De nombreux commentateurs francophones dénoncent avec raison les articles insidieux de certains journalistes de langue anglaise qui nous calomnient en nous traitant de racistes, de fascistes et d’autres qualificatifs peu élogieux. Ainsi, comme je l'ai souligné dans ma précédente chronique, Richard Martineau, dans Le Journal de Montréal, dénonce le collaborateur du Washington Post qui écrit sur son fil Twitter que le gouvernement québécois prône la suprématie culturelle et qu’il a zéro respect pour la diversité.
« Pas une semaine, maintenant, sans qu’on lise ce genre d’attaques vicieuses et mensongères contre le Québec », écrit à juste titre Richard Martineau dans son article « La guerre contre le Québec » (dimanche 27 juin 2021).
Ces réactions propagées dans les médias anglophones sont évidemment déplorables mais, en tant que francophones, ne devons-nous pas trouver des moyens efficaces pour rétablir les faits afin de répondre à ces commentaires fallacieux et carrément blessants ? C'est sur cet aspect que j'aimerais revenir.
Quel rôle jouent nos représentants à l’étranger, comme aux États-Unis par exemple, lorsque des propos erronés sont diffusés sur notre société dans un quotidien américain aussi influent que le Washington Post ?
Les Délégations générales du Québec relèvent du ministère des Relations internationales et de la Francophonie. Elles nous représentent donc dans pas moins de huit grandes villes américaines, y compris la ville de Washington. Nos représentants prennent-ils la parole dans les médias de nos voisins du Sud et publient-ils des rectificatifs dans les journaux (et les réseaux sociaux) lorsqu’on déforme des réalités nous concernant ? Ce type d’action ne serait-il pas approprié pour rétablir les faits ?
Devenu premier ministre du Québec, à la suite de sa victoire à l'élection générale de 1994, M. Jacques Parizeau, qui maîtrisait, comme on le sait, la langue anglaise et avait une excellente connaissance des milieux anglo-américains, avait créé, en prévision du référendum de 1995, une Info Lettre en langue anglaise sur le Québec. Adressée aux leaders d’opinion du Canada anglais et des États-Unis, elle était dirigée par le journaliste et ancien adjoint de Bernard Landry, Edward Bantey; elle permettait de donner l’heure juste sur le Québec. Il serait utile que le public québécois soit aujourd’hui informé – par les journalistes ou nos responsables gouvernementaux - sur les communications qui sont aujourd’hui adressées par nos représentants aux médias de langue anglaise au Canada et aux États-Unis. Ce type de communications, s'il est effectivement assuré, quel est son efficacité ?
S’il est utile que des représentants du gouvernement du Québec réagissent en publiant des rectificatifs dans les médias concernés, il serait également opportun de créer, pour employer une expression populaire, des réseaux « d’influenceurs », constitués de personnalités – francophones, anglophones et même américaines – jouissant d’une crédibilité dans leur secteur qui donneraient un autre point de vie sur la société québécoise.
En tant que Québécois, nous avons beaucoup à apprendre des groupes de pression et de leur façon d’influencer les opinions afin de faire prévaloir d’autres points de vue que ceux qui dominent dans le paysage médiatique.
Nous devrions nous rendre compte en tant que francophones qu'il ne suffit pas d'alerter le public sur les commentaires désobligeants que répandent certains commentateurs anglophones. Il nous fait agir pour corriger ces attitudes nocives. Pour ce faire, il nous faut confronter directement sur le terrain même de l’opinion canadienne-anglaise et américaine ces attitudes qui nous causent du tort.
4 juillet 2021