Dans son reportage de fin de soirée du dimanche 2 septembre 2012, diffusé aux informations nationales de la télévision de Radio-Canada, les immigrants du Québec auraient non seulement le droit de vote, mais en plus pencheraient en faveur du parti Coalition Avenir Québec et seraient en train de délaisser le Parti libéral de monsieur Jean Charest.
Or, pour quiconque connaît la réalité immigrante, les immigrants, qui ne sont pas naturalisés canadiens, n’ont pas le droit de vote.
Statistiques Canada définit ainsi le terme immigrants : «Personnes résidant au Canada qui sont nées hors du pays, à l’exclusion des travailleurs étrangers temporaires, des citoyens canadiens nés à l'étranger et des détenteurs d'un visa d'étudiant ou de travail.»
Manifestement, pour Louis-Philippe Ouimet, l’auteur du reportage, qui est allé interviewer des Québécois dans le quartier de Parc-Extension et au quartier chinois, toute personne portant un sari, un turban, un voile, qui aurait la peau le moindrement foncée, ou l’accent «étranger» serait donc automatiquement un immigrant, et au surplus, irait voter le 4 septembre …
Que de contradictions pour la chaîne française de notre société d’État qui ne semble pas connaître pas la différence entre le terme de citoyen canadien et celui d’immigrant.
Pourtant la Loi électorale du Québec est claire. Elle dit bien notamment que «toute personne qui a 18 ans accomplis et est de citoyenneté canadienne» possède la qualité d’électeur.
Le plus étonnant, c’est que M. Jacques Beauchemin, sociologue à l’Université du Québec à Montréal, reprend le même terme, sans le nuancer, dans ses explications dans le cadre du reportage.
La société d’État affiche aussi ces informations contradictoires et erronées sur son site avec tableaux et manchette à l’appui, sous le titre : Boussole électorale : la voix des immigrants (sic) où, lorsqu’on clique sur la vidéo, l’on découvre deux catégories d'électeurs, soit celle des «immigrants» et celle des votants «nés au Québec ».
Selon ce raisonnement, le député sortant du Parti québécois, M. Maka Kotto, originaire du Cameroun et donc né à l’étranger, M. Amir Khadir, également député sortant, né en Iran, et co-président de Québec Solidaire ou Mme Djamila Benhabib, candidate du Parti québécois, et née en Ukraine, seraient-ils tous des immigrants ?
La langue française est pourtant assez riche en termes inclusifs permettant de décrire cette réalité si difficile semble-t-il à circonscrire pour notre société d'État, tels que : Nouveaux québécois, Québécois de souche récente, etc. etc.
«La voix des immigrants (sic) ne s'est pas beaucoup fait entendre au cours de la campagne électorale» de dire en plus madame Pascale Nadeau en introduction à ce reportage. Il s'agit bien sûr des communautés d'une autre origine que canadienne-française. Faut-il s’étonner que la voix de ces communautés ne s'est pas beaucoup fait entendre, lorsqu’on juge de la manière dont on en assure la couverture ?
3 septembre 2012
J'ai reçu de la part d'un ami sociologue et lecteur fidèle de Tolerance.ca, les précisions suivantes :
Correctif
Statistique Canada donne la définition suivante :
Définition
Immigrant s'entend d'une personne qui est ou qui a déjà été un immigrant reçu/résident permanent. Un immigrant reçu/résident permanent est une personne autorisée à vivre au Canada en permanence par les autorités de l'immigration. Les immigrants sont soit citoyens canadiens par naturalisation (le processus d'obtention de la citoyenneté), soit résidents permanents (immigrants reçus) en vertu des dispositions législatives canadiennes. Certains immigrants résident au Canada depuis un certain nombre d'années, alors que d'autres sont arrivés récemment. La plupart des immigrants sont nés à l'extérieur du Canada, mais un petit nombre d'entre eux sont nés au Canada.
Donc, un immigrant est quelqu'un qui est né en dehors du pays, indépendamment de son statut de citoyen ou de résident permanent. C'est dans ce sens que le terme est utilisé dans la plupart des discussions, ainsi que dans la plupart des études universitaires. Peut-être ceci pourrait relativiser tes remarques ? Bien sûr il reste les représentations sociale et le rôle attribué aux gens. Beaucoup d'immigrants (au sens de Statistique Canada) en ont marre d'être traités 'd'immigrants' au sens de gens qui ne sont pas encore tout à fait d'ici... Dans ce sens, tes remarques sont pertinentes.
(Mis à jour par Victor Teboul)