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L’athéisme religieux, une nouvelle religion. Examinons le livre « Religion sans Dieu » de Ronald Dworkin

(French version only)
By
Professor, Law Faculty, Université Laval, Québec, Member of Tolerance.ca®

Analysons et critiquons le livre clef du philosophe américain Ronald Myles Dworkin (1931-2013), « Religion sans Dieu » (1), et le programme de fondation de « l’athéisme religieux » en tant que nouvelle religion.

Ronald Dworkin, comme fondateur d’une nouvelle religion, une nouvelle religion bâtie sur des valeurs morales et éthiques surnaturelles, avait à première vue de quoi surprendre. Il s’était avant tout fait connaître en tant qu’un des idéologues clefs au service du Parti démocrate aux États-Unis, de même qu’un philosophe du droit chic libéral s’opposant fermement à la classique neutralité libérale, et en favorisant, avec beaucoup de verve, un fondationnalisme de valeurs morales absolues. Surprise donc telle que la nouvelle religion de « l’athéisme religieux » de Dworkin prêche que nous sommes, par nature, soumis à un mysticisme inné (qui réside dans l’humain et dans la nature), et surtout soumis aux valeurs morales (éthiques) existant métaphysiquement au-dessus de nos têtes, pareilles à un quasi-droit naturel objectif et absolu. (2) Quand donc Ronald Dworkin se manifestait en tant que fondateur religieux – quoique guère original – il y a de quoi s’étonner et s’interroger avec un esprit ouvert et critique. Ce sera l’objectif de l’analyse qui suit.

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Avant d’arriver là, soulignons que le livre « Religion sans Dieu », c’est la version modifiée des Einstein Lectures que Ronald Dworkin a prononcées à l’Université de Berne (Suisse) en décembre 2011. Les Conférences-Einstein, comprenaient trois conférences intitulées « Einsteins Worship », « Faith and Physics » et « Religion without God » (3). En recevant le prestigieux Prix Balzan en automne 2012, en reconnaissance de ses contributions majeures en philosophie du droit et au constitutionnalisme, il a consacré l’argent de ce prix à approfondir ses réflexions sur l’athéisme religieux. Il avait commencé à esquisser les grandes lignes de cette recherche et à sélectionner de futurs collaborateurs. Tombé malade l’été 2012, son projet n’a pas pu voir le jour, et il ne restait que le manuscrit de ses Conférences-Einstein que Dworkin a lui-même corrigé hâtivement avant sa mort, en février 2013, en vue de sa publication.

Athéisme religieux ?

Analysons maintenant le premier chapitre du livre de Ronald Dworkin intitulé « Athéisme religieux ? ». Ce chapitre tente de fonder ontologiquement l’athéisme religieux en tant que religion à part entière.

On observe d’abord que Ronald Dworkin cherche à faire accepter que son « athéisme religieux » se classe comme aussi religieux que n’importe quelle autre religion existante. Il exhorte de ce fait que la notion de « l’Athéisme religieux » ne doit pas être considérée comme étant un oxymore (figure de style), étant donné que les systèmes législatifs des pays modernes confirment que l’individu se réclamant athée jouit des mêmes prérogatives et privilèges (« droits ») que l’individu se déclarant croyant ou engagé dans une religion reconnue ou avérée. La stratégie discursive et fondationaliste permet à Dworkin d’affirmer qu’effectivement, ledit athéisme religieux possède une spiritualité, une transcendance, une croyance, une conception du monde (weltanschauung), une cosmologie, une vue métaphysique du monde, ainsi qu’une conception globale de la vie et de la condition humaine qui lui sont propres, et qu’il est donc capable d’illustrer.

Illustrer ! Ronald Dworkin saute en effet par-dessus toute considération logique (car la tolérance au niveau des croyances ne fonde logiquement rien du tout) pour s’appuyer sur quelques grands noms qu’illustre que l’athéisme religieux est vraiment (sic!) une authentique religion.  Il fait appel à trois noms célèbres, Albert Einstein, William James, Percy Bysshe Shelley, qui n’ont pas cru en Dieu ou en une divinité (ou équivalent), mais qui ont toutefois cru en quelque chose de merveilleux, transcendant, relié à la Terre, au Cosmos, à l’Infini, à la Nature, à la Beauté. Dworkin se sert de ces trois noms pour faire admettre l’assertion, propre à lui, de l’existence d’un « absolu » de beauté et d’émerveillement indépendant de l’Humain, de ses sens et de ses facultés.

Albert Einstein transformé en spiritualiste

Ronald Dworkin s’engage d’abord avec le nom d’Albert Einstein (1879-1955), le lauréat du prix Nobel de physique en 1922 et connu pour sa théorie de la relativité gravitationnelle. Einstein, originaire d’une famille généalogiquement juive (comme Ronald Dworkin lui-même), se déclarait agnostique et adhérait à ce que l’on appelle « le Dieu de Spinoza » (4). « Le Dieu de Spinoza » (5) n’est pas un Dieu au sens monothéiste quelconque tant que Spinoza se rapportait à une conception où un Créateur (imaginaire) s’identifie à sa Création (réelle), en mots plus profanes une conception où il échafaude la thèse que la Création constitue ce qu’il y a de « Dieu » dans le monde et que ceci se contemple dans l’Infinité, le Cosmos, la Terre, la Nature, la Beauté, etc. Il en résulte que la notion de Dieu n’a aucun sens en soi (tant qu’elle s’identifie avec la Création réelle) et que tout se résume à notre façon de vivre dans la Création (réelle) existante et faisant face à la splendeur cosmique. Et c’est cette dernière chose qui intéresse Ronald Dworkin dans son approche d’Einstein, il s’intéresse à la beauté du monde, de la nature, du cosmos, comme l’émerveillement qui nous prend dans ses bras pareils a une communion mystique. Dworkin cherche le religieux dans l’ontologie, dans l’être, dans ce qui ne dépend de rien, dans ce qui porte en soi-même sa propre raison d'être. En conséquence, Dworkin exploite l’affirmation suivante d’Einstein :

