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Gabriel Nadeau-Dubois annonce son retrait de la vie politique en 2026

(French version only)
Québec solidaire -
Lors du printemps étudiant de 2012, j’avais 21 ans. Quand j’ai été élu député, j’avais 26 ans. J’en aurai 35 dans quelques semaines. Ça fait donc maintenant près de 15 ans que je suis engagé à temps plein pour le Québec.

Dans les trois derniers mois, pour la première fois depuis longtemps, j’ai eu beaucoup de temps pour réfléchir. Les nuits blanches avec la petite dans les bras, les marches avec la grande vers la garderie et les innombrables brassées de lavage ont été l’occasion de faire le bilan de mon engagement des 15 dernières années.

J’ai pris une décision. Je vous annonce aujourd’hui que je quitterai la vie politique à la fin de mon mandat. Pour permettre à Québec solidaire de procéder à une transition en ordre d’ici les prochaines élections québécoises, je remets également aujourd’hui ma démission comme porte-parole et chef parlementaire de Québec solidaire.

Cette décision est le fruit d’une longue réflexion.

Dans les dernières années, je me suis consacré à la construction d’une gauche qui va au-delà de la contestation, qui est capable de former un gouvernement pour changer la vie des gens du Québec, ici et maintenant. J’y ai travaillé de toutes mes forces.
Mais je dois me rendre à l’évidence. Les deux dernières années n’ont pas seulement été dures pour Québec solidaire, elles l’ont aussi été pour moi. Les crises successives ont laissé des traces. L’élan qui me portait depuis 15 ans s’est arrêté. Je suis usé. Je ne peux plus continuer dans ces circonstances maintenant que je suis père de deux enfants.

Comme bien des Québécois, je n’ai jamais aimé les politiciens qui s’accrochent, ceux qui s’agrippent à leurs fonctions comme à une bouée de sauvetage même quand il est devenu évident que les choses ne fonctionnent plus. Je ne veux pas devenir un politicien qui s’accroche. Alors que la droite radicale progresse partout autour de nous, les Québécois méritent un parti de gauche uni et animé d’un nouveau souffle. C’est le sens de ce que je vous annonce aujourd’hui. Il faut que ça bouge et je laisse ma place pour permettre à de nouvelles figures d’émerger. Les progressistes en ont bien besoin.

L’homme politique français Jean Jaurès avait une très belle phrase: «C’est en allant vers la mer que le fleuve reste fidèle à sa source ». Je trouve que ça correspond bien à mon parcours. En 15 ans, j’ai changé, j’ai pris de la maturité et un peu d’expérience. Mais mes valeurs et mes rêves sont toujours restés les mêmes. C’est ma plus grande fierté. De mes premiers slogans chantés dans la rue à ma dernière question au premier ministre, je suis resté animé par les mêmes valeurs de justice et de dignité humaine. En 15 ans, je n’ai jamais perdu le cap et je n’ai jamais perdu espoir. Même aujourd’hui, alors que je démissionne de mes fonctions, je ne renonce à rien – ni à mon indignation, ni à mon espoir.

Il n’y a aucune raison d’arrêter de s’indigner. Il y a trop de choses qui ne tournent pas rond au Québec. Chaque jour, dans nos écoles, des milliers d’enfants essaient d’apprendre le ventre vide. Chaque année, des familles honnêtes s’appauvrissent parce qu’un spéculateur veut s’enrichir encore plus. Toute une génération voit s’estomper le rêve d’acheter une maison. Le système de santé public et humain qu’ont construit nos grands-parents est en train d’être vendu en pièces détachées à des compagnies privées. La crise climatique menace le bonheur et la sécurité de nos enfants.

Mais il ne faut jamais d’arrêter d’avoir de l’espoir. Je sais que c’est pas facile ces jours-ci. Le monde fait peur. La haine monte et de plus en plus de politiciens cultivent la division. Mais nous ne sommes pas condamnés à voir nos esprits se durcir. La politique est capable du meilleur comme du pire, elle peut dresser les peuples les uns contre les autres, mais elle peut aussi les rassembler pour réaliser des grandes choses et améliorer la vie des hommes et des femmes ordinaires.

L’histoire du Québec nous enseigne que c’est difficile de changer les choses et que les accomplissements adviennent lentement, mais que beaucoup devient possible avec de l’espoir et de la détermination. Je vais quitter la politique, mais c’est ça mon message le plus important aujourd’hui, en particulier aux gens de ma génération, avec qui je marche depuis 15 ans: un jour, ensemble, on va changer le Québec.

D’ici là, ne vous inquiétez pas pour moi. Je suis aussi allergique aux injustices qu’au premier jour de mon engagement, ça ne changera jamais, et l’amour que j’ai pour le peuple québécois continue de grandir. Les batailles que j’ai mené les 15 dernières années, je vais continuer de les mener, avec vous. Je vais le faire différemment, mais je vais le faire. Je ne sais pas encore comment, mais je vais le faire.

Avant de conclure, je veux remercier les gens qui m’ont accompagné pendant cette grande aventure en politique. D’abord, ma blonde, mon amour, Maëlle, avec qui je construis la famille dont j’ai rêvé toute ma vie, elle qui a fait tant de sacrifices pour le projet qu’on partage – un Québec où Hélène et Louise pourront vivre en sécurité et réaliser leurs rêves. Ensuite, ma famille, à commencer par ma mère Lucie et mon père Gilles, qui sont aux sources de mon engagement parce qu’ils m’ont légué le plus important: leur amour et leurs valeurs. Je veux aussi remercier mes collègues députés solidaires, les élus de notre parti, ses militants et militantes – et j’ai bien sûr une pensée toute spéciale pour les 4 femmes exceptionnelles avec qui j’ai partagé les fonctions de porte-parole de notre parti, en particulier Manon, Manon qui m’a tant appris et à qui je dois tant.

Finalement, merci à mes amis et compagnons de route depuis 15 ans, qui ont traversé solidairement avec moi des moments de grande exaltation et, aussi, de grande tristesse. Ils se reconnaîtront: Renaud, Gabrielle, Keena, Stéphanie, Julien, Jérémie, Naïsha, Anne-Sophie, Simon, Nadine, Maxime, Louis-Philippe, Simone et tant d’autres. Tout ce que j’ai fait, je l’ai fait en équipe, avec ces femmes et ces hommes d’exception.
Merci aux Québécois et aux Québécoises qui m’ont fait confiance lors des trois dernières élections. Merci à ceux et celles que j’ai croisé, dans un Tim Hortons, au Saint-Hubert, sur une ligne de piquetage ou au CPE, et qui m’ont donné une tape dans le dos dans les moments plus difficiles. Je ne vous abandonnerai pas.

Mes derniers mots vont aux électeurs de mon comté. À trois reprises, les électeurs et électrices de Gouin m’ont fait confiance, dans des proportions qui m’ont toujours touché. Être leur député demeure le plus grand honneur de ma vie politique. Je n’ai pas l’intention de briser le contrat moral que nous avons ensemble. Ils peuvent compter sur moi pour être leur député solidaire jusqu’à la fin du mandat qu’ils m’ont donné.

– Gabriel Nadeau-Dubois


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