«J’attends celui qui aurait dû rester chez lui», martèle le rappeur Manu Militari dans sa dernière production, L'attente, qui était programmée à être lancée en septembre prochain pour marquer - écoutez bien - le onzième anniversaire des attaques terroristes sur le World Trade Center - et oui !
Dans la vidéo du rappeur, celui-ci se met dans la peau d’un Taliban poseur de bombes qui fait feu sur des soldats et exécute l’un d’entre eux, tandis que ce dernier se cachait derrière son véhicule.
La cerise sur le sundae : le rappeur a déjà reçu, en trois ans, près de 110 000 $ de subventions de la part de Musicaction, une organisation qui aide les artistes émergents québécois dont le financement provient de Cogeco, Astral et Sirius XM. Musicaction reçoit aussi des subventions de Patrimoine Canadien.
Des femmes lapidées par les Talibans qui interdisent aux filles l’éducation ? Des hommes décapités ? Des Canadiens et des Québécois morts au combat en Afghanistan ? Le rappeur connaît-il ces réalités ? Aucun journaliste ne lui pose ces questions. Mais nos militaires protestent, et avec raison.
Réponse du rappeur ou plutôt de ses représentants (sic) : «Comme il l’a déclaré à plusieurs reprises, Manu Militari n’a pas cherché à provoquer ni heurter personne, encore moins à faire l’apologie de belligérants (sic). Bien au contraire, cette chanson est une dénonciation de la guerre et de la diabolisation des humains qui la font, d’un bord comme de l’autre. Manu Militari regrette sincèrement que ses propos aient été si mal interprétés et déplore la distorsion de communication dont son clip a fait l’objet.
"Je respecte et partage les valeurs de mes concitoyens canadiens et condamne toute action talibane. Le clip vidéo présente le point de vue d'un insurgé afghan. Il a été mal perçu et mal compris par certains, notamment les militaires. Je n'ai jamais voulu insulter ni manquer de respect à personne. J'ai pris la décision personnelle de retirer la vidéo. La chanson ne figurera pas sur l'album non plus".»
Ne devons-nous pas plutôt nous interroger sur le sens du jugement qu’ont nos organismes de financement ? Faut-il que de telles absurdités arrivent sur la place publique pour que ces derniers assument leurs responsabilités ?
«Surnommé « la première plume du rap québécois », le rappeur Manu Militari, authentique, pur, dur et cru, s’est encore imposé avec son Crime d’honneur (Félix de l’album hip-hop de l’année 2010), confirmant sa position de chef de file de l’underground d’ici», peut-on lire sur le site annonçant son prochain spectacle, en juillet prochain, à Chicoutimi.
Son dernier album, lit-on aussi, se démarque par une maturité et un sens du verbe hors du commun, dont la critique en fait l’éloge. Manu Militari est sans aucun doute l’un des artistes ‘’phare’’ du mouvement hip hop ! »
Artiste phare ?
29 juin 2012