            « De savoir que ce qui nous est impénétrable existe réellement et se manifeste comme la plus haute sagesse et la beauté la plus rayonnante que nos mornes facultés ne peuvent saisir que de manière la plus primitive – un tel savoir, un tel sentiment sont au cœur de la véritable religiosité. En ce sens, quoiqu’en ce sens seulement, j’appartiens au nombre des hommes profondément religieux. » (6)

C’est à la fois ambigu et poétique, mais on observe qu’Einstein célèbre esthétiquement l’émerveillement, l’éblouissement et l’enchantement que nous ressentons face à la beauté de la Terre, du Cosmos, de la Nature et de la Création. Il embrasse cette beauté terrestre, cosmique, naturelle, etc., et il s’exalte devant l’expérience et l’émerveillement que cela crée en nous en tant qu’êtres humains. Einstein, quant à ce dernier point, affirme explicitement que cette beauté dépend de l’humain, de nos mornes facultés infrahumaines qu’il caractérise comme étant primitives. C’est ici que Dworkin intervient, niant subtilement, par une interprétation ontologique pour faire prévaloir, à introduire, le contraire, à savoir que la beauté du monde possède un sens ontologique en soi, un sens surnaturel, une communion mystique. Aux yeux de Dworkin :

« La phrase que j’ai citée est, en un sens important, une manière de souscrire au surnaturel. La beauté et le sublime, dont il [Einstein] disait que nous ne pouvons en saisir qu’un faible reflet, ne font pas partie de la nature; ils sont quelque chose qui se situe au-delà de la nature, quelque chose qui ne peut pas être saisi, même après que l’on ait compris les lois physiques les plus fondamentales. La croyance d’Einstein était qu’il existe une valeur transcendante et objective qui imprègne l’univers, une valeur qui n’est ni un phénomène naturel ni une réaction subjective à des phénomènes naturels. Voilà ce qui le poussa à insister sur sa propre religiosité. » (7)

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Impossible de croire qu’Einstein croyait à une communion mystique avec quelque chose de surnaturel. Mais Dworkin, maintenant équipé de l’interprétation (fausse) d’Einstein, s’en sert ensuite pour affirmer que ce n’est pas notre jugement humain qui compte (pour juger quelque chose comme beau) (8), mais qu’il existe une communion mystique (surnaturel) en œuvre entre la Création (assurément athée, mais surtout ontologique) et l’individu. Il applique en effet une eucharistie, une caractérisation transcendante et surnaturelle au cosmos, à la beauté, à l’infini, etc., en infusant l’idée que tout cela fait partie intégrante de l’essence de la nature. Une caractérisation qui est irrationnelle et antiscientifique, et qui ne correspond en rien à ce que nous savons de l’œuvre d’Einstein.

En fait, c’est avant tout entièrement mystique, étant donné que l’idée d’une communion mystique et surnaturelle, transcendante et imprégnant l’univers, la beauté, etc., n’a pas beaucoup de sens et ne peut que servir, en toute irrationalité, à célébrer une communion ontologique avec l’être, à le vénérer en culte de manière mystique, et à croire, contre la raison, que la beauté de l’univers peut, pour le religieux athée, s’imprégner en lui et le prendre dans ses bras mystiques. Quand Dworkin insiste sur le fait qu’il ne s’agisse ni d’un phénomène naturel ni d’une réaction subjective, il s’égare en conséquence dans un mysticisme où il n’y a pas de sortie logique ou rationnelle.

            William James et l’expérience de l’athéisme religieux

Après avoir introduit la communion mystique (indépendante des sens humains), Dworkin se tourne vers le philosophe-psychologue américain William James (1842-1910). L’objectif maintenant, c’est de faire adosser sa conception d’une communion mystique (cosmique, terrestre, etc.) avec la notion d’expérience religieuse développée par William James dans deux livres célèbres intitulés « La volonté de croire » (9) et « Les formes multiples de l'expérience religieuse » (10). En effet, William James avait défendu l’idée que la notion de « croire » se décline dans une variété infinie de manières de croire et que nous devions comprendre les religions et la religiosité en conséquence. Il construisait cette expérience religieuse sur des hyperboles psychologiques, sur le comportementalisme, et sur l’opinion selon laquelle croire est une façon de se comporter (behaviour). Pour William James, ce qui compte n’est pas la réponse à « qu’est-ce que la religion », mais exclusivement la question de savoir comment les individus vivent ce qu’ils croient et comment nous pouvons observer les conséquences, les résultats, les bilans. Selon William James, l’expérience religieuse donne quelque chose à celui qui croit ; elle donne, par exemple, de la sécurité, du bonheur, du bien-être, etc.

