Contrairement à ce qu’écrit Steve E. Fortin, dans son blogue du Journal de Québec (1), l’article du Washington Post de J.J. McCullough, auquel il fait référence, défendait les groupes dits «racisés» du Québec et du Canada, et non les Canadiens. D’ailleurs McCullough, qui écrit ses chroniques de Vancouver, avait été condamné à l’unanimité par les députés de l’Assemblée nationale en 2017, car il qualifiait le Québec de raciste, à la suite de la tuerie survenue à la mosquée de Québec.
Le chroniqueur du Washington Post défend les groupes «racisés», qui exigent la reconnaissance du racisme «systémique» et qui considèrent qu’au niveau canadien, les Canadiens français possèdent des avantages qu’eux ne possèdent pas, du fait de l’obligation de connaître le français pour avancer dans les structures fédérales. Ce faisant, par l’entremise de ce chroniqueur, les groupes «racisés» s’attaquent à la Loi sur les langues officielles et au concept des deux nations, qui avait défini le Canada jusqu’aux années 1960 – 1970.
Cela montre bien comment le multiculturalisme prévaut maintenant sur le bilinguisme.
Les formules de «racisme systémique» et de groupes «racisés» servent aujourd’hui les groupes qu’on appelait, il n’y a pas si longtemps, les minorités visibles, car les accusations de racisme constituent une arme bien plus puissante que le concept du «vivre- ensemble» que promouvait le multiculturalisme.
Il y a exactement vingt ans, ces accusations ont poussé l’Assemblée nationale du Québec à condamner à l’unanimité M. Yves Michaud pour des propos supposément antisémites (2). Une condamnation que j’avais dénoncée. Le Parti Québécois, dirigé alors par M. Lucien Bouchard, détenait en 2000 la majorité au parlement, et M. Bernard Landry, futur premier ministre, qui avait pourtant voté en faveur de la motion, regrettera plus tard publiquement son geste.
Revendiquer la reconnaissance du «racisme systémique» permet de culpabiliser une société tout entière pour des actions commises par un nombre limité et marginal d’individus.
Ce concept, dont se méfie, à juste titre, le premier ministre du Québec, M. François Legault, n’est qu’un tremplin pour faire avancer la cause des groupes minoritaires au détriment des luttes que livre la société majoritaire pour perpétuer sa mémoire en tant que nation francophone en Amérique du Nord. C’est une arme de persuasion massive efficace qui vise directement le Québec et sa mémoire.
Cela se traduira inévitablement par une remise en question de la Loi sur la laïcité et bientôt de la Charte de la langue française.
En fait, il s’agit ni plus ni moins qu’une nouvelle version du multiculturalisme, mise au goût «racisé» du jour. Réussirons-nous, cette fois-ci, à lui résister ?
Notes
1. L’article de Steve E. Fortin, «L’angle militant de la question du racisme systémique», Journal de Québec
https://www.journaldequebec.com/2020/10/07/langle-militant-de-la-question-du-racisme-systemique
2. Pour L’affaire Michaud, voir mon article, «Affaire Michaud, La tolérance et ce qu’elle implique», paru au Devoir, 6 janvier 2001, https://www.victorteboul.com/Article.aspx?ID=22
8 octobre 2020