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Il ne faut pas oublier ! Kamel Daoud, le roman Houris, et la guerre civile algérienne de 1992 à 2002.

(French version only)
By
Professor, Law Faculty, Université Laval, Québec, Member of Tolerance.ca®

C’est un roman épatant, un roman qui capte son lecteur et qui réveille la conscience. Le roman Houris (1), écrit par l’auteur franco-algérien Kamel Daoud, est, en toute simplicité, un chef-d’œuvre, un livre remarquable qui séduira ses lecteurs. C’est un roman qui veut durer et qui s’imposera dans l’histoire littéraire. Autant de raisons pour s’y intéresser, autant de raisons pour l’examiner avec bienveillance, l’apprécier comme un roman dirigé contre le sectarisme islamique ambiant, et le célébrer comme un livre critique qui nous instruit et qui sollicite notre solidarité.

Un roman algérien engagé

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De fait, le roman, « Houris », ne nous intéresse pas seulement parce qu’il explore un thème saisissant, qu’il met en avant des voix prodigieuses, ou qu’il est écrit avec une prose riche et ensorcelante. Pour nous, ce livre se démarque autant, dès les premiers mots, comme un plaidoyer, une harangue, contre le fanatisme, le fascisme islamique, l’enfermement culturel et la bêtise politique. C’est aussi un livre féministe, un livre de féminisme politique, écrit par un homme, qui adopte le point de vue d’une jeune femme ayant ressenti, dans sa peau et dans sa gorge, ce que signifie l’horreur islamique. C’est l’histoire d’une femme qui a vécu l’islamofascisme dans sa chair mutilée, dans l’anéantissement de sa famille, et dans l’abolition de son enfance. Comme l’enseigne le livre, rien ne pousse, rien ne fleurit dans le sillage du fascisme islamique. Au contraire, il laisse place à la désolation, à la soumission et à l’aveuglement.

Kamel Daoud, c’est un conteur né, quelqu’un qui sait comment raconter une histoire (ce qui s’explique par ses années de journaliste en Algérie, à partir de 1994). C’est un auteur qui maîtrise la langue pour raconter une histoire et incite le lecteur à réfléchir, à se poser des questions, à s’informer, et à utiliser son esprit en majorité. Aussi bien son premier roman « Meursault, contre-enquête » (2) (2013), auquel s’ajoute à présent son roman « Houris », sert à éveiller la pensée. Ils nous rappellent qu’il ne faut jamais accepter l’inacceptable, qu’il ne faut jamais courber le dos devant le fanatisme et la stupidité, et qu’il ne faut jamais (ni par des mots ni par des gestes) accepter que la liberté soit mise en chaînes.

Amnistie, amnésie et mémoire

Introduisons sans délai le contexte du livre. Il existe des lois scélérates en Algérie qui font mal ! En particulier, il y a une loi scélérate conçue pour faire taire, imposer le silence et étouffer tout débat public, populaire et critique. Une énième fois en Algérie ! Kamel Daoud expose et démasque, dans son livre « Houris », une loi scélérate particulière. Il le fait en exposant au grand jour l’alliance cruelle, antipolitique et antihumaine forgée depuis l’indépendance de l’Algérie en 1963 entre l’islamisme politique et l’ordre politico-militaire. Cette l’alliance qui a instauré le régime, le système bicéphale islamomilitaire qui ensemble (à l’exception de la décennie 1992 – 2002) a mal gouverné le pays jusqu’à ce jour. L’exception réside dans les années de rupture entre les deux parties : la décennie noire, marquée par un terrorisme sauvage et sanglant. Cette période a conduit, à partir de 2002, à une réconciliation fantoche dite « nationale » et a permis le retour au bicéphalisme islamomilitaire ordinaire (et étouffant, antidémocratique, etc.) comme si rien ne s’était vraiment passé ! Les lois que Kamel Daoud critique sont celles qui ont rendu possible cette farce politique. Il cible surtout la loi sur l’amnistie au terroriste, la loi scélérate.

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La loi scélérate et son article 46, Kamel Daoud la place en épitaphe au début de son livre : « Art. 46. - Est puni d'un emprisonnement de trois (3) ans à cinq (5) ans et d'une amende de 250.000 DA à 500.000 DA, quiconque qui, par ses déclarations, écrits ou tout autre acte, utilise ou instrumentalise les blessures de la tragédie nationale, pour porter atteinte aux institutions de la République algérienne démocratique et populaire, fragiliser l'État, nuire à l'honorabilité de ses agents qui l'ont dignement servie, ou ternir l'image de l'Algérie sur le plan international. Les poursuites pénales sont engagées d'office par le ministère public. En cas de récidive, la peine prévue au présent article est portée au double. » (3)

Un article de loi immonde ! Un article législatif conçu pour faire taire, imposer le silence et l’ignorance, empêcher le peuple de penser et de prendre conscience ! Et surtout, une loi qui incrimine et criminalise, de manière éhontée, toute opposition et toute prise de position critique. En Algérie ! Fort heureusement, Kamel Daoud a pu publier son roman en toute sécurité, en France.