En se rapportant à William James, Dworkin postule en conséquence que les expériences religieuses « (...) mettent en jeu toute notre personnalité. Elles imprègnent l’expérience, suscitent la fierté, les remords et le frisson. Le mystère joue un rôle important pour ce frisson. William James a dit que « comme l’amour, comme le courroux, comme l’espoir, l’ambition, la jalousie, comme tous les enthousiasmes et toutes les impulsions instinctives (la religion) ajoute à la vie un enchantement qui n’est pas rationnellement ou logiquement déductible de quoi que ce soit d’autre. » Cet enchantement est la découverte d’une valeur transcendante dans ce qui, sinon, paraît éphémère et mort. » (11)

Si donc le frisson mystique s’escompte comme profitable, c’est parce qu’il nous prend dans ses bras ! On observe chez Dworkin un glissement interprétatif concernant ce bienfait supposé, qui, en quittant le domaine psychologique (et sociologique) de James, se trouve être la communion avec la « valeur transcendantale » elle-même. Par le glissement de sens qu’effectue Dworkin, la « valeur transcendantale » s’imbrique dans l’expérience religieuse, elle devient dès lors une union de l’individu avec l’être, une communion eucharistique (athée) avec le mystère même de l’être. Par un roque conceptuel, la notion de « Dieu » a simplement été remplacée par « une valeur transcendantale », et nous n’avons donc guère d’autre choix que d’y croire contre toute raison.

                        Percy Bysshe Shelley et le mysticisme romantique

Le troisième nom que mobilise Ronald Dworkin en faveur de sa notion d’athéisme religieux vient du poète britannique Percy Bysshe Shelley (1792-1822); son nom représente en quelque sorte la cerise sur le gâteau. C’est un choix poétiquement sublime, car le romantisme, le côté gothique (et de l’occultisme), le libertinage, que fécondent ses poèmes, nous séduisent tous (ou presque). C’était également l’auteur d’un pamphlet de jeunesse intitulé « La Nécessité de l'athéisme » de 1811 (12). En prenant appui sur sa poésie, Dworkin s’intéresse au poème « Hymne à la beauté de l’Intellect » où il trouve ces mots :

            « L’ombre terrible de quelque puissance invisible

            Flotte, bien qu’invisible, parmi nous. » (13)

Dworkin voit dans ces mots une apologie pour l’athéisme religieux, il y perçoit une expérience religieuse qui voit (poétiquement) cette ombre terrible et invisible comme enveloppant l’individu dans une aura mystique, la mystique de l’athéisme religieux. Problème ? Oui, car les paroles de Shelley n’expriment en soi aucun athéisme, mais plutôt un attachement à « une force obscure », un pouvoir invisible, un mysticisme où règne l'Esprit d’une Beauté intégralement démoniaque, chthonienne. Shelley introduit Dworkin dans l’empire de Hadès (l’enfer); c’est un romantisme qui s’aliène du monde pour renoncer à son humanité. Cela donne certainement une expérience religieuse, concédant donc l’argument à Dworkin, mais cela soulève également une interrogation sur la valeur d’une expérience mystique dans l’Enfer.

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            Le credo irrationnel de l’athéisme religieux

Les trois noms cités par Ronald Dworkin – auxquels s’ajoute le nom de l’athéistocrate Richard Dawkins (14) - se résument dans la prononciation d’un nouveau credo, une déclaration fondationaliste en faveur de l’athéisme religieux, une religion maintenant fondée sur l’idée de la soumission de l’individu à une nature extérieure mystérieuse (insondable) et à une nature innée (de l’individu) remplie d’obligations surnaturelles :

            « Les athées religieux (…) acceptent l’importance objective de la manière dont se déroule une existence comme aussi le fait que chacun ait une responsabilité innée, éthiquement inaliénable, d’essayer de vivre aussi que le permettent les circonstances. Ils acceptent l’idée que la nature ne soit pas simplement un amas de particules jetées ensembles au cours d’une très longue histoire, mais quelque chose d’intrinsèquement très beau, qui suscite l’admiration. » (15)

Credo ! Un credo entièrement mystique, illogique et antiscientifique ! Il croit aux mystères de l’être ! Et il ne pense pas, il ne réfléchit plus ! Et il convient de noter comment ce credo se sert des mots comme inné, inaliénable et intrinsèque, des mots objectivants qui enchaînent (et soumettent) l’individu aux forces étrangères à lui-même.  Ainsi se construit une religion et Ronald Dworkin est son prophète.

L’univers et la divination de l’immanence

Si donc le premier chapitre du livre « Religion sans Dieu » introduit le credo, le deuxième chapitre intitulé « L’univers », ajoute de la chair à ce credo. Dworkin se sert maintenant du panthéisme spinoziste; il s’intéresse à la divination de l’immanence (l’idée spinoziste de la fusion d'identité de Dieu et de la Nature) en vue d’illustrer l’idée d’une transcendance qui se sublimera, qui se renversera, dans la nature, comme une infinité d’expériences religieuses surnaturelles, mystiques, spirituelles, relevant d’une disposition mystique (supposée) innée chez l‘Humain.

            L’idée du Grand Cayon et la grande communion

La pierre angulaire pour aborder le paradigme panthéiste, Ronald Dworkin la trouve dans la beauté du monde. C’est l’introduction de l’idée du Grand Canyon (Arizona, États-Unis).

