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1956 - L'Exode des Juifs d'Égypte, ces réfugiés oubliés de l'Histoire

par
Ph.D., Université de Montréal, Directeur, Tolerance.ca®
© un.org*

Au moment de l'éclatement du conflit du canal de Suez, en 1956, le gouvernement égyptien accuse les quelque 55 000 juifs résidant en Égypte de collusion avec Israël et les menace tous d'expulsion immédiate. Face aux pressions internationales, les autorités vont surseoir à cette mesure extrême et choisiront plutôt de harceler les Juifs d’Égypte afin de provoquer leur départ. Elles vont ainsi procéder à la nationalisation des entreprises appartenant à des juifs, à la séquestration de leurs biens, à des licenciements et à des arrestations. Ces mesures frapperont aussi bien les juifs détenant la citoyenneté égyptienne que les juifs étrangers ou apatrides. Voir le roman de Victor Teboul sur l'exode des Juifs d'Égypte, en 1956, «La Lente découverte de l'étrangeté». Disponible en cliquant ICI
 

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Origines du conflit

Nous sommes en 1956. Alors que la situation entre Israël et ses voisins arabes est très tendue, les troupes britanniques stationnées dans la zone du canal de Suez quittent l'Égypte, le 18 juin 1956, conformément à l'accord conclu, en octobre 1954, entre ce pays et le Royaume-Uni.

Un mois plus tard, soit le 19 juillet 1956, les États-Unis annoncent à l'Égypte que, contrairement à ce qui était prévu, ils ne lui accordent pas le prêt de plus de 50 millions de dollars pour la construction du grand barrage d'Assouan ; le lendemain, le Royaume-Uni et la Banque mondiale renoncent également à accorder un prêt à l'Égypte.

Le 26 juillet, le colonel Nasser, chef de l'État égyptien, nationalise le canal de Suez et prend la tête du mouvement nationaliste arabe.

Pourtant, à la fin du mois d'octobre 1956, ce sont les événements de Hongrie qui retiennent l'attention générale.

Mais la situation change brusquement le 29 octobre : en accord avec le Royaume-Uni et la France, Israël attaque l'Égypte, ses troupes pénètrent dans la bande de Gaza et dans le Sinaï, alors que les gouvernements de Londres et Paris, dans un ultimatum daté du 30 octobre, menacent d'occuper la zone du canal de Suez. En lançant cette guerre contre l'Égypte, Israël espérait mettre fin aux attaques de groupements palestiniens, dont les principales bases opérationnelles se situaient dans la bande de Gaza et dans le Sinaï. Pour les Français, il s'agissait avant tout de priver l'insurrection algérienne du soutien de l'Égypte, alors que le Royaume-Uni entendait freiner la montée du nationalisme arabe et reprendre le contrôle du canal.

L'armée israélienne continue son avance, poursuit les troupes égyptiennes dans le Sinaï, les aviations française et britannique bombardent les aéroports égyptiens.

Le 5 novembre, les Israéliens occupent la bande de Gaza et le Sinaï jusqu'à Charm el-Sheikh. De leur côté, les troupes françaises et britanniques débarquent à Port Fouad et à Port-Saïd, puis progressent le long du canal.

Mais, le 2 novembre, l'Assemblée générale des Nations Unies adopte une résolution demandant le cessez-le-feu immédiat et, le 5 novembre, elle vote la création d'une force d'urgence chargée d'assurer et de superviser la cessation des hostilités. Le 7 novembre, sous la pression des États-Unis et de l'Union soviétique, les belligérants acceptent le cessez-le-feu; celui-ci prévoit que les troupes franco-britanniques seront remplacées par la force d'urgence des Nations Unies; cette relève s'achève le 24 décembre 1956, Israël garde ses positions dans la bande de Gaza et sur le golfe d'Akaba jusqu'en mars 1957, date à laquelle ses troupes se retirent et sont remplacées par un contingent de l'ONU.

Durant les combats, les Israéliens ont capturé plus de 5 000 prisonniers de guerre égyptiens, alors que l'Égypte, qui détient quatre militaires israéliens, expulse des milliers de juifs, ainsi que des étrangers notamment des ressortissants du Royaume-Uni vivant sur son territoire. Enfin, la population civile des territoires occupés par Israël subit également les conséquences de la guerre.

Les Juifs d’Égypte accusés de collusion avec Israël
par le gouvernement égyptien


Au moment de l'éclatement du conflit du canal de Suez, en 1956, le gouvernement égyptien accuse les quelque 55 000 juifs résidant en Égypte de collusion avec Israël et les menace tous d'expulsion immédiate. Face aux pressions internationales, les autorités vont surseoir à cette mesure extrême et choisiront plutôt de harceler les Juifs d’Égypte afin de provoquer leur départ. Elles vont ainsi procéder à la nationalisation des entreprises appartenant à des juifs, à la séquestration de leurs biens, à des licenciements et à des arrestations. Ces mesures frapperont aussi bien les juifs détenant la citoyenneté égyptienne que les juifs étrangers ou apatrides. 

Le CICR adresse le 27 novembre 1956, un télégramme au gouvernement égyptien pour lui demander de surseoir à toute mesure d'expulsion immédiate et pour proposer qu'un délai suffisant soit accordé, afin d'assurer le respect des dispositions de la IVe Convention de Genève.

Dès lors, les délégués du CICR en Égypte s'occupent activement des juifs apatrides ou déchus de la nationalité égyptienne qui souhaitent émigrer, et le CICR met au point un programme de transport par bateau d'Alexandrie vers la Grèce et l'Italie. C'est ainsi que, du 2 janvier au 14 septembre 1957, la délégation affrète 14 navires qui transportent 7 190 apatrides juifs à destination de Naples ou du Pirée. À leur arrivée, ils reçoivent l'assistance des Croix-Rouges italienne et grecque, ainsi que celle des branches locales des associations israélites internationales qui se chargent de leur trouver un pays d'accueil définitif (lequel sera, le plus souvent, l'État d'Israël).

À partir de la fin de l'année 1957, le gouvernement égyptien renverse sa politique envers les juifs résidant sur son territoire : il freine désormais leur départ, afin qu'ils n'aillent pas renforcer le potentiel démographique d'Israël. Il n'y a donc plus de départs collectifs, mais les émigrants désirant quitter l'Égypte individuellement continuent de recourir aux services de la délégation du CICR. Celle-ci les conseille et les appuie dans les nombreuses démarches administratives qu'ils doivent entreprendre; cependant, le nombre des départs diminue considérablement et la délégation est réduite à un seul délégué à partir du 1er janvier 1961; mais les autorités égyptiennes ne voient plus d'utilité à une présence du CICR et, au printemps 1962, elles ordonnent à sa délégation du Caire de fermer ses bureaux, ce qui sera fait le 31 décembre de la même année.

Lire aussi : Le Départ d’Égypte - le roman La Lente découverte de l'étrangeté de Victor Teboul a pour cadre l'expulsion des Juifs d'Égypte. 

Les principales données du texte ci-dessous ont été reprises du site du Comité international de la Croix rouge :
http://www.icrc.org/web/fre/sitefre0.nsf/htmlall/5FZEYY?OpenDocument



* Le président égyptien Gamal Abdel Nasser discutant du rôle des Nations unies en compagnie du secrétaire général de l'ONU, Dag Hammarskjöld, en décembre 1956.



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Victor Teboul est écrivain et le directeur fondateur de Tolerance.ca ®, le magazine en ligne sur la Tolérance, fondé en 2002 afin de promouvoir un discours critique sur la tolérance et la diversité. 

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