non les soustraire.

Devant l’urgence sanitaire actuelle et devant un virus qui déjoue les prévisions, nous encourageons la population à porter des masques non médicaux ou d’autres formes artisanales de protection faciale au marché, dans la rue, et même au travail lorsque nécessaire à cause de l’impossibilité de maintenir la distanciation physique en tout temps. Nous croyons que cela offre une protection additionnelle qui ajoute à la force des recommandations déjà en place.

Dans un contexte où nous sommes tous un danger potentiel l’un pour l’autre, libre à nous de promouvoir le masque porté par tous comme nouveau signe de respect et de civilité.


*Signataires : Ghassan Boubez, chirurgien orthopédiste ; Marie-Michelle Bellon, spécialiste en médecine interne ; Isabelle Arsenault, assistante infirmière-chef à l’urgence ; Joanne Liu, pédiatre ; Jean Papacotsia, urgentologue ; Nima Machouf, épidémiologiste ; Amir Khadir, infectiologue.

Une quarantaine d’autres infirmières, médecins, pharmaciens, épidémiologistes, intervenants sociaux et scientifiques signent cette lettre: Dr Walid Boubez, spécialiste en médecine interne Dre Alexandra Hamel, médecin de famille Dr François de Champlain, urgentologue Guillaume Thériault, infirmier de recherche Dre Houda Bahig, radio-oncologue Dre Maroie Barkati, radio-oncologue Dr Félix Nguyen, radio-oncologue Dr Patrice Tétreault, chirurgien orthopédiste Dr Zhi Wang, chirurgien orthopédiste Dre Marie-Laurence Monast, médecin de famille Henry Mintzberg, Cleghorn Professor of Management Studies, McGill University Marjan Hatami, pharmacienne Dr Jean-Simon Létourneau, spécialiste en médecine d’urgence Dr Richard Fleet, Titulaire, Chaire de recherche en médecine d’urgence-Université Laval Dr. Leslie K. Breitner, Academic Director, International Masters for Health Leadership (IMHL), McGill University Dre Nadine Lahoud, spécialiste en médecine interne Dr David Béchard, spécialiste en médecine interne Dre Chantale Giard, urgence Dre Caroline Thibault, urgence Dre Valérie Dagenais, urgence Isabelle Arsenault, assistante infirmière chef, urgence Mélissa Tremblay, assistante infirmière chef, urgence Annie Toupin, infirmière clinicienne, urgence Catherine Bourque, infirmière, urgence Esther François, infirmière clinicienne, urgence Sylvie Moisan, infirmière, urgence Andrée April, assistante infirmière chef, urgence Dre Julie Choquet, médecin de famille à l'hospitalisation et obstétrique Dre Marieke Gardner, urgence Andréa-Stéphanie Labrecque, diététiste-nutritionniste en hôpital Karine Paul-Hus, diététiste-nutritionniste en hôpital Danie Ouellette, diététiste-nutritionniste en hôpital Martin Duquette, pharmacien Dr Maxim Régimbal-Ethier, médecin de famille Gengis Grenier, infirmier Pierre-Jean Maziade, microbiologiste-infectiologue et officier de prévention des infections en hôpital.

Paru dans Le Devoir, le 8 avril 2020.

9 avril 2020



Réagissez à cet article !

L'envoi de votre réaction est soumis aux règlements et conditions de Tolerance.ca®.
Votre nom :
Courriel
Titre :
Message :
Suivez-nous sur ...
Facebook Twitter