            « Nous trouvons beaucoup de beauté dans le monde naturel : les incroyables canyons, les superbes couchers de soleil, les jaguars en train de chasser, et la petite rose blanche qui, dit le poète, vous brise le cœur. (...) Pour l’attitude religieuse, ils sont la découverte d’une beauté innée : c’est en eux-mêmes que ces phénomènes sont merveilleux, et non par la manière dont ils nous frappent. (...) La beauté que nous trouvons dans la nature est spéciale et énigmatique. Vous est fasciné lorsque vous voyez pour la première fois le Grand Canyon. Vous le trouverez saisissant. » (16)

Oui, tout le monde trouve le Grand Cayon magnifique ! Mais de là à attribuer un sens religieux, il y a un saut illogique à faire. Toutefois, Dworkin fait le saut : il saute vers une affirmation où il défend que nous entrions en communion spirituelle (et mystique) avec la nature, que nous nous noyions, nous immergions, nous plongions dans sa splendeur, que nous touchions spirituellement la nature dans son authenticité non altérée par l’humanité, que la création (sans Créateur) nous embrasse et nous prenne dans ses bras d’une façon mystique, comme un mystique de l’être. Se constitue, ontologiquement et esthétiquement, une communion mystique où Dworkin assure que :

« La nature peut être particulièrement belle dans le détail, parce que la nature est belle dans son ensemble. Le Grand Canyon est un accident extraordinaire : il fait partie de ce que nous tenons pour l’histoire grandiose, et même noble, d’une création et d’une évolution dont nous personnifions l’auteur comme étant la Nature. » (17)

D’une manière anthropomorphique, Dworkin affirme ici que la Nature est une quasi-personne à l’intérieur de sa propre création, qu’elle est une force créatrice qui se sublimera en panthéisme (spinoziste) et qui, ainsi, confirme l’idée que la création (Nature physique) demeure immanente à sa nature mystique. Par la stratégie d’un tel anthropomorphisme, Ronald Dworkin prétend que la beauté de la nature (physique), du Grand Canyon, possède (de façon non scientifique) l’attribut d’être beau, d’être mystique, d’être surnaturel, en tant que telle, en tant qu’immanence en soi et ainsi indépendante de l’humain. Une immanence de l’être susceptible d’entrer en communion mystique avec les humains.

Que la nature et le cosmos soient beaux, faciles de le concéder ! Devant des photos des nébuleuses stellaires, de trous noirs qui absorbent la lumière, de nouvelles étoiles en train de naître, de galaxies, de pulsars, de quasars et d’autres émerveillements extragalactiques, qui pourra, la main sur le cœur, le nier ? (18) Pour Dworkin, il y a pourtant plus : il y a une valeur intrinsèque (et mystique) à l’intérieur du beau ! Le mystique n’a donc pas besoin des humains, ce sont les humains qui ont besoin de mystère, et l’athéisme religieux le leur donne !

            Ce que les théistes croient faussement, l’athéiste religieux le croit religieusement

À Dworkin, donc, de donner des mystères aux humains ! Il se sert ensuite d’une association entre panthéisme et théisme (19) (deux courants hétérodoxes qui ont été néfastes pour le christianisme et le judaïsme) pour le faire. Dans sa stratégie discursive, il a maintenant besoin du concept de Dieu, autant celui de Spinoza que celui du monothéisme, pour extraire, illogiquement, une substance servant son credo. Comme il l’affirme :

             « Les théistes assimilent l’auteur de cette beauté à un dieu : ils croient qu’un dieu a délibérément créé le Grand Canyon (…). Les théistes savent pourquoi l’univers est sublime : il a été créé dans ce but. Demandons-nous à présent quelle raison un athée religieux pourrait avoir de partager cette conviction. » (20)

Contemplons le raisonnement ! Car, sur le niveau logique et rationnel, c’est l’irrationalité même.  Pourquoi ? Parce que Dworkin infuse l’idée que les « théistes », ici à comprendre comme étant les chrétiens et les juifs, savent pourquoi la création est sublime et pourquoi elle a été créée, et il suppose donc, faussement, que les nouveaux acolytes de l’athéisme religieux peuvent partager cette croyance sans pour autant se référer au concept de Dieu.

Notons d’abord qu’il n’y a pas un vrai chrétien ou un vrai juif sur la terre qui est prêt à confirmer de telles choses. Ce serait pour eux un pur blasphème d’affirmer qu’ils connaissent « le pourquoi de Dieu ». Quand donc Dworkin arrive avec son interprétation privée (et fausse) concernant « le pourquoi de Dieu » (que nous pouvons soupçonner qu’il ne connaît pas non plus), et qu’il affirme qu’un vrai acolyte de « l’athéisme religieux » doit être capable de dire qu’il (et l’athéisme religieux) sait « le pourquoi », nous pouvons uniquement conclure qu’il délire. C’est de la nescience, de l’antiscience (car la science ne peut jamais donner de réponses à de telles questions), c’est surtout de la fraude religieuse de prétendre qu’on sait pourquoi la nature, le cosmos, ont été créés, pourquoi la création a été créée !

