Le maire du Plateau Mont-Royal, Luc Ferrandez, s’insurge contre Loto-Québec et somme la société d’État de ne pas ajouter de nouveaux appareils de loterie vidéo sur le territoire de son arrondissement. S’exprimant, je présume, au nom de ses élus, le maire de cet arrondissement en rajoute dans un deuxième communiqué, et s’indigne : «Nous restons résolument opposés à la présence de ces machines, dans notre quartier et dans tout le Québec, insiste-t-il. »
Selon le communiqué du maire, son action serait soutenue par huit organismes de lutte contre la pauvreté du Plateau. Les experts qui auraient étudié cette question, précise M. Ferrandez, seraient unanimes à dire que cette forme de jeu a des effets particulièrement néfastes sur la santé publique. Il serait démontré que les appareils de loterie vidéo généreraient le plus grand nombre de cas de jeu compulsif au Québec. Le nombre de suicides, de divorces, de faillites et de crimes liés à la présence de ces appareils serait déjà beaucoup trop élevé, dit aussi son communiqué.
Qui a donné ce droit à M. Ferrandez de décréter ainsi une forme d’interdit, au nom des résidents du Plateau Mont-Royal et de tous les citoyens et de toutes les citoyennes du Québec, puisque le maire s’oppose aussi à la présence de ces machines partout au Québec ?
Les «pauvres», les faibles, dont il défend les droits, ne sont-ils pas dotés de jugement pour décider de leurs actions ? Et n’est-ce pas faire insulte à leur intelligence que de vouloir décider à leur place ? Et qu’advient-il, dans notre société, du libre arbitre et de la responsabilité individuelle ? Nous dirigeons-nous vers une société où nos élus ou nos fonctionnaires décideront en notre nom de ce qui est bon ou mauvais pour nous ?
Selon ce raisonnement, les riches, eux, sauraient exercer leur jugement; mais les pauvres et les démunis, non.
Cette réaction du maire Ferrandez sent à plein nez l’autoritarisme de Big Brother.
Comme on ne peut pas être contre la vertu, Loto-Québec a évidemment immédiatement obtempéré : la société d'État assure qu'elle n'a pas l'intention d'installer de nouveaux appareils dans le Plateau, a-t-elle déclaré.
Comme l’automobile est la cause des accidents de la route, ne faudrait-il pas aussi l’interdire ?
23 décembre 2010