Avouons-le. On a été bien gâté par la télévision de Radio-Canada en cette veille de Nouvel An 2011. Quatre heures et demie de téléphagie (adieu Twitter, Facebook…). D’autant plus que la Société d’État régnait toute seule sur l’univers télévisuel francophone du Canada. Même la sympathique papesse de la chaîne concurrente TVA (et épouse de son propriétaire), Julie Snyder, s’est prêtée au jeu et a honoré de sa présence l’émission Tout le monde en parle en remplaçant pour l’occasion l’animatrice de foule qui habituellement sert le vin aux invités. (Julie Snyder a servi le champagne.)
Quoique cette émission fût sans doute une des meilleures de la saison, on peut se demander pourquoi les responsables jugent utile d’inviter des politiciens qui ont été rejetés par la population aux dernières élections – tel M. Gilles Duceppe – ou qui ont été écartés du leadership de leurs partis – tel M. Stéphane Dion ou M. André Boisclair (lequel, en plus, ne siège plus comme député).
M. Dion, qui n’occupe plus depuis belle lurette le poste de ministre de l’Environnement et dont le parti a même perdu le statut d’Opposition officielle au Parlement fédéral, continue pourtant d’être l’invité vedette de plusieurs émissions de Radio-Canada sur les questions environnementales. Interrogée sur ce choix, la direction de Radio-Canada invoque le fait qu’il a été ministre de l’Environnement. Soit, mais en 2006 ! Qu’en pense la porte-parole en la matière de l’Opposition actuelle au Parlement fédéral, madame Megan Leslie ? Les Québécois ne le sauront pas. L’environnement était pourtant un des sujets de discussion à Tout le monde en parle en cette veille du Nouvel An.
Reconnaissons cependant à M. Dion d’avoir relevé le niveau de discussion de l’émission en posant une excellente question aux invités sur la qualité des services reçus dans nos hôpitaux, plusieurs d’entre eux ayant eu à subir des traitements.
C’est en revanche la ministre du Travail, madame Lise Thériault qui a, à mon avis, volé la vedette à l’émission Tout le monde en parle du 31 décembre 2011. Son caractère combattif, tout au long de ses interventions, reflétait bien sa performance et sa détermination dans sa prise en charge du dossier de l’industrie de la construction.
Quant à notre Bye Bye annuel, avouons que nous avons surtout souri plutôt que ri, malgré certains gags réussis comme celui sur notre unique député de Québec Solidaire, M. Amir Khadir. Et ce, contrairement à Infoman (diffusé une heure plus tôt) qui lui nous a fait bien rire en confrontant notre premier ministre, Jean Charest, à quelques absurdités, comme l’unilinguisme de certains dirigeants anglophones de la Caisse de Dépôt et de Placement du Québec.
C’est à se demander pourquoi nos traditionnels Bye Bye souvent déçoivent ; pourquoi ils manquent tellement de substance et contiennent, comme dans l’émission du 31 décembre 2011, autant de sacres.
Ne faudrait-il pas songer sérieusement à renouveler entièrement les équipes du Bye Bye ? La relève dont on vante tant les mérites dans d’autres domaines – notamment dans la chanson, mais qui n’est pas toujours une réussite sur le plan des textes – semble difficile à réaliser dans un domaine où l’on se coopte par alliance et parenté.
Mais ceci dit, soulignons quand même le fait que lorsque nos émissions d’humour, tel notre annuel Bye Bye, n’abordent pas – Dieu merci ! – les questions ethniques ni les religions des autres, elles ne risquent pas l’anathème, comme ce fut le cas en 2008.
On a même réussi un gag sur la célébration de Noël où il ne fallait surtout pas prononcer le nom de cette fête – une allusion à la controverse récente sur les décorations de Noël qu’il a fallu provisoirement retirer de certains édifices du gouvernement fédéral. Gag qui était dédié aux Québécois qui s’excusent d’être … Québécois ! Enfin de l’audace !
Réussira-t-on un jour à se moquer avec autant de sérénité des «autres» ? C’est à souhaiter.
Bonne année 2012 !
1e janvier 2012