            L’athéisme religieux contre la science

Mais pourquoi Dworkin introduit-il de telles faussetés ? La réponse semble être qu’il cherche à émasculer la science, qu’il souhaite que la science se soumette, frauduleusement, à l’athéisme religieux ? Il souhaite avoir à sa disposition un « mystère » (et du mysticisme) hors de toute scientificité, ne servant qu’à éblouir les yeux des nouveaux acolytes de l’athéisme religieux. Ce que confirme l’affirmation suivante :

« La science doit fournir à un athée religieux au moins un aperçu d’un univers apte à la beauté. (…) La réponse à cette question demeure, à mon avis, obscure. (…) Il reste à la physique à relever un univers dont nous puissions vraiment saisir la beauté. Ainsi, la conviction religieuse surpasse-t-elle la science qu’elle présuppose. De cette manière, les deux branches de la religion – la branche théiste et la branche athée – convergent : toutes deux reposent, bien que de façon différente, sur la foi. » (21) 

Non ! Aucune conviction religieuse n’est capable, rationnellement, de contredire la science. De même, aucune science n’est capable d’affirmer ou de contredire une conviction religieuse. Quand donc Dworkin, de façon imprudente et antiscientifique, affirme ici que la conviction religieuse surpasse la science, il se trompe lamentablement. Il est en train de s’égarer, de se mystifier lui-même (et tout le monde), de se perdre dans un labyrinthe de pensées qu’il ne maîtrise pas. Son athéisme religieux n’est-il donc qu’une aberration mystique, une fraude religieuse ?

En effet, Dworkin n’est-il pas tout simplement en train de s’égarer, de se perdre, dans la religion naturelle issue de l’époque des Lumière (1685 – 1815) ?  Le paradigme d’une religion naturelle, à cette époque, rejetait toute religion monothéiste (le judaïsme et le christianisme), mais promouvait surtout une théologie philosophique, une théologie idéologique, une foi arrangée par la philosophie et au service de la philosophie. C’étaient Diderot, Voltaire, Jean-Jacques Rousseau, etc., et une avalanche de romantisme et d’émotivisme philosophique qui renversait les préceptes théologiques monothéistes sens dessus dessous. C’était l’affirmation philosophique (de non-sens) que tout est en Dieu, que le Dieu est tout, et que le tout parle religieusement par ses qualités métaphysiques (faisant écho du Dieu de Spinoza auparavant mentionné). Cela nous a donné des écrits philosophiques formidables et enivrants. Le problème, dans cette littérature comme chez Dworkin, est que la différence, l’abîme infranchissable qui sépare science et foi, s’efface et donne naissance à la foi des philosophes. Une foi des philosophes qui ne croient que ce que la philosophie permet de croire, ce qui se confirme par la suite dans l’athéisme religieux de Dworkin. Si nous avons raison, l’anti-scientisme de l’athéisme religieux doit donc être compris comme une forme abâtardie de religion naturelle chez Dworkin, concrétisée en foi mystique.

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            L’athéisme religieux et fondationalisme aveuglant

Mais attention ! Si l’idéologie athéiste a, depuis deux, trois, voire mille ans, vigoureusement critiqué les religions monothéistes pour leur manque de respect envers la science, la nouvelle religion de l’athéisme religieux de Dworkin soumet la science à la foi et impose qu’elle serve la foi athéiste. L’athéisme religieux n’est-il donc rien d’autre qu’un style de vie, une manière mondaine de parler, une façon de vivre en chic radical ?  

En fait, l’athéisme religieux de Ronald Dworkin se révèle en phase avec le narcissisme chic et radical de notre temps, avec une idéologie qui se satisfait de contempler le monde, de le trouver beau (et à l’occasion hideux, injuste, etc.). En contemplant le mystère de la beauté, il n’y a surtout pas de devoir religieux, ce qui permet à l’athéisme religieux de séduire l’individu post-moderne, l’individu chic et radical, car parler de toutes les merveilles du monde qu’il ou qu’elle a visitées, se remémorer tous les trekkings expérimentés aux cinq coins du monde, peut désormais être exposé comme des expériences religieuses de l’athéisme. Cela donnera certainement un avantage mondain très appréciable.

La croyance à une moralité, une éthique, suprahumaine

L’ultime pierre angulaire et religieuse de Ronald Dworkin, c’est pourtant la thèse de l’existence d’une morale, d’une éthique surnaturelle et située dans le ciel de l’athéisme religieux. Dworkin prend prétexte de la croyance populaire d’un « jugement dernier » pour suggérer, à tort, que cela prouve que l’athéisme religieux peut aussi croire à l’existence d’un jugement dernier athéiste religieux, et que celui-ci révélerait l’objectivité surnaturelle d’une morale et d’une éthique objectives existantes. Comme Dworkin l’affirme :

« Toute tradition qui propose une après-vie rend sa proposition conditionnelle à un jugement moral et éthique. Les gens ne montent aux cieux que s’ils ont vécu de manière morale. (…) Il nous faut inverser l’ordre des inférences qui a si longtemps semblé naturel. (…). Si nous considérons le fait de bien vivre comme une fin en soi, la fonction initiale et principale de ce dieu n’est pas de récompenser ou de punir, mais d’instruire, de guider et de juger. (…) Mais ce qui est indispensable n’est pas tant ce jugement sur l’expertise morale et éthique que le jugement, nécessairement préalable, qu’il existe une vérité éthique et morale objective à propos de laquelle on puisse sensément croire que quelqu’un est expert. Et ce jugement préalable ne dépend pas de quelque hypothèse théiste que ce soit. Il est accessible à l’athée aussi bien qu’au théiste (à la condition que cet athée soit un athée religieux). » (22)

Il ne s’agit que de sophismes ! Dworkin prétend, en effet, par cette démonstration sophistique, avoir prouvé (sic !) que toute la morale et l’éthique humaines dépendent en dernier ressort d’une moralité et d’une éthique qui existent de façon surnaturelle et objective. Il confirme (ce que la religion monothéiste refuse d’affirmer ou de défendre) qu’il « existe une vérité éthique et morale objective » au-dessus de l'Humain, et qu’une classe d’expert, identifions-la aux juges de la Cour suprême des États-Unis (23), est capable d’en déchiffrer le sens (s’ils sont animés par une telle croyance).