L’histoire de la loi réside dans l’intention de clore, de mettre fin à la guerre civile entre les islamistes et l’ordre politico-militaire, de mettre fin à la décennie noire de 1992 – 2002. Une guerre civile qui n’aboutissait à rien, où les deux parties ont décidé de se réconcilier en 2002, pour continuer à régner ensemble, sous la forme d’un complexe islamo-militaire unifié, réduisant le peuple algérien au statut de moutons manipulés - un thème que reprend Kamel Daoud - sans voix, sans liberté, sans démocratie.

Une obligation abjecte de l’amnésie

Dans son roman, Kamel Daoud critique le fait de donner une amnistie qui ne se révèle être rien d’autre qu’une obligation d’amnésie. Il critique que cette amnistie ait servi à blanchir des assassins, des terroristes, des égorgeurs. Ces égorgeurs, terroristes, fascistes islamiques, n’ont qu’à déclarer qu’ils n’étaient que des cuisiniers dans les campements pour obtenir l’absolution et se voir couverts d’un voile d’oubli.

Il s’agit d’une loi problématique et critiquable, car si une politique d’amnistie peut avoir du sens, en permettant d’aboutir à la fin d’une guerre civile et à la fin des atrocités infligées à la population civile, il faut aussitôt souligner que l’amnistie ne doit en aucun cas, jamais, se conjuguer avec l’amnésie ! Si les deux notions sont homophones, elles désignent deux choses strictement différentes et opposées, et où une amnistie digne et juste doit plutôt, en toute justice, s’accompagner de l'hypermnésie, le devoir de ne jamais oublier et de tirer des leçons publiques de ce qui s’est passé. Mais soucieux de sauvegarder le complexe islamo-militaire au pouvoir (le renforçant même avec l’intégration des égorgeurs), le gouvernement algérien a, de façon éhontée et cynique, opté pour l’autre voie : ils ont instauré l’amnésie avec l’article 46 mentionné.

L’amnésie ! C’est une condition psychologique et médicale, ainsi qu’un état psychosomatique ! C’est une perte totale ou partielle, permanente ou réversible, de la mémoire, de la capacité à se souvenir et à consulter ses ressources mémorielles. L’amnésie, c’est subséquemment un état pathologique, un état anormal qui affecte le fonctionnement de la tête et qui engendre le syndrome amnésique. L’individu qui se réveille après une période d’amnésie peut parfois réacquérir, dans la mesure du possible, sa mémoire, tandis que l’individu amnésique irrémédiable perd toute mémoire d’une période entière de sa vie. De ce fait, si perdre la mémoire n’est déjà pas une petite affaire pour l’individu, c’est encore moins le cas pour un peuple entier auquel on efface la mémoire et auquel on martèle que ce qui a été vécu n’a jamais été réel. Comprenons bien, en exigeant l’amnésie de son peuple (par une loi scélérate), le gouvernement d’Algérie ne guérit en aucune manière les séquelles de la guerre civile de 1992 à 2002 (et avec un prolongement non officiel au-delà de cette date jusqu’à aujourd’hui). Pire, le gouvernement algérien impose uniquement, de façon illogique, une non-guérison, un oubli honteux, un oubli avilissant, une amnésie qui risque d’exploser en reprise, en répétition.

À l’auteur, donc Kamel Daoud, d’affirmer qu’ une publicité ouverte, critique et rationnelle peut guérir. Il affirme également que le vrai pays, c’est la mémoire de son peuple, et que « le pays artificiel » (où personne n’habite) ce sont les lois scélérates que les élites islamiques et militaires imposent.

Amnésie, non

Amnésie, non ! Jamais ! Et c’est là que débute Houris, le roman commence avec l’enquête d’une jeune Algérienne nommée Aube, Fajr, qui cherche à retrouver son histoire. Retrouver l’histoire de ce qu’elle est devenue, à savoir muette et défigurée, et expliquer le fait d’être une jeune femme qui espère et rêve de subir une chirurgie de la gorge (accompagnée d’une greffe de cordes vocales permettant de retrouver la voix). Et qui dit enquête, dit aussi reconstituer la mémoire, revivre son traumatisme, l’expliquer face à l’Histoire. Une enquête qui ne peut se réaliser que par la volonté de faire jouer la mémoire contre l’amnésie (le trauma d’avoir été égorgée à l’âge de 5 ans), d’assurer que l’histoire vraie vaincra et s’imposera contre la politique immonde de l’amnistie. Heureusement, l’Aube, c’est un livre, un livre où est inscrite la mémoire de celui à qui on impose l’amnésie. Comme la mère (adoptive) le dit :

