À son émission du 8 février 2009, Tout le monde en parle a reçu Anne-Krystel Goyer, une jeune Québécoise qui fait la couverture de Playboy, et les animateurs, qui ont pourtant déjà reçu Arielle Dombasle, se sont attardés à lui faire la morale. Que penserait son copain ? Combien lui ont-ils versé ? Et même -ô sacrilège !- cette jeune et charmante personne aurait participé, - en plus ! - à un party chez Hugh Hefner…
C’est «décadent» s’est exclamé le co-animateur, à qui on souhaiterait un peu plus de tolérance à l’égard des hétéros, lui, qui affiche ouvertement son homosexualité dans cette même émission (rappelons son entrevue avec l’ancien chef du Parti québécois, André Boisclair). Décadent ? aurait-on envie de demander à ce monsieur qui ne faisait nullement de l’ironie. C’est plutôt bien angélique comparé à ce que l’on voit dans les partys «gais» à Montréal et ailleurs.
En écoutant les questions et les réactions moralisatrices des animateurs de l’émission à l’endroit de la jeune femme, qui fait la couverture de Playboy, je me suis demandé pourquoi, chez nous, on était parfois aussi puritain et provincial ? Aurait-on osé poser la même question touchant les honoraires à une Française, telle que madame Dombasle, dont le spectacle au Crazy Horse a fait courir le Tout-Paris ? Ou mieux, à un politicien ? Peut-être que cette émission porte bien finalement son surnom de «Grande messe dominicale» si l’on observe les applaudissements de l’auditoire qui applaudit au moindre signal des «grands prêtres».
J’ai été tiraillé, je l’avoue, ce 8 février 2009, entre cette émission et Star Académie, diffusée sur le réseau TVA, et j’ai donc zappé. Je suis séduit par la manière dont Star Académie valorise les talents des jeunes Québécois, quels que soient leur origine et leur milieu social, et on le fait sans aucune prétention. Aussi, comment ne pas être fasciné par la manière dont les producteurs mobilisent les milieux auxquels appartiennent ces jeunes ? Des milieux qui ne se limitent d’ailleurs pas au Québec puisqu’une jeune fille originaire du Nouveau-Brunswick en faisait partie. Les familles, les collègues de travail, les amis, tout le monde y participe. Cela est vraiment émouvant.
À l’inverse, Tout le monde en parle qui, pourtant, se voulait une émission qui combinerait le divertissement et la discussion intelligente sombre cette année dans les platitudes.
À la même émission du 8 février 2009, on est revenu une fois de plus (eh oui !) sur l’épisode de Bye Bye 2008. Sans doute que l’on n’a pas encore digéré que certains aient osé se plaindre de la bévue de notre société d’État, lors de l’émission du 31 décembre 2008.
Les invités étaient, cette fois-ci, deux animateurs noirs, Didier Lucien et Angelo Cadet qui, à mon avis, ont le mérite de ne pas jouer des rôles de Noirs, dans l’émission d’humour de Canal Vox qu’ils animent.
Ce fut intéressant de remarquer un bref silence de leur part lorsqu’on a abordé l’épisode de Bye Bye 2008. Ils ont finalement osé dire ce que toute personne sensible à la réalité de la diversité québécoise sait, à savoir que Bye Bye 2008 a blessé des téléspectateurs qui n’ont pas trouvé drôles certains sketches de cette fameuse émission.
Sauf que -et c’est regrettable- ils ont jugé bon d’attaquer le plaignant, soit Dan Philip, en le qualifiant de «dépassé».
N’auraient-ils pas plutôt dû saluer le travail d'un homme de sa stature qui a pu et su se battre contre le racisme, et ce, avec des moyens modestes et depuis des décennies ? Est-ce leur appartenance au monde du divertissement québécois qui les a poussés à se désolidariser du fondateur de la Ligue des noirs du Québec ?
Par ailleurs, Didier Lucien et Angelo Cadet, en tant qu’animateurs du gala des prix SOBA (Sounds of Blackness Awards), auraient pu -et dû- nous informer sur le but de ce gala, plutôt que - cela m'a d'ailleurs étonné -de s’en dissocier, et nous parler un peu plus du Mois de l’histoire des Noirs, qui est célébré chaque année au Canada en février et qui constitue une occasion unique pour faire connaître la place qu’occupent aujourd'hui les communautés noires, dont la présence chez nous remonte à plus d’un siècle et demi.
Mais là encore, l’émission a raté une excellente occasion d’associer divertissement et information.
Enfin, l’entrevue avec Pol Pelletier n’était pas dénuée d’intérêt, sauf que … je me suis demandé pourquoi elle y était invitée ? Avait-elle un spectacle à annoncer ? Madame Pelletier a jugé bon de se lamenter sur le déclin du mouvement féministe au Québec. Y avait-il un lien quelconque avec la sortie du film Polytechnique ? Toujours est-il que nulle part, lors de l'entretien avec madame Pelletier, a-t-il été question de la condition des hommes québécois, sujet auquel Guy A. Lepage n’est pourtant pas insensible. Est-ce que cela aurait été si difficile pour les recherchistes de M. Lepage que d’inviter des auteurs québécois qui ont abordé la question, tels que Marc Chabot ou Guy Corneau ? On aurait peut-être pu en savoir un peu plus sur la condition des hommes du Québec, dont on connaît malheureusement le fort taux de suicide ainsi que le taux d’échec élevé des plus jeunes, sur le plan académique.
Cela aurait permis d’en débattre à partir de livres tout en donnant la parole à des écrivains. Mais les débats ayant comme point de départ des livres et des écrivains ne semblent pas faire partie des habitudes de ce type d’émission. Et c’est dommage. Peut-être que les producteurs de Tout le monde en parle pourraient se laisser inspirer d’émissions telles que On n’est pas couché, cela leur donnerait peut-être quelques idées… Après tout, ils se sont bien inspirés de l’émission de Thierry Ardisson.