Problème ? Oui, Dworkin détourne l’image du « jugement dernier », qui d’une métaphore (sans substance) présente dans les deux religions monothéistes, change subitement de caractère pour prendre chair de façon ontologique en tant que savoir moral, une éthique absolue qui existe en soi. Dworkin noie littéralement le lecteur en suggérant, de façon imaginaire, que si le « jugement dernier » existe « chez Dieu » (sic !), ce que tout religionnaire monothéiste refusera catégoriquement, cela peut également être récupéré par un athée religieux qui pourrait croire la même chose : croire qu’il dispose (par l’interprétation) d’un accès privilégié à des critères et principes moraux et éthiques absolus dans un « jugement dernier » sans « Dieu ». Il ne s’agit donc que de croire ! Contre la raison ! Contre la science !

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Existe-t-il vraiment des critères et des principes moraux absolus ? Rien ne nous permet de le croire ! Dworkin le défend pour autant, car il transpose les éléments iusrationalistes qui caractérisent son enseignement en philosophie du droit pour les intégrer à l’intérieur de son athéisme religieux. Il ajoute même la thèse, très surprenante, qu’il n’existe qu’une manière juste de vivre !

            Il n’existe qu’une manière juste de vivre

En fait, Dworkin fait un pas supplémentaire sur la voie mystique lorsqu’il ajoute la thèse qu’il n’existe qu’une manière juste de vivre. Uniquement une ! Car s’il n’existe qu’une vérité éthique et morale objective, c’est uniquement la connaissance (et l’obéissance) à cette vérité éthique et morale objective qui nous permet de vivre de façon juste. Il l’affirme par ces mots :

« Ce qui importe le plus à la recherche du bien-vivre est la conviction qu’il existe, de manière indépendante et objective, une manière juste de vivre. C’est là le cœur de ce que j’ai décrit (…) comme attitude religieuse devant la vie. » (24)

Une seule façon objective de vivre ! « One-size-fits-all! » (Une taille unique doit s’appliquer à tous). Il ne demeure pas moins, que l’injonction de vivre d’une « manière indépendante et objective », de se soumettre à « une manière juste de vivre », relève au mieux de la fabulation, au pire introduit un totalitarisme face à la volonté si humaine de vivre la vie à sa façon. Nous sommes en fait tous, en tant qu’êtres humains, différents les uns des autres, et cela se constate aisément dans la manière dont nous aménageons notre vie. Jamais les deux monothéistes n’ont pu s’engager sur une telle voie ; ils ont, avec fermeté, prôné le contraire, à savoir qu’il existe une infinité de manières de vivre et que nous devons, en autonomie et en rationalité, prendre garde à notre façon de vivre.

Se soumettre tous à « une manière juste de vivre » donnera inévitablement un atout magnifique aux athées religieux ! Fini le doute, finis l’incertitude. Là où le judaïsme et le christianisme ont, pendant des millénaires, accepté de vivre dans le doute, l’incertitude et les crises de foi à répétition, l’athée religieux dispose maintenant quant à lui de la formule unique pour vivre et pour croire. À condition, pourtant, de ne jamais utiliser la tête !

            L’athéisme religieux comme sous-produit idéologique

Or, tout le montage idéologique que nous venons d’analyser ne serait-il qu’un sous-produit mystique des thèses controversées de Ronald Dworkin quant au droit, quant à la philosophie du droit ? Nous estimons que c’est effectivement le cas, car c’est la même forme de philosophie qui alimente son mysticisme athée religieux et sa philosophie du droit. L’un comme l’autre philosophie fait appel à un ordre surnaturel et suppose un ordre absolu de morale et d’éthique préexistantes.

En fait, si nous consultons de façon critique et rationnelle les livres dits de philosophie du droit de Ronald Dworkin, à savoir : Prendre les droits au sérieux (1977), Une question de principe (1985), L'Empire du droit (1986), La Vertu souveraine (2000), Justice pour les hérissons - La vérité des valeurs (2011) (25), pour ne mentionner qu’eux, ils reposent tous sur le paradigme d’une objectivité morale et éthique, en principe non touché par les mains (sales) des humains. Le paradigme de base est que nous, les humains, ne sommes que des intermédiaires qui consultent et obéissent à une soi-disant objectivité morale et éthique déjà existante, indépendante du monde réel.

