Tandis que le gouvernement libéral du Québec, dirigé par M. Philippe Couillard, annonce que l'on s’apprête à augmenter à 60.000 le nombre d’immigrants, la situation des itinérants à Montréal continue de s’aggraver. Depuis l’adoption il y a deux ans de la Politique nationale de lutte contre l’itinérance, le gouvernement n’a cessé d’effectuer des coupes à l’aide sociale, en santé, en logement social, en éducation et dans le soutien aux organismes.
« En agissant ainsi, le gouvernement fait le contraire de ce que prescrit la Politique en itinérance, car tant les actions en prévention que celles pour réduire le problème sont coupées» dénonce Anne Bonnefont, organisatrice communautaire au Réseau d'aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM).
La publication L’itinérance à Montréal – Au-delà des chiffres, produit par le RAPSIM démontre en effet un accroissement du phénomène de l’itinérance dans un nombre grandissant de secteurs de Montréal, réalité constatée tant par les organismes, les élus, les services sociaux que le service de police.
Les visages de l’itinérance sont certes toujours aussi nombreux dans le centre-ville, affirment les auteurs du document, mais aussi désormais dans davantage de quartiers. Ceux qu’on y retrouve sont plus variés, avec notamment une présence forte d’hommes de plus en plus vieux et de pesonnes autochtones. Il y aussi de nombreuses femmes en situation d’itinérance, même si elles sont souvent moins visibles. On retrouve également un nombre de plus en plus élevé de personnes immigrantes ou issues de l’immigration, alors que beaucoup se retrouvent aussi sur un mince fil qui les sépare de la rue. L’itinérance des jeunes s’est transformée, mais demeure un problème majeur et est constatée jusque dans l’Ouest de l’ile.
La tolérance ou la répression de l’itinérance se vivent de façon différente selon les quartiers et sont en évolution. Dans Hochelaga, dans le Plateau, le Sud-ouest, l’arrivée de nouvelles populations, la construction de condos exercent des pressions importantes. Le constat de ces différentes situations d’itinérance fait l’objet d’une certaine reconnaissance, ce dont le RAPSIM se réjouit. Dans Ville-Marie et Hochelaga, les élu-e-s de tous les paliers nomment cet enjeu depuis plusieurs années.
« Le portrait qui se dégage doit interpeller les élu-e-s de la ville pour que davantage soit fait au niveau de l’itinérance. Dans ce qui est de son ressort, la Ville de Montréal peut faire plus, tel au niveau des maisons de chambres et de l’intervention de la police. La Ville doit surtout appuyer les demandes pour que les gouvernements supérieurs investissent dans les différentes actions nécessaires » insiste Pierre Gaudreau, coordonnateur du RAPSIM. Un constat qui interpelle Québec et Ottawa.
La publication de ce portrait de l’itinérance survient à quelques jours du dépôt des budgets du gouvernement du Québec, puis du gouvernement fédéral.
Pour le RAPSIM, les diverses situations d’itinérance qui sont constatées à Montréal montrent l’importance que ces budgets donnent un coup de barre dans la lutte à l’itinérance. Pour le RAPSIM, le 3e budget Leitao du gouvernement du Québec, qui sera déposé jeudi le 17 mars, doit annoncer des réinvestissements majeurs.
Le premier budget du gouvernement Trudeau doit aussi annoncer des budgets importants en lien avec l’itinérance. Le gouvernement doit rétablir une approche globale avec sa Stratégie de partenariats de lutte contre l’itinérance et accroître le budget de celle-ci qui n’a jamais augmenté depuis 1999. Le RAPSIM demande aussi qu’Ottawa investisse les fonds prévus pour assurer le maintien du parc de logements sociaux déjà construits et en développer de nouveaux.
Informations : www.rapsim.org
L’itinérance à Montréal – Au-delà des chiffres