Certains intervenants sur les réseaux sociaux ont déploré que la date du 24 juillet soit passée inaperçue dans nos médias. C’est une date mémorable si l’on se rappelle le discours de de Gaulle et sa fameuse déclaration le 24 juillet 1967. Je trouve effectivement dommage que nos médias n'aient pas donné la parole à ceux et à celles qui ont vécu cette période.
Pour ma part, ce sont surtout les réactions de haine à l’endroit de de Gaulle provenant à l’époque de certains journalistes anglophones qui m'ont incité à m’intéresser au mouvement indépendantiste du Québec et à m’y engager plus tard (j’étais arrivé au Québec 4 ans plus tôt). Je suivais en 1967 des cours d’été à l’Université Sir George Williams (auj. Concordia) et, à l'automne, je m’inscrivais au cours de littérature québécoise de l’auteur indépendantiste québécois Léandre Bergeron...,(il était prof à Sir George Williams).
M. Léandre Bergeron, historien
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Impossible d’oublier la haine d’un Pat Burns l’animateur du poste anglophone CKGM, qui qualifiait de Gaulle de « senile old man » et insultait les Québécois qui criaient leur joie lorsque de Gaulle fit sa fameuse déclaration.
Je n’ai pas oublié non plus le discours humiliant du maire de Montréal, Jean Drapeau qui fit la leçon à de Gaulle lors du banquet à l’hôtel de ville. On sait que Pearson (le PM du Canada) refusa de recevoir de Gaulle à Ottawa.
J’avais suivi le parcours du Général sur le chemin du Roy (la 138) grâce au poste de radio CJMS qui le diffusait en direct.
Même si j’étais ému de ce qui se passait chez nous, je ne pouvais pas m’empêcher de sourire lorsque le Général utilisait dans ses discours certaines formules anachroniques : il s’adressait aux « Français du Canada » et à la fin de chacun de ses discours, il invitait la foule à entonner la Marseillaise !
On pouvait aisément remarquer, grâce aux images que la télévision diffusait, qu’il était lui-même ému de l’accueil que les Québécois lui réservaient. Et il fit de l’humour en leur avouant du haut du balcon de l’hôtel de ville qu’il allait leur confier un secret qu’il leur demandait de ne répéter à personne : il se sentait comme à la Libération !
Je me suis toujours d’ailleurs demandé s’il n’avait pas un peu hésité avant de lancer son « Vive le Québec libre ! » , car on peut remarquer un certain silence juste avant sa prononciation de cette fameuse phrase.
Pour la petite histoire, il faut aussi rappeler qu’il n’y avait pas de micro sur le balcon où de Gaulle était venu saluer la foule qui l’acclamait, car ce n'était pas prévu qu'il prenne la parole. C'est lorsqu'il demanda à ses hôtes, s'il pouvait dire quelques mots qu'un technicien (de Radio-Canada, je pense), présent sur place, installa les micros. Cette personne, dont j’ignore le nom, mériterait d’être reconnue pour sa présence d’esprit et sa contribution à l’histoire.
28 juillet 2023
Image : https://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/19153_0