Cela se constate aisément en analysant le livre Justice pour les hérissons - La vérité des valeurs (2011) où Dworkin affirme, avec beaucoup de fausse naïveté, la même croyance que dans son livre Religion sans Dieu. Il affirme que dans les affaires juridiques et constitutionnelles, il n’existe que d’une « seule solution juste » et que cette solution unique s’impose en tant qu’application d’une vérité objective, éthique et morale, existant en soi. Dworkin défend que ce soit le cas parce que les juges de la Cour suprême des États-Unis doivent (sic) s’y référer – prenant exemple sur des années où la majorité des juges obéissait au Parti démocrate – et qu’ils prouvent (sic !) de ce fait par leurs décisions une obéissance à une vérité objective d’éthique et de morale existantes. La fameuse (et si vide) théorie de la « seule solution juste » élaborée par Ronald Dworkin vise à fournir un appui philosophique à la jurisprudence prétorienne, mais surtout à attribuer le statut de demi-dieux, d’herculéens, aux juges qui savent communiquer - Dieu sait comment ! - avec la «seule solution juste ».

En fait, s’observe que tout le livre Justice pour les hérissons - La vérité des valeurs (2011) se résume à attester, à prêcher et affirmer qu’il existe une éthique et morale objective surnaturelles. La même thèse que nous avons trouvé dans le livre Religion sans Dieu, la thèse, le message (la croyance), qui insiste sur le fait que nous devons nous soumettre à une éthique et une morale qui existent (supposément) objectivement, qui existent (supposément) au-dessus de nous en tant que telles. En attestant sa croyance aux valeurs surnaturelles, Ronald Dworkin n’a de toute évidence jamais contemplé l’affirmation de Confucius selon laquelle « Les bien-pensants sont des voleurs de la vertu » (26). S’il l’avait contemplé, il avait découvert que, soumis au règne élitaire de l’athéisme religieux, les humains ne se réduisent qu’à être une minorité sans importance (27).

Un piètre fondateur de religion

Confirmant maintenant, sans surprise, que nous estimons que Ronald Dworkin est un piètre fondateur de religion, que sa religion athée religieuse est fabriquée pour des illettrés religieux, pour des nuls en religion, pour des athéistes désespérés, et singulièrement pour le plaisir et pour booster (accroître) l’orgueil des chics radicaux, des chics progressistes en quête d’une religion pouvant pimenter des conversations mondaines. Le zeitgeist de notre temps carbure en fait sur l’ignorance religieuse et plus une personne se déclare nulle en religion, plus elle aura la chance de récolter aussi bien de la popularité que de l’ascension sociale. Le problème pourtant, c’est que pour être calife à la place du calife, il faut quand même être à la hauteur, et l’athéisme religieux se désigne clairement être un flop hors le floque des chics radicaux.

Jugeons, en fin de compte, que l’athéisme religieux n’est qu’un mysticisme de trop, un mysticisme de salon, une esthétique de bon aloi. Rien ne peut être résolu en faisant la communion mystique avec la nature, avec le cosmos, ou encore avec une éthique et une morale absolue, une nouvelle religion. Dans son ardeur, dans sa foi aveugle en faveur d’une éthique et d’une morale absolue et non touchable par les humains, Ronald Dworkin fait mal à la réalité sociale, il fait mal au rôle et au sens que l’éthique et la morale peuvent avoir en pratique ? Une éthique et une morale qui n’existent que comme un miroir de contemplation, de soumission et de communion mystique, n’ont-elles pas perdu leur raison d’être ? N’ont-elles pas perdu l’individu, l’individu comme un être libre, libre à l’égard de tout absolutisme, est-il éthique ou moral ? N’a-t-elle pas perdu le fait que ce sont les humains qui doivent, individuellement, et de façon cosociétaire, développer ce qui doit compter pour eux en tant qu’éthique et moral ? L’athéisme religieux se désigne comme une fausse piste dans un monde qui a besoin de réalisme, de logique et de rationalité.

 

NOTES

1. Ronald Myles Dworkin, Religion sans Dieu, Genève, Libor et Fides, 2014. Traduction française de: Religion Without God. Cambridge, Massachusetts: Harvard University Press, 2013.

2. Voir, Bjarne Melkevik, « La politique de la vertu, selon Ronald M. Dworkin ». Chronique sur le site : Tolerance.ca – 20 avril 2023.  https://www.tolerance.ca/Article.aspx?ID=530723&L=fr

3. Notons que les trois conférences de R, Dworkin ont été enregistrées en vidéo et que les enregistrements sont disponibles sur la Toile.

4. Albert Einstein, « Je crois au Dieu de Spinoza, qui se révèle dans l'harmonie de tout ce qui existe, mais non en un Dieu qui se préoccuperait du destin et des actes des êtres humains». », lettre manuscrite de 3 janvier 1954 à l'adresse du philosophe allemand Eric Gutkind (écrit après avoir lu son livre « Choose Life : The Biblical Call to Revolt », New York, Henry Schuman, 1952). Sur l’ agnosticisme d’Einstein, voir son livre : Comment je vois le monde (1953), Paris, Le Monde-Flammarion, coll. Les livres qui ont changé le monde no 2, 2009, p 21, p 28 – 34.

5. Sur le Dieu de Spinoza, voir Alexandre Matheron, Le Christ et le salut des Ignorants chez Spinoza, Paris, Éditions Aubier-Montaigne, 1971, et idem,  Études sur Spinoza et les philosophies à l'âge classique, Lyon, ENS Éditions, 2011. Pierre-François Moreau, Spinoza. État et religion, Lyon, ENS Editions, 2005, et idem, Spinoza : l'expérience et l'éternité, Paris, PUF, « Épimethée », 1994, rééd. 2009. Henri Laux, Imagination et religion chez Spinoza. La potentia dans l’histoire, Paris, Vrin, 1993, et, idem, Spinoza et le christianisme, Paris, Presses universitaires de France, 2022.