« Et toi, tu es un livre », me jurait-elle. « Un véritable livre, le récit de ce qu’on ne doit pas oublier, un alphabet que seuls les ignorants ignorent », me répétait-elle sur mes lits d’hôpital, à l’époque où l’on tentait encore de réparer mes cordes vocales. « Quand ils croiront avoir tout nettoyé de leurs crimes, il y aura encore toi et tes yeux magnifiques. » Je suis la véritable trace, le plus solide des indices attestant de tout ce que nous avons vécu en dix ans en Algérie. Je cache l’histoire d’une guerre entière, inscrite sur ma peau depuis que je suis enfant. Ceux qui savent lire comprendront en croisant le scandale de mes yeux et la monstruosité de mon sourire. Ceux qui oublient volontairement auront de moi et de moi seul ce regard ». (4)

Un corps mutilé, une gorge estropiée, pareille à un livre ! Un livre qui raconterait les faits gravés dans le corps, qui imposerait des mots, des mots qui créeraient et recréeraient des souvenirs, des mémoires, des mots qui témoigneraient factuellement et qui pourraient être partagés et compris par tous. De façon littéraire, l’auteur, Kamel Daoud, indique que la mémoire dans la peau, dans le corps, est la réalité de ce qui a été vécu, vécu et partagé. Et quand on parle ici d’une histoire de guerre entière, c’est la guerre civile d’Algérie (1992-2002) qui entre en scène, avec toute sa barbarie, sa cruauté, son immoralité et son inhumanité, et qui s’exprime en larmes, en sang, en douleurs, en mutilations, en blessures, comme écrit dans le corps, gravé et mémorisé dans le corps, imprimé dans Aube.

Une jeune femme nommée Aube

Pour comprendre comment une jeune femme algérienne de vingt-six ans, Aube, peut avoir l’histoire de la guerre civile inscrite dans son corps, il faut comprendre ce que Kamel Daoud écrit à son sujet : pourquoi est-elle muette, défigurée et pourquoi a-t-elle une gorge ouverte, respirant par une canule.

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« Je respire par une canule et je lutte contre la houle à la surface du monde des vivants. (...) Tu aurais pu voir le trou de ma gorge que ma monstrueuse « souris » tente de dérober. Mon larynx grand ouvert, mon œsophage nu, cette fausse bouche aux lèvres cicatrisées et pincées. C’est sombre, rouge, palpitant comme une éventration. On ne doit jamais y mettre le doigt et toujours désinfecter après avoir touché. Le « sourire », lui, va d’une oreille à l’autre, c’est la trace du couteau, son entaille dans ma chair. Une plaie de dix-sept centimètres, recousue. On ne doit pas regarder dedans, on ne doit pas l’exposer longtemps à l’air libre. (…) Regarde ma canule, c’est ce gros bouchon en plastique, comme la moitié d’un robinet qui colle à mon cou, il cache la fosse dans ma gorge. On dirait le bout d’un tube de dentifrice, une flûte avec un seul trou. C’est par cet endroit que je respire, c’est le trou à la surface de ma peau. » (5)

Le lecteur comprend ! Elle a été égorgée, un islamiste barbu à trancher sa gorge (sans avoir réussi à la tuer). Il l’a sauvagement égorgée avec toute la bestialité dont il était capable, alors qu’elle n’avait que cinq ans. Elle n’était qu’une fillette en trop, immolée dans son propre sang, un bébé fille attaquée et laissée pour morte, et ce n’est qu’un miracle qui l’a sauvée. Elle a survécu au massacre, à la fête de tuerie islamique, un carnage pour la suprématie, pour régner sur les autres, pour écraser et soumettre l’autre à sa merci. Heureusement, une bonne âme l’a secourue le 31 décembre 1999, lors de la fête du Nouvel An, permettant une deuxième naissance le 1er janvier 2000, dans un lit d’hôpital.

Sacrifiée ! Pareille à un insignifiant mouton, immolée sur l’autel du sacrifice par une bande d’égorgeurs d’Ibrahim, toujours prêts à sacrifier brebis ou bébé, mouton ou humain, en toute indifférence. Kamel Daoud critique vertement la culture du sacrifice et du martyr qui défigure la religion islamique (et qui a défiguré et égorgé Aube). Il critique également la tradition d’Aïd al-Adha, la tradition de répéter et de glorifier le fait d’égorger un mouton, sans l’assommer, pour qu’il se vide de son sang en agonie.

Au lieu de voir le geste d’Ibrahim (ou Abraham) comme l’injonction d’en finir une fois pour toutes avec tout sacrifice, qu’il soit humain ou animal, et d’ordonner comme blasphématoire celui qui croit entendre la voix de Dieu, la religion musulmane a pris un autre chemin. Dans les mots de Kamel Daoud :

« on égorge des moutons à la place des gens. Pas toujours, cependant ! L’année où est né mon « sourire », par exemple, à la fin de la guerre civile, on avait égorgé plus d’hommes que de moutons. Comment te dire la guerre sans te salir, te montrer des monstres et te les mettre dans la bouche, un par un, pour te les faire mâcher et avaler ? Le prophète Ibrahim a dû faire une grasse matinée durant ces années en Algérie, il a dû dormir plus longtemps après le soleil, et nous sommes tous restés coincés dans son songe saturé de sang, où il courtait son couteau à la main pour égorger chaque fils. Et si tu étais une femme durant la décennie noire ? Alors c’était pire. (…) Si tu viens au monde dans ce pays, tu prends un risque (…) Tu paierais le rêve alambiqué (6) d’un vieux prophète, et quelqu’un te violera. D’ailleurs, les moutons du ciel rachètent uniquement les garçons, pas les filles. Quand le fils d’Ibrahim est une fille, l’histoire finit toujours dans le sang. » (7)

