Justin Trudeau s’est encore une fois mis les pieds dans le plat, lors d’une émission radiophonique cette fois-ci, en affirmant dimanche 12 février 2012, que si le Canada, sous le gouvernement conservateur, s’en allait «trop vers la droite», peut-être qu’il songerait «à vouloir faire du Québec un pays». «Oh oui! Absolument, a-t-il renchéri, si je ne reconnais plus le Canada, moi, mes valeurs, je les connais très bien», a-t-il affirmé.
S’adressant à un auditoire francophone, le député libéral de la circonscription de Papineau, à la Chambre des communes du Canada, a évidemment profité pour le caresser dans le sens du poil. Lorsque le Québec n’est pas impliqué dans la gouvernance du pays, celui-ci s’oriente vers la droite. C’est qu’au Québec, nous aurions une tendance à être socialement responsables et ouverts aux autres, une fierté québécoise qui serait nécessaire pour le Canada, a-t-il expliqué.
On est en droit de se demander si monsieur Trudeau junior n’est pas déphasé alors que deux nouveaux partis de droite viennent de naître au Québec et que l’un d’eux arrive premier dans les sondages…
Mais voilà que Justin Trudeau retire ses propos incriminants sur la séparation du Québec et qu’il s’enflamme devant les journalistes, 48 heures plus tard, en réaffirmant, haut et fort, son allégeance fédéraliste. Comment peut-on douter de son amour pour le Canada alors qu’il «vit ce pays dans ses os » s’est-il demandé en anglais devant les micros. La question n’est pas de savoir si Justin Trudeau soudainement n’aime plus ce pays, a-t-il expliqué en parlant de lui-même à la troisième personne, parce que «la question est ridicule. J’aime ce pays et nous savons que j’aime le Canada».
Alors que certains membres du Bloc Québécois, formation qui siège au Parlement fédéral canadien et réclame la sécession du Québec (on n’en est pas à une contradiction près au Canada), se sont réjouis de cette incartade du descendant de l’auguste ancien premier ministre fédéral – ils se sont même dit prêts à l’accueillir dans leurs rangs (naïvetés pour naïvetés…) -, ses adversaires conservateurs n’ont évidemment pas manqué de le railler copieusement.
Rappelons que le jeune Justin n’est pas à une naïveté près : n’a-t-il pas déjà déclaré péremptoirement, qu’il n’était pas à l’aise avec l’expression «crimes d’honneur » parce que, précisait-il, cela était «péjoratif» ? On connaît, depuis, l’aboutissement qu’a eu l’affaire Shafia.
Il faut en savoir gré aux commentateurs des journaux anglophones du Canada d’avoir servi les semonces les plus dures à l’endroit du jeune Trudeau.
Par ces déclarations, Justin Trudeau révèle son manque de maturité politique et son côté narcissique, de commenter les analystes politiques interviewés par le Ottawa Citizen. On a pu ainsi prendre la mesure de l’aspect superficiel de son statut dans le firmament de la profondeur de la pensée libérale, a déclaré ironiquement le professeur Barry Cooper de l’Université de Calgary.
J’aurais attribué les commentaires de Trudeau à un adolescent, a déclaré, pour sa part, le philosophe politique Tom Darby au même journal. Cela est irresponsable, faux et dénote même un manque de loyauté. Il a bien raison de déclarer que, contrairement à son père, il n’est pas un intellectuel ; ses commentaires immatures le démontrent bien, a ajouté le professeur.
Certains s électeurs, toutefois, qui rêvent sans doute d’une dynastie Trudeau, semblent le placer parmi les favoris dans la campagne au leadership du Parti libéral du Canada. Selon le dernier sondage, il aurait reçu les faveurs de 26 % des répondants, ce qui le placerait au deuxième rang, suivant de près M. Bob Rae, le leader intérimaire du PLC.
Serait-il intéressé à diriger le Parti libéral du Canada ? «Pas cette fois-ci», aurait-il déclaré publiquement, selon une journaliste du National Post qui qualifie le jeune Trudeau de «charismatique»…
15 février 2012