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Lire Trente et une nuits

Dans Trente et une nuits, le jour est indésirable car il est synonyme de mort. C’est ce que d’ailleurs Schéhérazade esquivait.  Elle voulait conter et raconter dans le but d’éviter la mort. C’est là où la fiction chasse la réalité et vice versa. Ici réside le seul remède de la souffrance et c’est là qu’on s’éloigne des risques de se réduire au néant. Conter dans Trente et une nuits, n’est pas seulement échapper à la mort, mais aussi enseigner ce que veut dire devenir. Il a fallu commencer par un récit qui stimule l’imagination. Seul le contraste que provoquent deux espaces peut arracher l’auditoire à sa monotonie. Inviter le désert et la mer semble faire oublier la condamnation. Il se trouve que le personnage du berger incarne le contraste de l’espace en attendant l’arrivée du prophète pour assigner au texte une connotation d’éthique. Voyager ne signifie pas se déplacer, au texte de rapprocher le désert à la mer et de stimuler l’oubli. Car dans cet oubli on oublie la fin de la vie, c’est-à-dire l’exécution.

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Il va sans dire que la maxime diffère du proverbe aussi poétique soit-il. Mais il y a une chose qui les lie : l’enseignement ou la leçon qu’on en tire. La maxime est philosophique, tandis que le proverbe parle au sens commun. Si la maxime revêt une signification éthique, le proverbe vise la morale. D’autant plus que l’éthique est une méta-morale, une réflexion sur l’agir. « Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu puisses vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle. » Kant. Cette réflexion sur l’agir appelle le devoir, tu dois parce que tu dois. C’est l’une des leçons à apprendre de Trente et une nuits puisque ce texte nous renvoie à la question de la déontologie. Être médecin, c’est se plier devant Hippocrate. Nos médecins, respectent-ils tous l’éthique du devoir ? L’exemple de notre médecin n’a rien à voir avec la notion de déontologie. Il reflète l’image du mercantilisme. La richesse illégale s’associe au pouvoir du savoir.

Et l’enseignant dans tout cela ? La plèbe joint l’image de l’enseignant au prophète. Hamza Marzak décortique cette corrélation et pose la question relative à la représentation qu’on a sur l’enseignant- prophète. Est-ce-que l’honnêteté qu’on attribue aux prophètes n’est-elle pas discutable ? Leur agir, représente-t-il le modèle qu’on doit suivre ? Ou tout simplement, ces prophètes, n’ont-ils pas fauté ? Cette projection qui consiste à transposer l’opinion que l’imaginaire social se fait de la conduite des prophètes sur l’enseignant, n’est-elle pas décriée par la réalité ? C’est, encore une fois, l’agir qui nous permet de mettre en question, voire de mettre en cause cette identification.

 La figure du père résume son talent de conteur. Pourtant on a affaire à un faux sage.  Faudra- t-il tuer ce père qui préfère se réfugier dans l’absence ? Celui qui fait du proverbe une leçon sans questionner la réalité est déjà mort.La fable et le proverbe que le père prônait ne peuvent servir que de calmant pour anéantir le mal de la réflexion sur une réalité qui exige la distanciation.  Au bout du compte et du conte, la figure du père n’est qu’un leurre qui s’alimente du mensonge. Le quel leurre sombre dans le contraste de l’imaginaire et du vécu. Seul le visage de la mère sait parler à la mer.

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Le retour à la case de départ dans Trente et une nuits qu’est le prolongement de Le muet (2), le premier roman de Hamza Marzak, nous introduit dans l’obscurité du dogme, lequel n’a qu’un souci : combattre la lumière et imposer une seule et unique vérité qui ne doit jamais faire l’objet de spéculation rationnelle. Croire sans penser.

 Trente et une nuits est un roman à lire. Je vous recommande ce texte.

                                                                                                                                      Notes

  1. Trente et une nuits, T ome 1- L’attaque, roman écrit par Hamza Marzak, Editions 7e Ciel, 2024.      
  2. Le muet, Editions 7e Ciel, 2020.

4 septembre 2024

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La Chronique d'Abdelmajid Baroudi
par Abdelmajid BAROUDI

M. Baroudi est un collaborateur régulier de Tolerance.ca. Il réside au Maroc.

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