Aube et sa mère (adoptive) ne célèbrent pas l’Aïd al-Adha, cette fête d’égorgement. Elles ferment les fenêtres et ne participent pas. Elles ferment également les yeux et les oreilles face au carnage des moutons, à leurs cris de détresse et à leur agonie. Pour elles, toute forme de carnage n’a aucun sens.

Ces lambeaux de mémoire

Ce qui se passait en Algérie le 31 décembre 1999, quand le globe entier fêtait la venue du nouveau millénaire, le troisième, est distillé dans le livre de Kamel Daoud à petite goutte. C’est juste, une fillette de 5 ans a bien de la mémoire, mais pas une mémoire développée comme celle d’un adulte. Pour respecter une telle mémoire, l’auteur la fait apparaître sous forme de flash-back, de petits retours en arrière, où Aube se rappelle qu’elle avait une sœur, qu’elle avait une mère et un père, qu’ils habitaient ensemble dans une petite ferme, dans l’arrière-pays, dans les monts de l'Ouarsenis. Que leur hameau, un bled, portait un nom, Had Chekala !

Or, par le nom de Had Chekala, l’histoire romanesque rejoint l’activité journalistique de Kamel Daoud. En tant que journaliste-chroniqueur du journal Le Quotidien d’Oran, il était en fait envoyé à cet endroit pour enquêter sur un des pires massacres, un carnage, qu’ont fait les islamistes en Algérie en 1997. Plus tard, le 23 mars 2006, il publie dans le journal Le Quotidien d’Oran une chronique intitulée « Had Chekala: les 1.000 morts enfin admis à la mort », où il se souvient.

« Vous pouvez habiter longtemps un endroit, mais un endroit peut vous habiter encore plus longtemps. Le chroniqueur s’en souvient bien : envoyé par la rédaction à Had Chekala, le lendemain du Grand Massacre, fin décembre 1997, il y récolta un chiffre que personne ne voulut prendre, comprendre, admettre ou accepter. Premier journaliste arrivé sur les lieux, il ne vit d’abord rien parce que la mort avait été plus parfaite qu’ailleurs. (…) Plus de 1.000 morts en deux nuits presque. 1.000 morts impossibles à recenser, car jamais inscrits sur les registres de l’état civil, inexistants et surtout bien découpés après leur assassinat nocturne. « Un massacre à huis clos », titra le journal le surlendemain, préférant la prudence au chiffre incroyable de cette tuerie. D’autres journaux parlèrent de dizaines de morts ou d’un « énième massacre ». (…) Le chroniqueur se souvient de la mine défaite du maire des lieux, écrasé par le génocide et surtout coincé entre trois sortes de chiffres: celui réel des morts, celui des morts selon l’État et celui des milliers de rescapés et faux rescapés descendus des montagnes et réclamant « réparations et aides » puisque, dans cet endroit sans trace, tout le monde pouvait se réclamer de la paternité des morts, tout le monde y était mort, tout le monde y était survivant et tout le monde pouvait jurer qu’il y avait perdu un père, une mère ou le sens de la décence. » (8)

Kamel Daoud vitupère les journalistes qui ont participé aux mensonges journalistiques, qui se sont faits complices des mensonges orchestrés par le pouvoir islamo-militaire gouvernant l’Algérie depuis le 5 juillet 1962, le jour de l’indépendance. Ce que l’on comprend surtout, c’est que le nom de Had Chekala n’est pas pour l’auteur uniquement le nom d’un hameau de montagne, mais le lieu d’une monstruosité, d’une atrocité, d’un génocide, un enfer créé par des terroristes, par des islamo-fascistes. Ce dont Aube se souvient, c’est dans ce sens ce que le journaliste Kamel Daoud a pu observer en 1997 (date remplacée dans le roman par 1999), un village en état de fumée, en état de désolation, ainsi que ce qu’il a écouté chez les villageois qui ont survécu, des récits qui ne diffèrent guère des autres lieux où les islamistes ont fait leurs abominations, leurs carnages. Car l’histoire d’Aube, c’est l’histoire de la guerre civile algérienne vécue de manière singulière, une histoire singulière qui ouvre la compréhension du terrorisme islamique en général.

200.000 morts. Un million de déplacés (un euphémisme pour ne pas affirmer qu’ils ont été chassés de leurs terres). Mais combien de viols ? D’enlèvements ? De tortures ? De disparus ? Chaque fois qu’on met un chiffre pour décrire l’enfer, c’est, hélas, l’enfer qui gagne, car les chiffres banalisent ce qui n’a été qu’un enfer total, un enfer de sang qu’ont fait couler les égorgeurs, un enfer mis en flammes par fanatisme et par l’idiotie islamique. Pauvre Algérie, pays malade de son système politico-militaire, pays malade de ses extrémistes islamiques, ses djihadistes, ses salafistes, et toutes ses variantes immondes de facho-islamisme. Qui, en fin de compte, a intérêt à ce que l’amnistie remplace une discussion publique et démocratique le plus élargie possible ?

