Avant même que la nouvelle circule, une connaissance m’a appelée pour me faire savoir ce qui suit : Droits et démocratie allait fermer. N’osant pas y croire, j’ai surveillé les actualités et c’est en début d’après-midi que j’ai eu la confirmation que cet organisme où j’ai travaillé il y a quatre ans sera aboli.
Le Centre international des droits de la personne et du développement démocratique (Droits et démocratie), organisme parapublic, existait depuis près de 25 ans et employait près d’une soixantaine de personnes à travers le monde dont la majorité se trouvait au siège social à Montréal. Il avait été créé par le Parlement en 1988 et avait pour mission d’encourager et appuyer les valeurs universelles des droits humains et promouvoir les institutions et pratiques démocratiques partout dans le monde.
L’organisme accomplit un travail important. C’est pourtant dans un très court communiqué que le ministre des Affaires étrangères John Baird a annoncé sa fermeture. Ce dernier affirme dans son communiqué que le travail de promotion des droits de la personne à l’échelle internationale est déjà exécuté par le personnel diplomatique et le personnel administratif. En conséquence, pour « réaliser des économies tout en maximisant notre efficacité », Droits et Démocratie sera fermé et ses activités seront transférées au ministère des Affaires étrangères et du Commerce international à Ottawa.
Fait ironique, le ministre mentionne que « [d]epuis un certain temps, les nombreux problèmes auxquels est confronté le Centre international des droits de la personne et du développement démocratique, aussi connu sous le nom de Droits et Démocratie, ont été exposés sur la place publique. Il est maintenant temps de tourner la page et d’aller de l’avant. ». Pourtant, c’est le gouvernement même qui a été à la source de ces problèmes par des nominations partisanes au conseil d’administration, des congédiements arbitraires et une ingérence dans les activités de l’organisation, qui est pourtant non partisane, tel que le précise sa mission. Les tensions internes avaient même contribué au décès de Rémy Beauregard, ancien président, mort d’une crise cardiaque à la suite d’une réunion houleuse en janvier 2010.
Le ministre clôture son communiqué en remerciant très brièvement les employéEs de l’organisation, qui auraient d’ailleurs su la nouvelle après les médias.
Un projet de loi sera déposé bientôt pour officialiser la fermeture de l’organisation. D’autres détails sur le transfert des activités seront sans doute annoncés à ce moment. Ce projet de loi sera à surveiller de près pour préserver une partie de l’héritage du travail canadien en matière de promotion des droits humains.
Bien sûr, mes pensées vont aux membres du personnel, qui, au mieux, seront relocalisés à Ottawa ou, au pire, se retrouveront sans emploi. Leur situation demeure inconnue pour le moment. J’ai également une pensée spéciale pour les partenaires en Afghanistan et en Haïti qui comptaient sur cet organisme pour l’avancement des droits de la personne dans leur pays.
3 avril 2012