Brûlera-t-on bientôt les livres interdits sur la place publique ? Que faire avec Mein Kampf ? On vante donc Gallimard qui a décidé de suspendre la commercialisation du journal de Matzneff suite aux accusations de pédophilie dont il fait l’objet et la Bibliothèque nationale du Québec d’emboîter le pas en retirant le même ouvrage de sa collection.
Que faire alors avec certaines oeuvres d’André Gide, (prix Nobel 1946), du roman Lolita de Vladimir Nabokov (adapté au cinéma par Stanley Kubrick), des écrits de Louis Ferdinand Céline, et de tant d’autres qui ne correspondent plus à la nouvelle morale, comme par exemple certains ouvrages québécois des années 1930 et 1940 et même 1950 (pensons entre autres à l'«historien» Rumilly, que publiait la maison Fides), qui contiennent des propos racistes, notamment sur les Juifs ?
Je suis entièrement d’accord, cette fois-ci, avec Me Julius Grey qui pense que la décision de Gallimard est regrettable. « Je ne suis certainement pas en faveur de ce genre d’activités, mais je pense que la suppression des livres est devenue un problème majeur dans notre démocratie, au point de se demander si c’est toujours une démocratie ou si c’est seulement une concurrence entre les groupes de pression » a-t-il déclaré.
Julius Grey rappelle aussi avec raison que Juliette n’avait que 13 ans dans Roméo et Juliette et affirme que des œuvres fictionnelles comme celles du marquis de Sade n'auraient pu être publiées sous une telle rectitude politique.
8 janvier 2020