Mémoire dans le corps, l’amnésie du vent

Mais que sait Aube de Had Chekala ? De la ferme de son père et de sa mère ? L’auteur, Kamel Daoud, à un moment fait intervenir la voix, la mémoire, qu’elle porte inscrite dans son corps :

« Le 31 décembre 1999, à Had Chekala, au nord-ouest de l’Algérie, alors que l’on a changé d’année, de mois, de siècle. La fin du monde se consuma entre 22 heures et 4 heures du matin. Ce jour qui aurait dû charrier un vent froid pour éveiller la terre et deux fillettes, ma sœur et moi, s'en trouva brisé en mille morceaux. (…) Les égorgeurs sont repartis avant l’aube alors que l’on grelottait, mortes ou vives, ma sœur et moi, chacune les paupières fermées sur sa vie. // Sur un autre éclat de souvenir, on distingue d’un côté une tête. De l’autre un cou tranché avec mon œsophage qui fait des bulles de sang blanchâtres. Par les yeux de ma mère, je vois l’ambulance qui se hâte de me ramener d’entre les morts avec ses hurlements rouges et bleus dans la nuit. Des mains me tâtent ou pressent mes veines dégonflées. Beaucoup de mains me touchent, me déshabillent à la hâte, me lavent, me portent d’un lit à l’autre. Derrière mes paupières closes, le rouge du sang change de ton et de substance selon les éclairages des hôpitaux, des chambres ou des gyrophares. Le rouge devient ocre, noir, orange ou jaune, mais je n’ouvre pas encore les yeux. Je peux le confirmer aujourd’hui que j’ai vingt-six ans : c’était le dernier jour de la guerre des années 1990, déclenchée entre les ombrageux militaires et les barbus de Dieu. » (9)

Aube a dû mourir. Comme sa sœur, sa mère, son père, et comme 1 000 autres égorgés. Son égorgeur a peut-être agi trop vite, peut-être a-t-il été trop sûr de lui-même, peut-être était-il trop fatigué après tant d’égorgements, après avoir tant égorgé des innocents. Qui sait ! Et par miracle, elle a pu bénéficier, à l’aube du troisième millénaire, d’une deuxième naissance (nous l’avons déjà mentionné) grâce à une Bonne Samaritaine qui passait par là (et qui est devenue sa deuxième mère). Aube a survécu comme par miracle, survécu avec la mémoire inscrite en elle, dans son corps, dans sa gorge mutilée et détruite, dans sa gorge ouverte et muette.

Faut-il oublier les massacres, les tueries en masse ?

Faut-il oublier les massacres, les tueries en masse ? Oublier parce que les islamistes égorgeurs s’inventent des histoires et se justifient d’une manière honteusement religieuse ? Faut-il oublier tout cela ? Pardonner aux égorgeurs ? Jeter un voile sur la réalité vécue par des villageoises pauvres et affirmer qu’elles ne comptaient guère pour quelque chose avant les massacres, qu’elles ne compteraient guère plus après ?

L’auteur mêle sa voix, de façon romanesque, à ces interrogations en comparant la mémoire dans le corps d’Aube avec l’obligation de non-souvenir, avec l’amnésie qu’impose, en déshonneur, l’appareil islamo-militaire de l’Algérie en soutenant (honteusement) les multiples égorgeurs, terroristes, islamiques de tout poil, qui ont soi-disant réintégré (en honte !) la société :

« Comment faire oublier mon histoire, ma canicule et mon sourire bête et large comme celui de la mouette au-dessus de ma tête ? Peux-tu imaginer (…) que j’ai vécu la plus grosse frayeur de ma vie ce jour-là, entre le « oui » et le « non » [i.e. le jour référendaire sur la Réconciliation (l’amnistie) le 29 septembre 2005 : BM] où je n’avais pas ma place ? « Les cuisiniers ! Tous des cuisiniers ! » s’emporta l’ami de ma mère. Des cuistots, oh oui, ma beauté noire ! Tous des terroristes que l’on exhibait à la télévision, au journal de 20 heures, expliquant qu’ils avaient travaillé comme cuisiniers dans les maquis des tueurs. » (10)

Une honte ! Une vilenie ! Une Algérie incapable d’affronter son histoire, incapable d’être responsable et digne devant l’histoire. Quelle tragédie ! Quelle misère ! L’Algérie, en agissant honteusement, a permis aux égorgeurs de retourner à leurs maisons, à leurs mosquées, sans que la vérité des années de massacres, de terreur, de génocide n’ait pu trouver sa justice. L’Algérie a créé une obscénité vile quand elle a permis à ses terroristes de se déclarer cuisiniers dans des champs pour éviter d’affronter sa propre histoire. Avec quels sarcasmes les islamofascistes ne peuvent-ils pas maintenant rire dans leurs barbes !