6, Albert Einstein, cité par Ronald Dworkin, Religion sans Dieu, op. cit., p 12 et 13. La source est Clifton Fadman (dir.), Living Philosophies : The Reflections of Some Eminent Men and Women of Our Time, New York, Doubleday, 1990, p 6.

7. Ronald M. Dworkin, Religion sans Dieu, op. cit., p 15.

8. A contrario, Emmanuel Kant, Critique de la raison pure (1781), Paris, Flammarion, coll GF n° 1304, 2024; idem, Critique de la faculté de juger (1790), Paris, Flammarion, coll GF n° 1088, 1995.          

9. William James, La volonté de croire (1896), Paris, Les Empêcher de penser en rond, 2005.

10. William James, Les formes multiples de l'expérience religieuse (trad. partielle) (1902), Paris, Exergue, 2001. Cf. Charles Taylor, Varieties of Religion Today. William James Revisited, Cambridge (Mass.), Harvard University Press, 2003.

11. Ronald Dworkin, Religion sans Dieu, op. cit., p 19. La citation intercalée vient de William James, The Varieties of Religious Experience, New York, The Modern Library, 1902, p 47.

12. Percy Bysshe Shelley, La Nécessité de l'athéisme (1811) (assisté par Thomas Jefferson Hogg). La deuxième version 1813 de ce texte (replaçant le mot athéisme avec déisme) a été traduite en français : Réfutation du déisme, Paris, Stock, 1903.

13, Ronald M. Dworkin, Religion sans Dieu, op. cit., p 13. Cf. Percy Bysshe Shelley, Hymne à la beauté de l’Intellect et autres poèmes, Paris, Éditions Ressouvenances, 1997.

14. Richard Dawkins, Pour en finir avec Dieu (2006), Paris, Robert Laffont, 2008.

15. Ronald M. Dworkin, Religion sans Dieu, op. cit., 28.

 16.Ronald Dworkin, Religion sans Dieu, op. cit., p 43.

17. Ronald Dworkin, Religion sans Dieu, op. cit., p 44.

18. Voir, Jean-René Roy, La Terre dans l'espace. La démesure de l'univers de la préhistoire à aujourd'hui, Québec, Presses de l’Université Laval, 2021.   

19. Dworkin n’explique jamais comment il utilise ces deux concepts. Voir donc, Jacqueline Lalouette, « Déisme et théisme », dans Régine Azria et Danièle Hervieu-Léger (dir.), Dictionnaire des faits religieux, Paris, Presses universitaires de France, coll. Quadrige, 2010, p 231-234; Jacqueline Lagrée, « Déisme/théisme », dans Jean-Yves Lacoste (dir.), Dictionnaire critique de théologie, Paris, Presses universitaires de France, coll. Quadrige, 2007, p 370-371; Paul Poupard, « Déisme », dans Paul Poupard (dir.), Dictionnaire des religions, Paris, Presses universitaires de France, coll. Quadrige/Dicos-poche, tome 1 A-K, 2007, p 447.

20. Ronald Dworkin, Religion sans Dieu, op. cit., p 45.

21. Ronald Dworkin, Religion sans Dieu, op. cit., p ??

22. Ronald Dworkin, Religion sans Dieu, op. cit., p 117, 118 et 119.

23. Compare avec l’affirmation de John Rawls que « La raison publique est la raison de la Cour suprême » (des États-Unis); John Rawls, Libéralisme politique, Paris, Presses universitaires de France, 1995, page 280. Dans notre livre, Rawls ou Habermas. Une question de philosophie du droit, Québec, Presses de l’Université Laval, 2002, nous défendons, a contrario, que la raison publique appartienne à tout le monde sans privilège et sans discrimination telle qu’il s’agit de développer ce qui doit compter comme telle, comme raison publique pouvant être partagée mutuellement et cosociétaires.

24. Ronald Dworkin, La religion sans Dieu, op. cit., p 119. Ronald Dworkin, Religion without God, op. cit., 155: « What matters most fundamentally to the drive to live is the conviction there is, independently and objectively, a right way to live. »

25. Ronald Dworkin, Justice pour les hérissons. La vérité des valeurs (2011), Genève, Labor et Fides, coll. Le champ éthique no 63, 2015. Le titre de l’ouvrage fait allusion à un vers du poète grec élégiaque Archiloque (680 - 645 av. J.-C.) : « le renard sait de nombreuses petites choses, mais le hérisson en sait une grande ».

26. Confucius, Entretiens avec ses disciples, Paris, Flammarion, coll. GF-Flammarion, no 799, 1994, p 87 (XVII.11).

27. Emmanuel Kant, Qu'est-ce que les lumières? (1784 ), § 1 : « Minorité, c'est-à-dire incapacité de se servir de son entendement (pouvoir de penser) sans la direction d'autrui (…) »,

1e février 2025

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By Bjarne Melkevik

Bjarne Melkevik, L.L.D. Paris II, professor at the Faculty of Law, University Laval (Quebec), is a well-known author in legal philosophy, legal epistemology and legal methodology. His latest published books include “Horizons of legal philosophy” (1998 and 2004), “Reflections on legal... (Read next)

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