En 2008, un travailleur de 50 ans pouvait espérer passer trois années et demie de plus en emploi que son homologue du milieu des années 1990, selon un indicateur permettant de suivre l'évolution des comportements des Canadiens face à la retraite.
Selon cet indicateur, depuis le milieu des années 1990, les travailleurs âgés auraient de plus en plus tendance à reporter leur retraite. Cette tendance est conforme avec la hausse du taux d'emploi des Canadiens âgés ayant débuté autour de la même période.
Selon cette mesure, en 2008, un travailleur de 50 ans pouvait espérer passer encore 16 années en emploi. Cela correspond à environ 3,5 années de plus que ce qui était observé pour les Canadiens du même âge vers le milieu des années 1990, lesquels pouvaient espérer passer encore 12,5 années en emploi. Cette hausse de 3,5 années était observée chez les hommes et les femmes.
Durant les années 1980 et le début des années 1990, on assistait à une tendance marquée en faveur des retraites hâtives, mouvement encouragé par les déficits élevés du secteur public et par la réduction des effectifs de plusieurs entreprises du secteur privé. Cependant, depuis le milieu des années 1990, le vent semble avoir tourné.
Depuis son creux de 22 % atteint en 1996, le taux d'emploi des personnes de 55 ans et plus a augmenté de façon continue pour atteindre 34 % en 2010. Le taux d'emploi de 2010 était même plus élevé qu'en 1976 alors qu'il atteignait 30,2 %.
Renversement de la tendance du taux d'emploi des personnes de 55 ans et plus depuis le milieu des années 1990
Durée de la retraite
Même s'ils reportent leur retraite, les Canadiens ne passent pas nécessairement moins de temps à la retraite.
La tendance au report de la retraite a eu pour effet de stabiliser la durée anticipée de la retraite. Cela en raison d'une augmentation comparable de l'espérance de vie.
La durée anticipée de la retraite a augmenté de 1977 au milieu des années 1990 et est demeurée relativement stable depuis. Entre 1977 et 1994, la durée anticipée de la retraite chez les hommes a augmenté considérablement pour passer de 11,2 années à 15,4 années. En 2008, elle était de 15 années.
La tendance pour les femmes était semblable. Entre 1977 et 1996, la durée anticipée de la retraite pour les femmes a augmenté pour passer de 16,4 ans à 20,6 ans. En 2008, les femmes pouvaient espérer passer 19 années à la retraite.
Lorsqu'elle est exprimée en proportion de l'espérance de vie, la durée anticipée de la retraite à partir de 50 ans observée en 2008 était semblable à celle observée en 1977.
En 2008, un homme de 50 ans pouvait espérer passer 48 % de son espérance de vie restante à la retraite comparativement à 45 % en 1977. En 2008, les femmes pouvaient espérer passer 55 % de leur espérance de vie restante à 50 ans à la retraite, soit une proportion presque identique à celle de 1977.
Taux d'emploi
Le taux d'emploi des personnes de 55 ans et plus a grandement augmenté au cours des dernières années. De 1997 à 2010, le taux d'emploi des hommes est passé de 30,5 % à 39,4 % et celui des femmes, de 15,8 % à 28,6 %.
Cette croissance importante semble en contradiction avec la stabilité de l'âge moyen de la retraite, qui est demeuré à environ 62 ans depuis 2004.
L'étude démontre que l'âge moyen de la retraite est peu sensible aux reports de retraite. De plus, cet indicateur est touché par la structure par âge des travailleurs âgés. La structure par âge a changé rapidement depuis l'arrivée des baby-boomers. L'âge moyen de la retraite n'a donc pas reflété avec précision l'évolution des comportements face à la retraite.
Stabilité de l'âge moyen de la retraite depuis 2004
Heures de travail
Le report de la retraite pourrait atténuer certains défis économiques liés au vieillissement démographique. Cependant, il est important de tenir compte des heures de travail puisqu'en diminuant, elles pourraient amoindrir l'effet du report de la retraite sur les heures annuelles et sur la croissance économique.
Les personnes de 55 ans et plus travaillaient une heure de moins en moyenne par semaine en 2010 en comparaison de 1997.
À elle seule, l'augmentation des effectifs de 55 ans et plus a contribué à augmenter les heures annuelles de 48 % entre 1997 et 2010. Pourtant, les heures annuelles ont augmenté de 87 % durant cette période.
Cette étude démontre donc que le report de la retraite observé depuis le milieu des années 1990 a eu un effet positif important sur les heures annuelles, et ce, malgré la baisse des heures hebdomadaires moyennes.