Sauf que la mémoire, comme le rappelle Kamel Daoud, témoigne par le corps mutilé d’Aube, par les corps de tous les égorgés. La mémoire est aussi dans la mémoire des femmes algériennes qui ont été, pendant la décennie noire (1992-2002), expulsées de l’espace public pour se voir confinées, ironie du sort, dans les cuisines !

Les deux frères égorgeurs

À la fin du roman de Kamel Daoud arrive le récit le plus explicatif (et politique) du livre. C’est l’histoire de deux frères, de deux frères chacun équipé d’un couteau, l’un avec un couteau pour égorger avec des mots mielleux et l’autre pour égorger avec l’arme blanche. Deux frères, dont l’un est maintenant l’imam de Had Chekala et l’autre (qui se révèle être l’égorgeur d’Aube et tant d’autres femmes, hommes et enfants) est le berger boucher. Deux frères (qui bifrons, pareils à Janus : « Dieu à double visage ») portent le visage de l’autre, deux frères interchangeables, deux frères d’un être duel !

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Le nouveau récit débute avec la volonté d’Aube de retourner revoir Had Chekala, la ferme brûlée et le lieu de son enfance. C’est un retour au lieu du crime, un retour aux années heureuses quand elle jouait avec sa feue sœur égorgée. C’est une sorte de pèlerinage vers le lieu où le malheur a commencé, le lieu du massacre, de la tuerie en masse. Pour Aube, c’est là où tout a commencé et le lieu où la dernière pièce du puzzle trouve sa place littéraire. En retournant à Had Chekala, Aube découvre que les islamofascistes ont pris le contrôle des lieux, qu’ils ont gagné et qu’ils gouvernent désormais le bled par l’ignorance, la superstition et le fanatisme. Et c’est là que commence le récit des deux frères.

Le récit de deux frères, c’est l’histoire de deux frères qui font compétition pour l’amour de leur père, l’égorgeur-boucher de moutons d’un village. L’un des frères excelle en égorgeant avec un couteau, l’autre frère excelle en égorgeant avec des sourates, des mots mielleux et de la tromperie. Se comprends que l’auteur Kamel Daoud décrit ici de façon allégorique l’Algérie, l’Algérie déchirée entre deux absurdités, entre deux fanatismes qui font mal, entre deux culs-de-sac qui empêche la société d’avancer et de se moderniser, voire à se démocratiser (ne soit-il qu’un petit peu). Et ce sont ces deux frères monstres que rencontre Aube à Had Chekala, elle rencontre chacun des frères pour les écouter, pour les voir expliquer l’autre frère. L’un des frères, l’imam, pour la soudoyer et l’effacer dans l’oubli, l’autre, l’égorgeur de 1999, prêt à saisir à nouveau l’occasion de finir sa sale besogne. Insistons maintenant sur le récit de Kamel Daoud quant à l’un des frères, le nouvel imam, l’imam de tromperie et de mensonges.

Ainsi parle l’hypocrisie

Pour le frère imam de tromperie et de mensonges, il faut oublier, laisser aller les choses, refaire sa vie et recommencer à nouveau. C’est le discours du Pouvoir ! Et Kamel Daoud le présente avec ingéniosité quand l’imam du village tente par son discours mielleux et hypocrite de détourner et de subjuguer Aube, quand il cherche à la faire taire pour que l’Histoire meure, pour que la Mémoire disparaisse, pour que l’oublie islamique rejoigne le sable du temps :

« Je voulais que tu comprennes que toutes les histoires peuvent parfois être saignées comme des offrandes, ou geindre comme des bêtes, ou être oubliées comme des gestes du diable. Les histoires ne sont pas bonnes. Elles cachent des mensonges, des insinuations ou des tentatives de nous distraire du chemin d’Allah. Il n’y a qu’une seule histoire et qu’un seul chemin, mais le diable se faufile dans les fissures, les cicatrices comme la tienne, les espaces laissés entre les épaules des croyants lors des prières collectives. » (11)

Pure hypocrisie ! Des mensonges et des tromperies dépourvues de sens. Des mots qui ont enseveli l’Histoire et la Mémoire des humains dans le néant, dans le fatalisme, dans un fatalisme religieux qu’impose l’image (fausse) que ni l’intelligence ni l’agentivité humaine ne peuvent pas altérer ce qui doit se produire. Un discours creux et mensonger qui ne sert qu’à nier la liberté !

Et l’hypocrite continue, l’imam parle « en couteau », qui égorge avec les mots, avec les sourates prêtes pour toute occasion, des mensonges pour le jour comme pour la nuit.

« Le couteau se tut alors. Puis il creusa ses pensées comme on creuse de la pointe d’une lame le bois ou le sol. Le cheikh hésitait à sortir de son fourreau ancien, fabriqué dans son métier de versets et de prêches. J’aurais dû comprendre. J’ai voulu lui tenir tête, chez lui, plutôt que d’ouvrir les yeux. Alors, tandis que le jour s’enfonçait derrière les montagnes, sa voix tâta ma cicatrice et il se décida à appuyer sur un autre levier. « Vois-tu ma sœur, ici, ils en souffrent et refusent que l’on en parle à leur place. Cela sert à quoi de revenir sur le passé ? Seulement à plonger les cœurs dans la détresse et à ouvrir les maisons au diable. Le Prophète conseillait de serrer les rangs durant les prières collectives, pour ne laisser aucune brèche pour le diable entre un orteil et celui du voisin, une épaule et celle du voisin. Alors, tu vois ma sœur, quand on arrive ici pour ouvrir des plaies, cela n’arrange rien et on ouvre uniquement la sienne. Cela ne sert qu’à réveiller la guerre et la division. Ici, on s’est tous trompés et on a tous eu raison. Dieu a tout pardonné, et il ne faut pas écouter le Maudit en revenant remuer la terre des morts.

     La lame du couteau rebondissait sur ma canule, ignorant ma douleur. Elle insistait avec son tranchant pour graver un message. « Ici, on est tous innocents ou tous coupables. Moi, j’ai perdu un frère dans le maquis, tu vois ma sœur. Dieu décide. Toi, tu dois connaître cette histoire, non ? Ici, on est tous égaux devant la mort et devant Dieu et son Prophète. On a tous fermé les yeux. » Le couteau resta brandi dans le crépuscule. (…)

     Le couteau approchait de ma gorge et je nageais dans son éclat ciselé, comme un verset. L’imam savait que c’était un duel dangereux pour lui aussi. « Qui n’a pas tué ici ? Qui n’est pas mort ? Tous, ma sœur, ont du sang sur les mains et dans leurs veines. Les gens ont honte parce qu’ils croient qu’ils n’avaient pas droit à la vie et c’est certainement vrai. Les gens qui ont survécu à leurs proches ne le méritaient pas. C’est un don de Dieu dont ils sont indignes, n’est-ce pas ? » Le couteau accentuait sa pression sur ma veine. « Ils ont peut-être été complices des tueurs. Ou peut-être se sont-ils enfuis en abandonnant leurs proches. Certains ont volé leurs jours à leurs propres morts, non ? Vois-tu, ma sœur, ils ont honte et il ne sert à rien de le leur rappeler. C’est à Dieu de nous juger et c’est pourquoi nous espérons le Jugement dernier et l’attendons dans la prière. Tu dois être au courant si tu es une vraie Adjama et pas une autre qui prétend être la fille de cette famille. Il y a eu un drame, ma sœur, et certains se sont cachés, certains ont fui, certains ont menti et personne ne peut leur en vouloir d’avoir honte aujourd’hui. Ainsi, il vaut mieux payer en ce bas monde et arriver innocent dans l’autre. Si on les écoute ici, ils répéteront que personne ne mérite de vivre et ils n’auront pas tort. C’est tout ce qui leur reste : ce village et l’oubli. L’oubli, c’est la miséricorde de Dieu. Sa grande pitié pour nous, ses créatures. » (12)

Un discours immonde ! Un discours vide, un discours qui vide la tête, qui vide toute conscience, au profit du rien, au profit d’une croyance islamique fataliste qu’effacent les faits, qui efface l’histoire, et efface la mémoire. C’est un discours pour se perdre dans une illusion, pour vivre l’illusion comme si elle était (supposément) « vraie ». Et bien sûr, là où l’auteur nous amène, c’est vers l’amnésie, vers l’amnésie décrétée par le complexe islamo-militaire de l’Algérie, par l’islamisme fasciste et par l’appareil politico-militaire. Il y a également les deux faces de Janus qui n’aiment pas la Lumière, qui n’aiment pas l’Histoire et la Mémoire (sauf quand elle sert une mise en scène), qui n’aiment pas la voix et le bruit du peuple.

Qui n’aime surtout pas la liberté ! Kamel Daoud romance en effet la non-liberté d’un peuple ! L’amnésie, religieuse ou étatique, bloque en effet la voie pour se libérer, pour penser, pour marcher debout.

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La fin de l’histoire

L’histoire finit bien. Aube réussie à s’échapper au couteau hypocrite, l’imam, pour être capturée par son frère, le couteau aiguisé (et assassin). Elle est sauvée, in extremis, d’être égorgée à nouveau par l’intervention heureuse d’un nouvel ami qui l’avait opportunément suivit dans le bled de Had Chekala. Les deux couteaux tomberont finalement dans les mains de la gendarmerie, l’un pour fraude (commerciale) et l’autre pour crime (enlèvement, tentative de meurtre).

L’histoire romanesque finit un an plus tard sur la plage, près d’Oran (Wahrān), avec la Houri, l’ange d’Aube nouvellement née. Un bébé ange nommé Kalthoum, en hommage à Oum Kalthoum (1898-1975), une chanteuse égyptienne légendaire connue pour sa voix exceptionnelle, qui devient la voix vivante pour sa mère Aube, la nouvelle voix prête pour l’avenir. Ce qui nous déplace vers la dernière page du livre, où la bébé fillette :

« Kalthoum chante sa mémoire du paradis dans ses babillements amusants. Puis elle pleure, agacée par une mouette insaisissable pour ses petites mains. Alors, je me donne à elle, pour qu’elle me dévore : je sors mon sein, je le lui offre et elle tète. Elle me fixe jusqu’à ce que je ne bouge plus, et m’avale dans son ventre. Sa petite bouche m’électrise ; elle mélange la douleur et les preuves de vie ; je suis son fleuve de vin, de lait et de miel ; son cheval sans fatigue ; ses fruits sans fin ; sa tente d’émeraudes ; sa peau transparente ; ses yeux aux paupières immenses ; sa chevelure rousse qui plonge dans le domaine des dieux. Rien n’atteint aussi profondément mon corps vivant.» (13)

Et nous avons compris ! La voix du bébé fille Kalthoum sera instruite par deux femmes qui témoigneront de l’histoire de l’Algérie, qui témoigneront de la décennie noire (1992-2002), qui témoigneront contre obscurantisme et fanatisme. Là où il y a de la vie, il y a de l’espoir. Là où il y a des voix, il y a de la mémoire. Là où il y a des femmes libres, il y a de la résistance ! Et nous le réaffirme, le livre de Kamel Daoud, c’est un manifeste féministe.

Un dernier mot

Oui, nous recommandons fortement le livre. C’est un livre magnifique et intelligent. Un livre qu’il faut avoir lu. Un livre avec un message que les acolytes du complexe militaro-islamique n’aimeront guère, mais peu importe, la roue du temps tourne immanquablement et espérons qu’un jour ils ne seront plus là pour nuire et pour opprimer. Tous les peuples méritent d’être libres, de pouvoir goûter la liberté sans crainte ni contrainte. Si tant de peuples, après leurs libérations, après leurs indépendances, se sont trouvés en chaînes, ce n'est nullement parce qu'ils l'ont mérité.

Le 4 novembre 2024, l’auteur Kamel Daoud s’est vu décerner le prestigieux prix Goncourt (France) 2024, pour « Houris ». Un choix juste, un prix prestigieux, une reconnaissance amplement méritée.

 

NOTES

  1. Kamel Daoud, Houris, Paris, Gallimard, 2024. La signification de houris est à la fois islamique et culturelle. Sur le niveau islamique, c’est une beauté céleste, vierge, du paradis d'Allah promis aux hommes; sur le niveau culturel (et littéraire) une houri c’est une femme belle et sensuelle. Utiliser en pluriel dans le livre, l’auteur semble utiliser le mot en référence à la première Aube laissée pour morte égorgé (avant la deuxième naissance), de même qu’en référence au fœtus que portent l’héroïne, un bébé ange fille à naître. Les deux houris sont « inscrites » dans le corps d’Aube.
  2. 2. Kamel Daoud, Meursault, contre-enquête, Alger, Éditions Barzakh, 2013 (Arles, Actes Sud, 2014)
  3. 3. Algérie :  La charte pour la paix et la réconciliation (2 mars 2006). Notons que Kamel Daoud cite, Houris, op. cit., page 11, in extenso l’article 46. Cf. article correspondant « Art. 45. - Aucune poursuite ne peut être engagée, à titre individuel ou collectif, à l'encontre des éléments des forces de défense et de sécurité de la République, toutes composantes confondues, pour des actions menées en vue de la protection des personnes et des biens, de la sauvegarde de la Nation et de la préservation des institutions de la République algérienne démocratique et populaire. Toute dénonciation ou plainte doit être déclarée irrecevable par l'autorité judiciaire compétente. » Notons que Kamel Daoud cite in extenso l’article 46, Houris, op. cit., page 11.
  4. Kamel Daoud, Houris, op. cit., p 20.
  5. Kamel Daoud, Houris, op. cit., p. 30 et p. 36.
  6. Jeux de mots: « alambiqué » - abrahamique.
  7. Kamel Daoud, Houris, op. cit., p 33.
  8. Kamel Daoud, Had Chekala: Les 1.000 morts enfin admis à la mort, dans Le Quotidien d’Oran, 23 mars 2006.
  9. Kamel Daoud, Houris, op. ci., p 121 et 122.
  10. Kamel Daoud, Houris, op. cit., p 128.
  11. Kamel Daoud, Houris, op. cit. , p 385.
  12. Kamel Daoud, Houris, op. cit., p 374, 375 et 376.
  13. Kamel Daoud, Houris, op. cit., p 412.

11 février 2025

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Bjane Melkevik's Column
By Bjarne Melkevik

Bjarne Melkevik, L.L.D. Paris II, professor at the Faculty of Law, University Laval (Quebec), is a well-known author in legal philosophy, legal epistemology and legal methodology. His latest published books include “Horizons of legal philosophy” (1998 and 2004), “Reflections on legal... (Read next)

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